Des romans policiers à offrir ? Faites le plein de bonnes idées !
On ouvre le recueil, on pose le pied sur le parquet de l’enfance qui craque et nous voilà embringués sur un frêle esquif où « grincent aussi / les planches du radeau »
Ce radeau, c’est celui sur lequel s’est embarquée « l’humanité entière ». L’allégorie est puissante, on pense au « radeau de la Méduse » tableau de Géricault qui a peint le sort effroyable des naufragés et l’on se demande quel est le but ultime de ces hommes, tous embarqués dans la même galère :
« Sur le radeau/ chaque être ne tend finalement/ que vers l’absurdité du voyage ».
On sait qu’il n’y aura pas de retour car « jamais le radeau ne revient en arrière ».
On vogue aussi dans l’infiniment petit, dans le prosaïque : « Le rafiot semble une simple épluchure/ aspirée par un siphon. » Car notre humanité agglutinée ne pèse pas lourd dans l’immensité du monde.
Parmi tous ces personnages qui se partagent l’espace étroit du radeau, hommes, femmes, enfants, jeunes ou vieux, il y a une figure qui s’élève au-dessus d’eux, celle de Yorick « surgi d’on ne sait quel recoin », Yorick, bouffon du roi dont le crâne apparait dans « Hamlet ». Mais ici, il est bien vivant qui « esquisse de loin/ le geste d’une caresse ». Yorick, qui n’a peur de rien, surtout pas de l’orage et qui a gardé son humanité face aux nourrissons alors que « chacun tente de refouler son désir/ de cette chair sucrée, tente ! ... » Et l’on repense au radeau de la Méduse où le cannibalisme s’est imposé comme moyen de survie.
Tandis que les enfants s’oublient dans le jeu pour échapper au poids du présent, la vie du radeau est rythmée par le pouvoir du monarque et de ses ministres. Il y a un tribunal et des soldats, toute une absurdité pour qu’une minorité puisse affirmer son pouvoir sur le reste des hommes.
« D’un bout-à-l ’autre du radeau/ l’armée défile/ Tous doivent la regarder passer/ … Tous doivent chanter l’hymne. »
La religion est présente, certains croient en « Toutenhaut » et d’autres « adorent plusieurs divinités » auxquelles ils font des offrandes. Il y a deux cultes qui « se livrent une guerre sans merci ». Mais rien ne repousse la mort ni la folie « comme seul mode d’existence ».
Et puis la fin du voyage, où le terminus a « l’abrupt du gouffre » et se clôt sur « l’immense éclat de rire de Yorick, le dernier »,
Ce long poème se présente comme une épopée narrant les vicissitudes d’une humanité condamner à un voyage sans retour. Tout du long, la poétesse convoque nos démons, évoque notre fin inéluctable. Pourtant, malgré la cruauté du sujet, l’humour et la dérision sont là, souvent portés par la figure emblématique de Yorick.
On frissonne parfois à la lecture mais on embarque jusqu’au bout du voyage avec ces compagnons du radeau qui nous ressemblent tant.
Chantal Dupuy-Dunier dit de la poésie qu’elle « est un travail d’artisan et d’orfèvre du langage, une recherche du sens à donner à notre vie minuscule, une source à laquelle se désaltérer. »
Désaltérons-nous donc à la source de cette écriture belle et tragique.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
Des romans policiers à offrir ? Faites le plein de bonnes idées !
Nostalgique, nomade ou plutôt romantique ? Trouvez le livre de la rentrée qui vous correspond !
Nouveaux talents, nouveaux horizons littéraires !
Des romans, livres de recettes et BD pour se régaler en famille !