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Le politicien Johan Svärd a pris le pouvoir grâce à une victoire électorale historique. Sa promesse de campagne : éradiquer l'obésité. Le jeune chercheur Landon Thomson-Jaeger voit alors sa copine tomber petit à petit dans l'anorexie, et les églises se transformer une à une en centres de santé. C'est en essayant d'échapper à la propagande qu'il rencontre Helena, qui vient de perdre son emploi car les infirmières ayant de l'embonpoint ont, selon le Parti, une influence néfaste sur les patients. Le Parti de la Santé est prêt à tout pour faire disparaître l'obésité. D'ailleurs, où sont passés les obèses ? Quand Helena disparaît à son tour, Landon part à sa recherche et fait sur son chemin des découvertes qui font froid dans le dos...que se passe-t-il dans les "camps pour obèses" du Parti, et jusqu'où iront les contrôles ? Le climat social est rude et la menace pèse...
L'épidémie de ce livre n'est pas celle liée à un virus, qui agit au hasard, sans réfléxion. Non, elle est bien plus horrible parce que c'est celle du cerveau dérangé de certaines personnes qui vont perpétrer des ignominies au nom d'une idéologie. Cette épidémie c’est celle de la haine.
Le nouveau pouvoir en Suède promet de réduire drastiquement les problèmes de santé liés au surpoids. Johan Svard, le 1er ministre, veut faire descendre le taux de personnes obèses.
Un grand engouement se met en place dans le pays et tout le monde, ou presque, décide de prendre sa santé en main.
Les dérives vont vite arriver… Il y a ceux, qui, obsédés par leur poids tombent dans l’anorexie, les interventions de réduction de l’estomac à gogo y compris sur les nourrissons dès la naissance et puis, effet contraire à ce qui est préconisé, des personnes, qui, face aux restrictions demandées vont au contraire se mettre à manger davantage.
Un nouvel indice à été mis en place, l’IMGM, qui contrairement à l’IMC que nous connaissons, prend mieux en compte la quantité de graisse et de muscles. Tous ceux dont l’indice d’IMGM est supérieur à 42 ou 50 se voient contraints de quitter leur appartement, se retrouvent au chômage…
Peu à peu le regard de la population envers les « gros » change. Les « gros » coûtent de l’argent à cause de leurs maladies, ce sont des fainéants qui ne font jamais de sport et ne pensent qu’à manger, … ce sont de vrais porcs, la plaie de la société ! L’animosité et l’antipathie à leur égard va grandissante.
Malgré tout, Johan Svard fulmine ! Le taux de « gros » a augmenté, cela ne correspond pas aux promesses qu’il avait faites, et il n’a plus que 6 mois avant les prochaines élections pour remettre de l’ordre dans tout ça.
Puisque les gros sont des porcs ils seront traités comme tels. Il va mettre en place des « camps pour gros » où des programmes d’amincissements seront mis en place.
Mais peu à peu certaines de ses personnes ne réapparaissent pas, quelques uns s’interrogent. Des rumeurs circulent, on aurait vu des bétaillères embarquer des gros. Des rafles. Pour les emmener où ? Où se trouvent ses soi-disant camps ?
Svard compte bien sur les théories complotistes pour mener à bien, au plus vite, ses horribles desseins qui ne sont pas sans rappeler les heures sombres de notre histoire…
*****
Le parallèle avec ce qui est arrivé aux juifs durant la seconde guerre est évident ici. Ce ne sont plus eux les victimes mais les personnes en surpoids.
On marche dans les pas d’un jeune chercheur qui après vu sa femme dépérir, en enchainant régimes sur régimes, médicaments et opérations en tout genre pour maigrir, va faire la rencontre d’Héléna, une femme ayant un certain embonpoint, avec sa petite fille. Suite à sa disparition il va essayer de comprendre ce qu’elle a pu devenir et ce qu’il va découvrir dépasse l’entendement ! Malheureusement comment agir contre l’ignominie alors qu’il est seul et n’a aucune preuve ?!
On avance dans le livre avec la boule au ventre en découvrant peu à peu ce monde terrifiant où plus grand monde ne réagit face aux aberrations et à l’innommable, et on ne peut s’empêcher de se dire que oui certaines choses de notre passé pourraient très bien se reproduire parce que des personnes savent très bien comment faire pour manipuler les masses sans que l’on ne s’en rende compte avant qu’il ne soit trop tard et ça fait peur.
« Matin brun », nouvelle de Franck Pavloff, écrit en 1998, en est aussi l’exemple.
En Suède, le 1er ministre a un seul objectif : faire de son pays, l’état le plus sain et le plus mince.
L’IMC devient la norme. En dessous, on peut continuer à travailler, à vivre.
Au-dessus, les mesures deviennent de plus en plus contraignantes.
La population dans son ensemble, ne bouge pas, obéit, même si certains ne comprennent pas cette discrimination faite aux gros et la rejettent.
De nouvelles élections à l’horizon et le 1er ministre décide de passer à la vitesse supérieure avec « ces porcs » comme il les appelle.
Landon, jeune chercheur et universitaire, a perdu sa femme suite à un amaigrissement trop poussé. Il comprend le danger surtout quand sa voisine, Helena, femme séduisante et pulpeuse, disparait soudainement.
J’ai lu ce récit d’une seule traite car l’histoire est crédible et le suspens bien entretenu. Elle nous renvoie aux travers de notre société : la grossophobie, l’indifférence aux décisions politiques, l’individualisme.
Et elle nous renvoie aussi aux travers de l’histoire : des hommes politiques, orateurs convaincants dépourvus de sincérité et liberticides.
Celui du 1er ministre est particulièrement réussi : un homme souriant, charismatique, mais en fait habile et manipulateur, prêt à toutes les extrémités pour arriver à ses fins.
Au début, un journaliste l’interroge à propos de sa campagne d’amincissement général : « mais la santé n’est-elle pas avant tout, une affaire privée ? Quelque chose que l’individu doit gérer seul ? »
La réponse du 1er ministre est très habile : « l’éducation de mes enfants est elle une affaire privée dont l’école n’a pas à se mêler ? Mes dix pitbulls qui aboient dans mon arrière-cour sont-ils une affaire privée dont mes voisins n’ont pas à se mêler ? Et pourquoi, faire le tri sélectif des ordures ménagères ? (… ) Nous ne vivons pas isolés, nous vivons ensemble. Même économiquement, nous sommes liés : ce sont mes impôts qui paient l’arrêt maladie du voisin. Dans la santé, la seule chose qui soit privée est la manière dont nous nous sentons. La façon dont tout ça nous influence est une question politique. Au plus haut point. »
Elle nous renvoie aussi et surtout à une certaine petite étoile jaune, et cela fait frémir, car les populations ont peu réagi aux mesures de plus en plus discriminatoires.
Félicitations à Asa Ericsdotter, auteure suédoise, dont c’est le premier roman. Un premier essai et un coup de maître.
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