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Pouvoir politique et littérature ont partie liée. Tout aurait commencé, dit-on, au XVII? siècle, avec les belles carrières dans l'ombre de la cour, le mécénat, le clientélisme, le service profitable. Mais ce qui se joue alors est d'une autre ampleur. Les hommes de lettres bénéficient assurément d'une reconnaissance nouvelle, tandis que la production et la publication d'écrits les plus divers donnent naissance à un domaine, à la fois symbolique et pédagogique, où s'édifiera plus tard le monument imaginaire appelé littérature. Quelque chose de fondamental dans l'ordre de la domination politique s'accomplit aussi par cette association. La littérature devient une arme dont le pouvoir use pour imposer son ordre sociopolitique dans les divers espaces de la production culturelle et pour assurer ainsi la «manutention des esprits». Le paradoxe est que la littérature puisera son autonomie et ses propres pouvoirs dans cette soumission, acceptée parfois dans l'enthousiasme d'une adhésion. Divertissement ou voie nouvelle pour penser le monde, la littérature pénètre profond dans le corps politique du royaume. En retour, les écrivains profitent eux-mêmes, avec la création de l'Académie, du privilège de former un «corps» dans l'État. Cette politisation de la littérature conduira pour finir à la littérarisation du pouvoir, lorsque au XVIII? la littérature deviendra un refuge critique et un tribunal moral.
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