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Sara Kaplan, journaliste au New-York Times, reçoit la confession d'un ancien soldat, Barnes, vétéran de la guerre d'Irak. Barnes revendique le meurtre d'une tzigane de 17 ans. Meurtre pour lequel un Indien a été condamné cinq ans auparavant à la peine capitale. Sara Kaplan publie la lettre. L'affaire occupe d'un coup le paysage médiatique et divise l'Amérique. Sara est hantée depuis l'enfance par le suicide de son père, vétéran du Vietnam. En s'acharnant à vouloir montrer la responsabilité de l'armée dans la folie de Barnes, elle cherche à surmonter la tragédie qui a détruit sa famille. Dans sa quête, Sara nous entraîne de New-York à Hué en passant par le Sud désenchanté des Etats-Unis en crise. Elle dresse, au travers de ses personnages, un portrait de l'Amérique d'aujourd'hui, s'interrogeant sur le rôle de la presse, le racisme, la violence des conflits, et sur la malédiction qui condamne les gens sans mémoire à revivre sans fin leur passé.
C’est un roman noir, avec un certain regard sur les aspects sociaux très forts, un thriller politique. L’armée, les conflits armés et la suprématie américaine son au cœur de cette histoire. Information, désinformation, les médias et les instances politiques. Pression sur les médias. Les sujets ne manquent pas !
Sara Kaplan campe le rôle d’une femme volontaire, une journaliste d’investigation qui sait ce qu’elle veut et qui fait tout pour les informations nécessaires à faire éclater la vérité. C’est une femme intègre avec de l’honneur et une idée de l’éthique. Elle fait passer son travail d’investigation avant sa vie privée. J’avais envie qu’elle devienne une héroïne qui nous ferait vivre d’autres enquêtes… maintenant que j’ai fermé le livre je sais que ce n’est plus possible. Nous avons donc toute la thématique du monde du travail et de la place des femmes.
L’une des thématiques qui touche à tous les histoires, c’est celle de la famille. Elle a été façonnée par les familles de son père et de sa mère. Ils sont issus de deux classes sociales différentes avec des courants de pensée opposés, à l’image de l’Amérique du Nord. Elle est façonnée par l’histoire du XXe siècle. Elle va dévoiler pourquoi l’histoire de Barnes la touche tant.
Ce roman nous parle des Etats-Unis avec ses contrastes, ses contradictions et leur rapport à l’histoire. Le patriotisme à outrance qui masque bien des choses. La diversité culturelle et ethnique est toujours rabaissée par le racisme et le sectarisme.
L’affaire de départ à lieu après 2008, aspect financier va jouer un rôle. Ainsi que les conflits au moyen orient.
J’ai bien aimé comment à travers l’enquête que mène Sara Kaplan on voit se dessiner le personnage de Nico Barnes. L’enquête sur Barnes révèle par exemple des problèmes relationnels avec les femmes. Une mère dominatrice et une ex-femme exigeante. Rajoutez à cela les traumatismes liés aux différentes campagnes militaires et vous avez un homme très perturbé.
On entre tout de suite au cœur de l’histoire. Les chapitres portent comme intitulé les noms des personnes que Sara va rencontrer, la date et le lieu. On se repère donc instantanément. C’est très rythmé, ponctué par des déplacements. La narration est claire et va directement au but, cela dénote une grande rigueur et une recherche du contrôle dans la vie de la narratrice, la journaliste d’investigation du New York Times. On suit son parcours, comment elle mène son enquête comment elle intègre sa vie de couple.
Louise Caron aime les personnages forts et haut en couleur et elle adore leur faire des misères, alors elle n’hésite pas à les malmener. Ce qui donne une intensité eux narrations. Je mets narrations au pluriel car on va voir quelle va tisser des liens avec plusieurs vies. Sara Kaplan parle de puzzle en bois pour l’affaire Barnes, mais cela viennent se superposer d’autres d’histoires.
C’est un roman où les rebondissements ne manquent pas et gardent le lecteur en alerte. Il y a différents niveaux de lecture qui rendent ce roman très intéressant.
Je page turner que je vous recommande si vous aimez le milieu de la presse, les USA et les femmes fortes.
" On m'a privée de la vérité au profit d'une fausse sérénité...
J'ai décidé de me battre avec des mots, non pas clandestinement sur des tracts comme l'avait fait mon père, Mais à la une des journaux. "
Sara Kaplan est journaliste au New-York Times. Un jour, elle reçoit une lettre confession d'un homme qui s'accuse d'un crime pour lequel un autre homme, Chayton Cardello, est sur le point d'être exécuté.
" Dans la soirée du 4 juillet 2008, j'ai étranglé une fille à l'odeur épicée, aux yeux comme des trous noirs, près du lac à quelques miles de notre ranch. Quand le shérif adjoint s'est pointé chez nous le lendemain, ma mère l'a embobiné d'un mot, d'un regard, d'un sanglot. Du coup il m'a laissé tranquille."
Cet homme qui s'accuse s'appelle Niko Barnes, un vétéran de la guerre d'Irak. Il se considère comme un homme SANS: sans diplôme, sans fortune, sans femme, sans amis, sans le moindre espoir que ça s'arrange.
Sara Kaplan se met en devoir de lever le voile sur ce mystérieux coupable et part enquêter, là où a eut lieu l'assassinat. Elle va y mener un véritable travail d'investigation. Cette affaire lui tient à cœur, son père était lui aussi vétéran de guerre. Il a longtemps souffert de symptôme Post- traumatique avant que cela finisse en tragédie.
" On devrait pouvoir se dépouiller de sa mémoire sans traîner des chagrins qui vous entravent."
Elle recueille un bon nombre de témoignages et pas mal de confidences, les langues se délient. L'affaire Barnes / Cardello ranime les souvenirs, chacun règle ses comptes avec le passé. Même Sara Kaplan tente de régler les siens.
" À la suite, j'avais noté Et souligné : Sara arrête de vouloir régler tes comptes avec l'armée."
Cette affaire réveille sa colère contre l'armée américaine. Son acharnement ne plaira pas à tout le monde, mais sa détermination n'aura pas de limite.
" J'avais de nouveau rendez-vous avec le manque. J'apprenais à apprivoiser la douleur. Tapie dans mon corps, elle me minait. À cela s'ajoutait l'incertitude de l'avenir. "
Louise Caron nous offre bien plus qu'un roman. À travers cette histoire, ce portrait de femme battante, elle nous livre une réflexion sur les dégats de la guerre sur l'homme, ses traumatismes. Véritable sujet tabou aux états-Unis où le nombre de suicides chez les vétérans de guerre ne cesse d'augmenter. Une vraie épidémie, qui fait plus de morts que la guerre elle-même. L'auteur pose également un regard réaliste et poignant sur un coin de l' Amérique profonde.
Des phrases percutantes, un style brillant, éloquent, plaisant et ce n'est pas quelques petites imperfections qui enlèveront sa qualité au récit.
Quand les mots vous parlent, quand les mots vous touchent, au point de ne pas quitter le roman avant la fin, même quand les émotions se libèrent et vous brouillent la vue.
Belle couv', belle plume, beau style, une histoire qui respire l'authenticité, un très beau et grand moment de lecture.
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