Sept titres à découvrir parmi les 21 romans de la 13e édition du Prix Orange du Livre
Sept titres à découvrir parmi les 21 romans de la 13e édition du Prix Orange du Livre
Le jury, enthousiaste et passionné, a choisi 21 romans français
« Les monstres » de M. Charles Roux est un livre déconcertant à bien des égards. Déjà, rien qu’à tenter de le résumer, nous sommes désarçonnés. Car que dire si ce n’est qu’il nous narre l’histoire de la rencontre entre trois personnages : Alice, l’enseignante célibataire avec son golem de glaise, David, le cadre supérieur ambitieux et drogué, et Dominique, la sorcière du récit qui accessoirement est tenancière/tenancier d’un restaurant qui organise des dîners un peu particuliers.
Au-delà de son intrigue peu commune, le roman impressionne par son style. M. Roux s’attache à une écriture exigeante et soignée, et met en place un style qui donne à son récit une ambiance hors du temps, sans qu’on sache bien si l’on est dans notre monde ou dans une sorte d’univers parallèle qui ressemble comme deux gouttes d’eau à ce que l’on connaît. Et puis, grand force aussi, l’auteur s’attache à rendre son récit cinématographique grâce à de courts chapitres, qui nous font alterner les points de vue des trois protagonistes. D’ailleurs, à la lecture, ce sont des références cinématographiques qui me vinrent aussitôt. Feuillade d’abord, et évidemment Franju. Car l’on est rapidement imprégné dans une ambiance fantastique et nocturne, avec un monstre invisible qui rôde, et qui m’a rappelé « Les Yeux sans visage » du grand Franju. Tout en convoquant un je-ne-sais-quoi du « Nightmare Alley » de Guillermo del Toro (un des films les plus beau de 2021, où l’on croise tout un tas de freaks chers à ce réalisateur).
Ces qualités sont trop rares dans la littérature française contemporaine pour ne pas être soulignées, et ce ne sont pas les quelques défauts du roman qui les effacent. Les points faibles sont à mes yeux des défauts certainement inhérents au fait qu’on a affaire à un premier roman. La tentative de mettre en place un vouvoiement et un tutoiement pour deux des personnages m’a paru tenir plus de la posture que d’une réelle recherche stylistique dans la lignée du nouveau roman. Et la seconde faiblesse est la longueur de l’ouvrage, un peu exagérée, car l’ambiance noire et poisseuse ultra réussie perd au fil du temps de sa force, et la tension dramatique se dilue quelque peu avec la longueur. Mais difficile de reprocher à l’artiste d’avoir voulu faire durer le plaisir et, comme dans les potions que prépare Dominique, tout est question de dosage.
Au final, je comparerai « Les monstres » à l’un des premiers romans du maître Roberto Bolaño. Non que les styles soient comparables, ni même les thématiques abordées, mais l’on trouvera chez M. Roux du noir et du fantasque, et une plume originale et inspirée, comme chez l’immense Chilien. Retenez simplement que « si le monstre n’est personne, autant dire qu’il est tout le monde », et plongez dans l’ambiance pessimiste et inquiétante de cet étrange et très beau premier roman.
Des critiques élogieuses pour un premier roman, il n’en fallait pas plus pour que je me plonge dans « ce cabinet de curiosités littéraires »
Las ! Même si la mise en bouche de ce roman qui tourne autour d’un diner-spectacle très particulier titille papilles et curiosité, la suite est plutôt décevante. De ces trois personnages dont tour à tour, l’auteur nous confie les pensées, les peurs et les fantasmes, on ne retient pas grand-chose en fin de compte. Racontés séparément dans de courts chapitres, ils finissent par être réunis lors de ce diner-spectacle. Ce devrait être l’apothéose de l’intrigue mais l’auteur nous embrouille avec ses histoires de sorcellerie, son golem, son monstre velu, ses démons, son phénix, ses zombis et autres chimères et monstres qui s’invitent entre les chapitres. Entre un personnage au prénom épicène qui aime se travestir, un cadre commercial addict aux drogues et à l’alcool et une prof timorée au célibat subit, le fantasme du monstre se répand peu à peu sans bien savoir si ce monstre est en chacun de nous ou bien à l’extérieur, dans cette ville bétonnée et menaçante.
Je n’ai pas été sensible à ces personnages, trouvant même caricaturales certaines descriptions de personnages féminins. J’ai trouvé le style banal et redondant et l’intrigue, tout au long de ces 600 pages, m’a profondément ennuyée. Un pensum plutôt qu’un plaisir de lecture, ce livre n’était décidément pas pour moi !
Trois vies, celles d’Alice, David et Dominique sont décrites successivement et alternativement par le regard extérieur du narrateur dans un rythme quasi immuable qui nous les présente et nous fait découvrir par petites touches successives leur environnement et leurs aspirations au changement. Alice, la quarantaine enseigne l’histoire à des collégiens par défaut, car elle se sent mieux dans des activités artistiques et en particulier la sculpture. David, marié à Stéphanie et père de deux enfants est un cadre commercial performant et dynamique qui doute sur le sens de sa vie. Dominique, un peu plus âgé habite un corps d’homme mais se sent plus femme et possède un colossal cabinet des curiosités abritant un grand nombre de collections diverses et variées. Ces trois personnages, par la magie d’une mise en scène brillamment orchestrée vont se rencontrer lors d’un dîner très spécial organisé par Dominique. Point d’orgue de la narration, cet épisode mystérieux au cours duquel les monstres intérieurs se révèlent entretient incertitudes et questionnements. La suite et la fin du roman ne sont malheureusement pas à la hauteur de la richesse narrative observée jusque là, dommage !
Les monstres
David, Alice et Dominique, 3 voix, 3 destins qui s’entrecroisent, avec un point commun, la 4eme voix du roman, celle de Paris
J’ai aimé le jeu du Je, Tu, Il, Elle qui apporte une grande fluidité au texte, tout en lui soufflant un véritable rythme
J’ai aimé la beauté de la ville, toute l’expression
du paradoxe qu’il y a à appartenir à Paris tout en sachant pertinemment qu’elle est lieu de perdition et qu’il faudrait la quitter un jour si l’on ne veut pas s’y perdre
Je n’aime pas les épices, je leur préfère le sel
Le sel est l’ambiance du plat
Il en souligne les saveurs sans jamais les masquer, il ne sature pas au point de dénaturer, il révèle aussi bien la subtilité délicate que la force éclatante d’un arôme
Le livre de Charles Roux est un livre de sel
Il t’apportera ce que tu as envie d’y trouver, des questions, des réponses, des interrogations sur toi-même, il pourrait même te révéler ta propre saveur, à condition que tu aies envie de la rencontrer
#bookstagram #bookaddict #bookaholic #68premièresfois #vleel
#blogueuselitteraire #rivages #charlesroux #paris
Lecture bien étrange que celle-ci...
J'ai été partagée pendant toute ma lecture entre la fascination, la curiosité et la lassitude de toutes ces longueurs pour en arriver au point culminant du récit...
Nous suivons David, Alice et Dominique. Le narrateur est extérieur, voit et connaît tout de ses personnages. Il s'adresse à eux de manière très différente : Tu pour David, le businessman assoiffé de réussite, Vous pour Alice, la célibataire proche des 40 ans, professeur d'histoire en collège, qui n'a aucune confiance en elle et est effrayée par tout, et Il/Elle pour Dominique, le personnage excentrique, propriétaire du Restaurant de Mensonges, véritable cabinet de curiosités,dans lequel ils vont tous trois se rencontrer.
L'ambiance est lourde et noire. Nous plongeons au plus profond de la psychologie des personnages, avec pour pour musique de fond la terreur qui se répand dans la ville suite à l'existence d'un monstre nocturne, qui tue des personnes et détruit tout sur son passage...
Roman psychologique donc, car tous ont des choses à révéler, à cacher..
Tout se joue sur la définition du mot "Monstre". A quel moment en devient-on un? Est-ce que les autres nous perçoivent comme tel? Quelle est notre part d'ombre et est-on prêt à vivre avec? Quel mensonge nous racontons-nous pour excuser nos faiblesses?
Le thème est intéressant, la construction du roman est remarquable, la plume excellente, les personnages fouillés, l'ambiance fascinante, mais je m'attendais à un feu d'artifice final, quelque chose qui contrebalance toute cette lenteur... Je n'ai pas eu ce que j'attendais...
Néanmoins (et c'est là que vous me trouverez contradictoire, comme les personnages du roman, au final) je ne regrette absolument pas cette lecture troublante, surprenante et désarmante!
Coup de coeur ou simple potion envoutante?
Bienvenue chers invités pour la découverte du premier roman de Charles Roux!
Ne prenez pas peur en découvrant ses 600 pages, vous allez littéralement tomber dedans.
Comme vous allez rapidement vous en rendre compte, cet ouvrage est assez atypique que ce soit dans son style et sa rédaction.
Tour à tour, et dans un jeu de passe-passe, un narrateur omniscient aimant l'art de manipulation des pronoms personnels sujets nous emmène dans l'intimité et les pensées les plus inavouables de nos personnages, Dominique, Alice et David.
Telle que le ferait une sorcière pour concocter un filtre, Dominique, un hôte atypique, sait que tout est question de dosage.
Dans son antre, celui-ci propose une expérience singulière aux effets inattendus à une poignée d'élus triés sur le volet alors que dehors de nombreux monstres rodent...enfin...tout dépend du sens donné à ce mot...
Ce livre a été pour moi une véritable dégustation "culinaire". Tel que le dîner-spectacle proposé par Dominique, j'ai savouré chacune des pages de cet ouvrage. C'est bon, goûteux, surprenant et si original... un de ces moments qui resteront un bon souvenir...
#68premièresfois
J'ai tourné un certain temps autour de ce livre (tout de même plus de 600 pages!) avant de me lancer. Sans raison particulières, j'avais le pressentiment qu'il n'allait pas me plaire. Sa couverture toute simple qui avait perdu son bandeau coloré ne m'attirait pas vraiment. Mais on ne fait pas repartir un livre des 68 sans l'avoir ouvert. Heureusement! Je me suis régalé avec ce premier roman énigmatique, inventif, inclassable, magique...
L'univers de Charles Roux est très particulier. Au fil de courts chapitres et de manière très habile, il entrecroise la vie de trois personnages qui ne se connaissent pas. Il s'adresse à Alice en la vouvoyant, c'est une enseignant quarantenaire, falote et mal dans sa peau. Il tutoie David, un cadre commercial du même âge prêt à tout pour réussir. Enfin il utilise le pronom "il" ou "elle" pour les chapitres consacrés à Dominique, l'étrange restaurateur, vieux monsieur où serveuse sexy, qui vit dans un incroyable musée personnel et utilise ses dons de sorcier(e) au profit de ses clients d'un soir. Pendant qu'un ou plusieurs monstres terrorisent la ville les trois personnages se retrouvent pour un dîner hors du commun ou la recherche de vérité est bien le plat principal. Chacun se demandant si ce n'est pas lui le monstre, ce dîner va leur apporter quelques vérités sur eux-même et nous obliger à nous poser des questions.
Une chose est certaine, Charles Roux a de l'imagination. Ce roman inclassable est un peu trop long, comme beaucoup de primo-romanciers, il a voulu y mettre un maximum d'idées. Il y a beaucoup de redites mais elles forment comme une petite musique.
Assurément un auteur à suivre
https://ffloladilettante.wordpress.com/2021/07/01/les-monstres-de-charles-roux/
Dans cette histoire, on va découvrir trois personnages, Alice, David et Dominique, avec chacun son parcours et ses expériences. L'auteur les interpellera, il s'adressera à Alice par le vous, à David par le tu et désignera Dominique par le il ou le elle.
A la nuit tombée, un monstre parcours la ville, tuant, pillant et détruisant sans laisser de traces. Un mystérieux restaurant ouvre ses portes dans une ruelle obscure. L'heure d'un dîner-spectacle à nul autre pareil a sonné.
On va suivre chacun des protagonistes dans leur journée, et la façon dont ils vont se préparer, leurs hésitations, leurs décisions jusqu'à l'arrivée de ce fameux dîner.
Là bien des choses se passeront ou pas ?
Au cour de ce dîner, ces trois personnages vont chercher à découvrir qui ils sont vraiment. Pour ce faire, ils affrontent leur monstre intérieur, cette part sauvage qui réside à l'intérieur de chacun de nous.
Ce roman interroge l'identité, ce que nous sommes tous devenus, par le biais de notre environnement, de nos relations aux autres, des obligations sociales. Comment devenir réellement soi-même, voilà la question centrale qui anime Alice, David et Dominique tout au long de ce roman et peut-être chacun d'entre nous. C'est une exploration sublime de l'identité et de la vérité, de l'amour et du bonheur.
Y-a-t-il Un monstre qui sommeille en chacun de nous ? Quelle part d'ombre et de malfaisants se cache sous nos dehors innocents, insipides ou glorieux ?
Ce roman d'atmosphère nous conduit aux confins du sublime et du maléfique.
Merci aux 68 Premières fois et aux Éditions Payot et Rivages de m'avoir permis de découvrir ce livre
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