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Lorsque j'y repense aujourd'hui, je comprends que c'est lors d'une de ces expéditions que notre vie, notre monde a changé.
Car c'est bien là que le temps s'est mis à compter, au bord de ce fleuve qui fit de nous des pêcheurs ».
Un jour de mars 1996, dans le village d'Akure au Nigeria, quatre jeunes frères profitent de l'absence de leur père pour pêcher au bord du fleuve interdit Omi-Ala. Sur la rive, le sorcier Abulu leur lance une terrible prédiction : l'ainé, l'adolescent Ikenna, mourra assassiné par l'un de ses frères.
Cette prophétie va troubler les esprits, et hanter la famille entière jusqu'à un terrible dénouement. Ce drame familial contemporain revêt, à travers son déroulement implacable et le récit du plus jeune frère, des airs de conte moderne et de tragédie grecque. Avec Les Pêcheurs, Chigozie Obioma prend place parmi les grandes voix de la littérature africaine.
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Trois romans incontournables pour votre été !
Bon roman, très bien construit , nourri de références mythologiques.
Sa dimension tragique est insoutenable.
Il peut s'agir d'une autofiction, elle déroule les heurts et malheurs d'une famille en proie aux malédictions jetées dans le Nigéria d'aujourd'hui.
C'est l'histoire de quatre frères Ikenna (15 ans), Boja (14 ans), Obembe (11 ans), Benjamin (9 ans), qui ont pour nouvelle lubie la pêche. Sauf qu'un jour il rencontre le fou du village, près du fleuve où il pêche, qui leur prédit une malédiction: Ikenna va être tué par un de ses frères. Le livre tient très bien l'intrigue, va t'elle se réaliser ou pas? Et qu'est-ce qui va se passer par la suite? J'ai apprécié ce livre surtout parce qu'il est vu par les yeux d'un enfant, en l'occurrence Benjamin. C'est un mélange entre un conte et un roman. Je le recommande!
J’avais lu et aimé « La prière des oiseaux », deuxième roman du même Chigozie Obioma. De plus, la couverture de son premier roman « Les pêcheurs » me paraissait une invitation à la légèreté, à l’envol, la joie d’une activité toute simple entre frères. On m’en avait parlé, « à lire » disait-on !
Mais aller pêcher était une transgression de l’interdit du père, même si, on le sait, les enfants grandissent souvent à l'occasion de ce dépassement des cadres imposés.
Or, dans ce village tribal du Nigeria, le sorcier Abulu a vu les enfants. Et il se sert de ce pas hors zone pour faire mousser son pouvoir : il jette sur la famille une malédiction. Ikenna, l’aîné, sera tué par un de ses frères. Dans ce récit, comme bien souvent dans la vie, ce possesseur d’une autorité nimbée de la dignité de son titre n’est qu’un fou maléfique, un être abject. Il connaît les rouages de l’âme humaine, il sait comment semer la discorde et les graines du mal et il s’en sert à son seul bénéfice, l’élargissement de sa sphère de pouvoir. Le drame est là. L’enchevêtrement des interdits et des réactions face aux conséquences de la folie maléfique de Abulu va tramer le destin de la famille.
Les frères unis jusque-là vont se méfier les uns des autres. La suspicion va ronger les liens, la fratrie et toute la famille va basculer en enfer. Un véritable drame, avec sa dynamique classique. Ceux qui devaient s’aimer vont se détruire. A vouloir se sauver dans le non-dit, ils vont tout perdre. Chacun sera acteur et constructeur de l’abîme dans lequel ils tomberont. Or, à l’origine, sans conteste, c’est l’infâme Abulu qui a dressé les plans. Quel gâchis!
Ce livre, admirablement écrit par Chigozie Obioma, romancier nigérian, mélange avec subtilité tous les ressorts du drame antique et du conte africain. Le sort jeté, le choc entre les émotions et le devoir, le jusqu’au boutisme des personnages monolithiques, les métaphores animales, les proverbes qui ponctuent la voix éducative, les circonvolutions de l’oralité qui reprennent et développent les aspects du récit et distillent le message.
Avec une telle maîtrise de la langue et des moteurs des grandes tragédies, pour un premier roman, l’auteur se hisse immédiatement parmi les grands de la littérature africaine. Virtuose dans l’observation du monde et de la tribu qui en est la représentation, l’auteur nous montre comment une dramaturgie du Destin peut être insufflée dans le quotidien des gens et leur donner de construire leur propre perte. Dans son second roman, « La prière des oiseaux », l’auteur reprendra cette idée de la destinée mais pour y magnifier, cette fois, la force de ceux qui luttent contre tout déterminisme.
Chigozie Obioma, un auteur à suivre !
Tout s'annonçait bien ….. Dans une petite ville du Nigéria, une famille de 6 enfants, unie, un père qui rêvait pour ses fils d'un destin à l'occidentale. Ils ne seraient « pas de ceux qui pêchent dans un marigot fétide , mais des pêcheurs de l'intellect : médecin, pilote professeur, avocat »
Mais une fois le père muté dans autre ville, les enfants s'éloignèrent du chemin balisé de leur vie, enfreignirent l'interdit d'aller pêcher au bord du fleuve autrefois sacré .
Abulu le fou, l'oracle du village annonça que Ikenna, l'aîné des fils serait tué par un pêcheur.
Ikenna devint dès lors captif des mots de cette prophétie .
« L'un de vous me tuera » déclara-t-il à ses frères .
Les paroles du devin, telles un venin, conditionnèrent leur esprit, engendrèrent la peur, les entraîna dans une spirale de vengeance . Dès lors, la famille se délita sous le flot des malheurs annoncés par Abulu le prophète, dès lors s'envolèrent les projets d'élévation sociale du père « le baluchon de rêves pourris depuis longtemps »
Le narrateur de cette chronique d'une mort annoncée est Ben le 4e fils, qui avait 9 ans au début des faits, qui raconte l'irrésistible « clivage fraternel », l'inéluctable glissement familial vers la tragédie. Car, comme dans la tragédie antique, un destin fatal pèse sur la famille, comme chez Shakespeare, la vengeance est à l'oeuvre .
Bien des années plus tard, pour relater l'impensable, il recouvre la sensibilité du gosse qu'il était, il retrouve les mots de l'enfance pour saisir un destin qui le dépassait.
Son récit varié, où alternent épisodes cocasses et scènes glaçantes, est empreint d'un réalisme poétique nourri de l' imaginaire des contes africains, où hommes et animaux se fondent en une seule et même entité.
A la fois roman d'apprentissage, chronique familiale ancrée dans la culture africaine, l'ouvrage se lit comme un thriller addictif dense, intense et profondément humain .
"La haine est une sangsue, une créature qui vous colle à la peau, se nourrit de vous et vide votre esprit de sève".
Une courte phrase qui pourrait illustrer à merveille ce prodigieux roman.
Chigozie Obioma (1986- ) est un écrivain nigérian. Il réside aujourd'hui aux Etats-Unis ou il enseigne la littérature.
"Les Pêcheurs", son premier roman, a connu un immense succès public et critique. Il fut finaliste du Man Booker Prize 2013.
Notre père était un Aigle; oiseau majestueux qui planait et veillait sur ses aiglons comme un roi garde son trône.
Ikenna était un Python, serpent sauvage devenu monstrueux, prédateur, lunatique, irascible, toujours en maraude.
Notre mère était une Fauconnière; celle qui veillait pour repousser tous les maux qui semblaient menacer ses enfants.
Boja était un parasite.
Odembe était un limier; le chien qui exhumait les choses, les examinait, les identifiait.
Abulu était un Léviathan; une baleine invulnérable.
David et Nkem étaient des aigrettes; des oiseaux d"un blanc lumineux.
Moi, Benjamin, j'étais une phalène; fragile créature ailée qui se prélasse dans la lumière, mais qui ne tarde pas à perdre ses ailes et à tomber au sol.
Difficile de résumer ce "conte africain" tellement il est dense, puissant, tragique et lumineux.
Au delà du conte, "Les Pêcheurs" est un roman africain, social, politique.
On y retrouve les ingrédients qui ont rongé (et rongent encore) nombre de pays africains.
Les guerres ethniques, les dictatures militaires, les massacres, les tensions entre Christianisme et religions traditionnelles, les croyances populaires, les sorts jetés, le désir d'exil (Canada, ... ) mais aussi le football comme une religion (victoire de l'équipe du Nigéria aux JO d'Atlanta en 1996), la Famille comme radeau de sauvetage quand le destin fait des siennes.
Tout comme Ikenna, j'ai été "envoûté" par ce roman qui brosse le tableau du Nigéria moderne et plus largement d'une Afrique qui peine à sortir de ses croyances.
L'auteur réussit un véritable tour de force en identifiant ses personnages aux animaux du continent avec leurs forces et leurs faiblesses.
Un premier roman puissant qui révèle un auteur terriblement doué.
Une belle découverte.
Au début ,l'harmonie d'une famille solide et solidaire puis le petit grain de sable avec le départ du père obligé de travailler en ville du fait d'une mutation puis la malédiction et Le ver est dans la pomme ou plutôt dans la foi .
En fait ,il ne s'agit pas d'une malédiction mais plutôt de la "Douve" puisque dans la brèche s’immisce le malheur qui anéantira la famille . L'écrivain devient conteur et nous maintient non pas en tension mais en attention . Une attention bienveillante malgré les événements qui a travers leur rudesses laissent entrevoir une certaine lumière.
Le rythme est bien mené et le style est posé,riche,poétique travaillé pour devenir ROYAL . Les références animales ou symboliques au chapitrage nous emportent vers d'autres codes d'écriture qui enrichissent le récit.
On est bien au Nigéria où tout est plus tragique .
C'est un récit remarquable ! Du pur ébène !!
On est au cœur de l'Afrique avec ses tremblements et sa vérité brute.. Un premier roman comme une invitation au voyage mais pas vraiment puisqu'il ne s'agit en aucun cas d'un voyage de complaisance.
Un livre amené à devenir un classique du genre . Une belle oeuvre et un magnifique regard posé sur l'évolution d'un Nigéria secoué de spasmes politiques.
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