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Échouer a` prévenir l'assassinat d'un prince n'est pas un fait d'armes dont peuvent s'enorgueillir le capitaine Wyndham et le sergent Banerjee, de la police de Calcutta. Piqués au vif par cet échec, l'inspecteur et son adjoint décident de suivre la piste des mystérieuses missives reçues par le prince jusqu'a` Sambalpur, petit royaume de l'Orissa, célèbre pour ses mines de diamants. Le vieux maharajah, entoure´ de ses femmes, et de dizaines de concubines et enfants, paraît très affecte´ par la mort de son fils aîné, et prêt a` accepter leur aide. D'omelettes trop pimentées pour les papilles anglaises au culte de l'étrange dieu Jagannath, en passant par une chasse au tigre a` dos d'éléphant, Wyndham et Banerjee seront initiés aux moeurs locales. Mais il leur sera plus complique´ de pénétrer au coeur du zenana, le harem du maharajah, ou` un certain confinement n'empêche pas toutes sortes de rumeurs de circuler. Au-delà du suspense, une plongée au coeur des petits royaumes de l'Inde traditionnelle des années 1920, et une subtile analyse de l'impossible coexistence entre Britanniques et Indiens.
Le prince Adhir, fils aîné et héritier du maharadja de Sambalpur est assassiné alors que le capitaine Wyndham et le sergent Banarjee sont en sa compagnie. Le prince venait justement de confier aux deux policiers qu’il avait reçu des lettres de menaces. Wyndham et Banerjee vont alors suivre la trace des indices jusqu’au royaume de Sambalpur où ils vont vite comprendre que des forces antinomiques sont en conflit et que de nombreux enjeux politiques sont en cause. Et lorsque le frère d’Adhir est à son tour victime d’une tentative d’assassinat, les choses prennent un nouveau tournant.
Voici le second opus des aventures de Wyndham et Banarjee, inaugurées par L’attaque du Calcutta-Darjeeling. Et c’est toujours aussi addictif.
Au-delà de l’enquête policière pour retrouver l’auteur du meurtre du prince héritier, c’est tout le contexte historico-politique de l’Inde des années de présence britannique qui est véritablement passionnant, comme c’était déjà le cas dans le premier volume.
On entre ainsi dans le détail des dissensions entre les deux populations, dans la vie intime du palais de Sambalpur et des règles qui le régissent notamment en ce qui concerne les femmes du zenana, le harem du maharajah.
Le rythme est dynamique, ponctué par des touches d’humour qui prennent pour cible aussi bien les Britanniques que les Indiens. L’écriture est peut-être un peu simple, mais cela donne aussi une certaine fluidité et un certain rythme à la lecture.
Cette seconde enquête du capitaine Wyndham et du sergent Banerjee nous emmène dans la province de Sambalpur dont le futur maharaja a été assassiné à Calcutta.
J’ai découvert la particularité des trains indiens pendant la domination anglaise : leurs rails étaient moins espacées pour faire circuler des trains plus étroits qui ne pouvaient pas transporter d’armes lourdes.
J’ai découvert une nouvelle sorte d’opium (ce qui ne me servira pas à grand chose, me direz-vous).
J’ai rêvé au milieu des tenues chamarrées pleines de bijoux précieux grâce aux mines de diamants de Sambalpur.
Mais j’ai toutefois été un peu déçue, car ce tome ne présente pas, comme le précédent, d’informations sur la domination anglaise.
L’image que je retiendrai :
Celle du frère du jeune maharaja assassiné qui dans le turkey trot.
https://alexmotamots.fr/les-princes-de-sambalpur-abir-mukherjee/
Juin 1920. Un an après les événements relatés dans L'attaque du Calcutta-Darjeeling
Wyndham et le sergent Banerjee ne peuvent empêcher l'assassinat du prince héritier de Sambalpur, bien qu'au moment du drame ils se trouvaient avec lui, dans sa Rolls. Cet assassinat aurait-il un rapport avec les étranges messages reçus par le prince la semaine précédente, messages laissés dans ses appartements privés, l'un ur son oreiller, l'autre dans la poche d'un costume? Peu de personnes sont habilitées à pénétrer dans la chambre du prince...
Qui est le commanditaire de l'attentat, visiblement soigneusement préparé? Un tireur isolé? Un groupuscule quelconque? Le mystérieux tireur portait sur le front une marque étrange, deux lignes de cendres blanches se rejoignant à la racine du nez de part et d'autre d'une ligne rouge plus fine, généralement portée par les prêtres. Aurait-il un lien avec la procession religieuse dans laquelle Wyndham l'a perdu?
Que ce soit un attentat religieux ou politique, la situation s'avère on ne peut plus délicate pour Wyndham mais surtout pour la police coloniale. Comment expliquer au vice-roi que le prince héritier d'un Etat souverain se fasse assassiner en plein jour en présence de deux officiers impériaux, qui de surcroît s'avèrent incapables d'arrêter le tueur? Attentat qui tombe on ne peut plus mal, au moment où le gouvernement britannique réunit les principaux maharadjas et nababs pour l'instauration d'une Chambre des Princes dans le but d'apaiser les exigences d'autonomie de plus en plus grandissantes des souverains indigènes.
Seul indice tangible pour Wyndham et son sergent, les messages reçus par le prince. Qui pouvait savoir qu'il se trouvait en danger? Manifestement, la réponse se trouve à Sambalpur. Le maharadja mandate les deux policiers pour qu'ils retrouvent l'assassin de son fils, mais la conjoncture s'avère bien plus complexe et délicate que ne le pensait Wyndham. Entre susceptibilités princières, protocole et intrigues de palais, Wyndham et le sergent Banerjee vont devoir "marcher sur des oeufs" s'ils veulent trouver la vérité sans faire imploser le palais royal.
Contexte politico-religieux:
Aspect religieux: l'un des nombreux atouts de ce roman est la façon impartiale dont l'auteur montre le choc des deux cultures en présence, choc qui se ressent dans l'intrigue, articulée sur une base alliant faits historiques et fiction: "La procession dans laquelle le capitaine Wyndham a été pris est le Rath Yatra, monsieur, celle du char du dieu hindou Jagannath." (Page 25). Bousculant au passage les préjugés à l'égard d'une culture que les Britanniques méprisent et méconnaissent: "Vous devez cesser de croire ce que vos auteurs anglais aiment tant décrire. Que savent-ils des femmes dont ils parlent? Que savent-ils des eunuques qu'ils aiment tant caricaturer? Ouvrez les yeux, capitaine. Laissez vos préjugés à Calcutta. Mieux encore, laissez-les à Londres." (Page 210)..."Elle me met à l'épreuve, elle essaie de voir quelle sorte d'Anglais je suis: de celle qui croit que fréquenter les indigènes comme des égaux revient à dénigrer notre race tout entière ou de l'autre, celle qui comprend que de telles attitudes ne sont que comédie, prétention et hypocrisie nées de la culpabilité." (Page 187).
Contexte politique: l'action du roman se situe à une période troublée de l'Inde, joyau de l'empire britannique: de nombreux hindous, commençant à trouver le joug anglais trop lourd à porter, mus par des ambitions indépendantistes de plus en plus évidentes, s'agitent. Le chemin vers l'indépendance, acquise en 1947, est certes encore long, mais le gouvernement britannique sent le vent tourner. Raison pour laquelle le vice-roi a imaginé que la création d'une Chambre des Princes, présentée comme une Chambre des Lords indienne, réunissant tous les princes indiens sous l'illusion qu'ils pourraient ainsi influer dans la gestion des affaires de leur pays, n'a en réalité d'autre but que d'apaiser les exigences d'autonomie grandissantes du peuple. Car le "temps est révolu où les Britanniques pouvaient se mêler ouvertement des affaires d'un Etat indigène. Avec tout ce qui se passe dans le reste de l'Inde, leur unique préoccupation est que Sambalpur reste un allié fiable et stable, et que nous entrions à la Chambre des Princes." (Page 356).
En conclusion:
Les princes de Sambalpur est doté de nombreuses qualités, mais celle que j'apprécie le plus est l'impartialité de l'auteur qui passe au crible aussi bien les travers de la civilisation anglaise que ceux de la société indienne. Sous le prétexte d'informer le capitaine Wyndham, Abir Mukherjee esquisse des pages de l'histoire de l'Inde, renseignant dans le même temps le lecteur peu ou mal documenté.
Le +: l'enquête menée par les autorités britanniques se heurte aux traditions indiennes, qu'elles soient religieuses ou culturelles, ainsi qu' aux conventions et coutumes qui régissent la famille royale de Sambalpur: "-J'aimerais fouiller les appartements du prince, s'il vous plaît. Le dewan me regarde comme si j'étais fou. -C'est hors de question, répond-il fermement...Libre à vous de faire tout ce que vous voudrez, capitaine, répond-il calmement. Sachez d'abord que cette suite est reconnue officiellement comme territoire souverain de Sambalpur." (Page 38)...Tout comme lorsque Wyndham veut interroger les femmes de la famille royales qui ne peuvent être vues par aucun homme à part les eunuques.
Le +: grâce aux nombreux passages livrant les pensées de Wyndham concernant l'enquête, réfléchissant à ses tenants et ses aboutissants, éclairant la lanterne du lecteur.
Les Princes de Sambalpur est un roman intelligent, original, bourré d'humour et de fantaisie, extrêmement bien construit: rythme, rebondissements, contexte historique bien reconstitué, personnages crédibles et attachants en font une lecture passionnante et divertissante.
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