« Il se fait appeler Ricardo, Alexandre, Daniel ou Richard. Il est argentin, brésilien ou portugais. Il se prétend chirurgien, ingénieur, photographe ou policier, sans qu'aucune femme ne doute de la réalité de ses activités. Car ce menteur de haut vol parvient à mener en parallèle quatre vies conjugales dans plusieurs pays et sous différentes personnalités imaginaires, toutes plus séduisantes les unes que les autres.
Lorsqu'une de ses compagnes m'a contactée et que j'ai découvert l'histoire de celui que je nommerai Ricardo, elle s'est immédiatement imposée. Les hommes que j'ai aimés étaient souvent malhonnêtes et menteurs. Et dans mon travail, je me suis beaucoup intéressée aux baratineurs, bonimenteurs, vendeurs de bobards de tout acabit.
Ricardo, c'était le niveau supérieur. Il est devenu un nouvel objet à l'intérieur d'une quête personnelle sans fin ni vérité, mais dont le chemin me passionne. Quels invraisemblables stratagèmes utilise-t-il ? Pourquoi vivre sur un fil, de légende en légende? Dangereux manipulateur, grand malade, amoureux compulsif ? J'ai décidé d'enquêter, persuadée que si je n'avais pas croisé sa route, si je ne figurais pas sur la liste de ses victimes, c'était une simple coïncidence. Il m'a fascinée, terrifiée, amusée aussi.
Ce livre raconte un imposteur extraordinaire, à travers les témoignages des femmes qui l'ont aimé, un détective privé qui l'a suivi, les policières qui l'ont attrapé. De Paris à Varsovie en passant par les favelas du Brésil, un incroyable voyage à la recherche d'un caméléon de génie. Elles cherchaient l'homme idéal, il composait l'amoureux de leurs rêves. Au risque de tout perdre, et de se trouver pris à son propre piège : le nôtre, celui du livre et de la fiction ». Sonia Kronlund.
Quand la littérature célèbre l'amour... ou en dénonce les ravages
C’est une vraie enquête internationale que nous propose Sonia Kronlund (productrice de « Les Pieds sur terre » sur France Culture, une de mes émissions préférées), dans ce livre « L’homme aux mille visages ».
Qui est cet homme : Ricardo, Alexandre, Daniel ?
Quel métier exerce cet homme : chirurgien, ingénieur, policier ?
De la France à la Pologne en passant par le Brésil, Sonia Kronlund part à la recherche de femmes qui l’ont aimé, pour comprendre qui est cet homme.
Ce livre se dévore, mais je dois dire que je suis restée sur ma faim.
Dans cette enquête, l'autrice tente de découvrir qui est ce Ricardo (son prénom d'origine), un homme qui a construit autour de lui des vies parallèles. Il ne s'agit pas d'usurpation d'identité mais tout simplement d'un homme qui s'invente des vies, que ce soit en France ou à l'étranger, et qui a réussi à les mener sans qu'il ne soit inquiété jusqu'au jour où une de ses nombreuses compagnes découvre le pot aux roses.
Ce qui est frappant dans cette lecture, c'est la facilité avec laquelle cet homme a réussi à tromper son monde. En termes cliniques, on considère son cas comme de la mythomanie. Mais dans les faits, cet homme semble croire réellement et sincèrement à l'identité qu'il s'invente / se créée. D'ailleurs, la toute fin du livre nous révèle un pan de ce type de comportement qui est à la fois très révélateur mais aussi inquiétant.
En tant que lecteur, on est pris entre l'incrédulité et l'effarement. D'une part, on est surpris par un tel comportement et on se demande comment une telle personne peut agir de cette manière en toute impunité et surtout sans se faire prendre. Et d'un autre côté, l'attitude de cet homme est choquante car elle est insaisissable, à moins d'être sensibilisé à ce trouble pathologique pour le reconnaître.
Cette enquête est à la fois très instructive mais aussi glaçante car elle montre les nombreuses zones d'ombre de la nature humaine, mais aussi des systèmes judiciaires.
L'auteure, documentaliste et journaliste s'intéresse au cas de Ricardo, une homme mythomane aux multiples facettes, aux diverses personnalités.
Manipulateur, mythomane, il s'invente des identités pour séduire de nombreuses femmes avec lesquelles il mènera un bout de vie.
Souvent plusieurs femmes en même temps.
Brésil, France, Pologne.... il sillonnera les pays, à chaque fois avec une histoire différente de sa vie.
Une enquête minutieuse pour tenter de le débusquer.
Toutes les femmes qu'il a abusées se sentent meurtries, salies.
Sonia Kronlund tente de leur rendre l'estime d'elles en allant jusqu'au bout de ses recherches pour essayer de cerner cet incroyable individu.
Sonia Kronlund journaliste de France Culture propose avec cette enquête digne d'un thriller un inquiétant et fascinant sujet. Imposture amoureuse, faux prénoms, faux métiers, passé inventé, plusieurs relations conjugales. Qui est véritablement Ricardo ? Enquête sociologique, documentaire, une remarquable travail de l'autrice d'investigation et d'analyse de témoignages, imposture, séduction et manipulation. Un récit d'actualité avec la multitude des arnaques à l'amour.
" Mais c’est ainsi que j’ai mis un terme définitif à toute une partie de ma vie et que j’ai cessé d’avoir peur. Je me suis sans doute radicalisée, peut-être ridiculisée, mais je me sens moins seule depuis que je suis seule."
J’ai fait la connaissance de L’homme aux mille visages par le film éclairé de la rencontre avec sa réalisatrice, Sonia Kronlund. Donc, L’homme aux milles visages en avait un puisque le film le retrouve dans la banlieue de Cracovie en Pologne…
Mais, là où le film pose très bien la malfaisance de ce bonimenteur pour femmes, il me manquait des pistes de réflexion concernant ce menteur de haut vol. Cet homme avait la capacité de porter plusieurs prénoms, d’exercer de multiples professions, et de vivre plusieurs histoires d’amour en même temps, tout en partageant son cake aux olives entre elles, et en adoptant des attitudes religieuses différentes selon les femmes. Rien qu’à écrire ceci, le tournis envahit mon esprit.
Bonimenteur de femmes
Alors, imaginez combien il faut de confiance en soi pour vivre ainsi. Mais aussi, il faut imaginer le malaise intime pour ne jamais pouvoir être soi-même ! Évidemment, le livre ne répond pas à cette question. Sonia Kronlund ne veut ni se substituer à la justice, ni à un médecin. S’identifiant aux femmes qu’elle a rencontrées, elle cherche à expliquer leurs ressentis et les confronte à son propre cheminement de réflexion. Le lecteur retrouve ce que l’auditeur aime dans sa voix chaleureuse : l’attention aux autres, l’absence de jugement et le respect des témoins.
Force est de constater qu’il s’agit aussi de se prémunir contre un prédateur capable de déstabilisation psychologique forte. Néanmoins, la plupart de ses victimes ne semblent pas trop lui en vouloir.
Le récit L’homme aux mille visages complète parfaitement le film. Il ne remplace pas la puissance de la rencontre avec ce manipulateur que permet le film. Pourtant, le livre permet d’approfondir les ressentis de la journaliste, Sonia Kronlund et son équipe, ses interrogations et ses analyses au fur et à mesure que se déroule son enquête. Avec ou sans le film, L’homme aux mille visages interroge et émeut à la fois.
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/05/08/sonia-kronlund-lhomme/
Grâce à un important travail de recherche et le recueil de nombreux témoignages, Sonia Kronlund revient dans ce livre sur une enquête assez singulière qui aura duré 5 ans. Et pour cause, la jeune femme aura suivi les traces d'un personnage hors du commun, "un menteur de haut vol" qui "parvient à mener en parallèle" de nombreuses " vies conjugales dans plusieurs pays et sous différentes personnalités imaginaires, toutes plus séduisantes les unes que les autres."
Pour ce voyage de plusieurs milliers de kilomètres, nous voyageons en France, au Brésil ou encore en Pologne, j'ai apprécié la compagnie de Florence Loiret Caille, notre lectrice qui a su nous offrir une écoute vivante qui s'adapte complètement au style journalistique. Cela me laisse penser que j'aurais moins accroché avec la version papier, car elle m'aurait semblé avoir moins de relief.
J'ai trouvé le travail d'investigation de Sonia Kronlund intéressant, mais même si on peut considérer que la boucle est bouclée la fin m'a laissé un peu sur ma faim.
Je tiens à remercier Audiolib et Netgalley France pour cette écoute qui m'a permis de découvrir l'histoire de ce Don Juan des temps modernes que l'on espère ne jamais croiser...
Je ne suis ni psychiatre, ni psychologue pour décrire le personnage principal. Narcissique, pervers, mythomane, pinocchio. Le mensonge n'est pas une infraction donc pas punissable . Sauf si l'on soutire quelque chose par le mensonge. Le prédateur recherche sa proie. La faille serait la confiance accordée trop facilement. Je n'emploie pas le mot naïveté. Car, c'est trop facile à dire ou à écrire après coup. La manipulation peut être considérée comme un art et ce n'est pas donné à tout le monde. L'auteure écoute les victimes et part à la recherche du prédateur. Soyez prudente ou prudent.
Je ne sais pas comment cet homme a fait pour garder en tête toutes ces informations, comme ses victimes se le demandent. À peine les premiers chapitres entamés cela fait déjà tellement de choses énoncées que je me mélange déjà dans les prénoms, les protagonistes (déjà nombreux), les histoires, les versions, les excuses, les "faits".
Il y a beaucoup de digressions dans le récit, on se perd dans ces dernières. On s'éloigne du récit principal. Je comprends quelques unes des interventions de l'autrice mais j'ai trouvé ça parfois maladroit de s'inclure autant quand le récit de ces femmes et ces manipulations devraient être au centre.
Peut-être que si on y réfléchit, ces digressions, ces égarements, ça pourrait aussi illustrer la difficulté d'élucider ces cas. Illustrer à quel point c'est dur de poursuivre des personnes qui se cachent géographiquement mais aussi dans de nombreux rôles, noms et métiers. Qui escroquent, manipulent, qui s'enfuit, se fond, se cache et recommence. Tout le périple que c'est de retrouver les victimes les convaincre entre elles de la "vraie vérité", trouver des réponses et réussir ensemble à chasser un homme qui n'existe pas, en fait. Qui est-il vraiment ?
Au fil des essais, les indices sont peu nombreux, ou peu utilisables. Ce détective qui mène l'autrice un peu par le bout du nez et tourne en rond. Le temps passe et ça n'avance pas vraiment. Jusqu'à ce que Sonia Kronlund réussisse à retrouver sa trace et l'interviewe... Il ment plus qu'il ne respire. "Les autres l'indifféraient, à peine existaient-ils." Ma dernière pensée va à toutes ces femmes dont il a secoué, gâché, abimé, les vies.
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