Yamen Manai, Prix Orange du Livre en Afrique 2022, partage avec nous sa bibliothèque idéale
Antonio José Bolivar connaît les profondeurs de la forêt amazonienne et ses habitants, le noble peuple des Shuars. Lorsque les villageois d'El Idilio les accusent à tort du meurtre d'un chasseur blanc, le vieil homme se révolte. Obligé de quitter ses romans d'amour - seule échappatoire à la barbarie des hommes - pour chasser le vrai coupable, une panthère majestueuse, il replonge dans le charme hypnotique de la forêt.
Yamen Manai, Prix Orange du Livre en Afrique 2022, partage avec nous sa bibliothèque idéale
El Idilio, petite localité reculée en Amazonie, Antonio José Bolívar, son dentier en poche, y est sommairement installé depuis qu'il a quitté le peuple Shuars qui règne en forêt.
Le cadavre d'un homme blond (gringo) est découvert dans une pirogue, le Maire véreux de la petite commune accuse les Shuars, mais Antonio José Bolívar, le vieil homme, déchiffre les blessures et avance l'hypothèse que le crime est en réalité la vengeance d'une femelle ocelote envers les chasseurs qui ont probablement tué ses petits et son partenaire mâle.
Merveilleux embarquement au fin fond de la forêt amazonienne, avec un personnage principal Antonio José Bolívar plus que touchant. Un petit livre touchant, drôle et politique.
Le jeune Antonio José Bolivar quitte ses montagnes péruviennes pour se faire colon en Amazonie, là où on lui offre une terre à déboiser. Mais le paradis promis jusque dans l’ironique toponyme de ce trou perdu dans l’immensité verte de la forêt – El Idilio – est en réalité un enfer. Après de dramatiques déboires, il abandonne bientôt toute velléité de dompter la nature et choisit plutôt de s’adapter à elle en assimilant l’ancestrale expérience des Indiens Shuars.
Mi-conte, mi-récit d’aventures, le texte fascine d’emblée son lecteur, au gré de dépaysantes péripéties qui nous font d’abord passer des rêves du gringo blanc à son désenchantement désespéré au contact d’un environnement hostile et incontrôlable. Contrairement à ses semblables, Antonio José Bolivar accepte de plier et de changer, admiratif et curieux de la manière dont les Shuars réussissent, eux, à vivre heureux dans cet environnement dont ils ont appris à tirer le meilleur parti. Cette acclimatation s’accompagne d’un complet changement de regard. Désormais, c’est entre raillerie et désapprobation que l’on observe les nouveaux arrivants, passant du rire devant le ridicule de leurs comportements inadaptés, à la consternation face aux destructions engendrées à la longue par leur persévérance et leur nombre. Car, aussi insensée et risible soit-elle, et même si certains y laissent la vie, la cupidité finit par grignoter la forêt, détruisant aveuglément ce territoire volé à la vie sauvage et aux Shuars.
Finalement, lui qui se sera efforcé sa vie durant « de mettre des limites à l’action des colons qui détruisaient la forêt pour édifier cette œuvre maîtresse de l’homme civilisé : le désert », ne pourra que mesurer tristement l’étendue des dégâts. Alors que la jungle amazonienne cède de plus en plus de terrain, menaçant les Shuars comme la fonte de la banquise les ours polaires, ne reste plus, au vieil homme qu’est devenu Antonio José Bolivar, que l’évasion vers le paradis artificiel des romans à l’eau de rose qu’il affectionne depuis qu’il a, sur le tard, appris à lire avec émerveillement.
L’humour du désespoir anime ce bref et émouvant roman, façonné par l’engagement écologique de l’écrivain, qui, ayant partagé un an le mode de vie des Indiens Shuars en Amazonie, a pu mesurer de près l’impact de la colonisation de leur territoire. Après avoir ri et tremblé, c’est le coeur serré que l’on referme cette ode magnifique à la nature et à la diversité des rapports aux mondes. Car, comment ne pas voir dans l’ultime combat perdu d’avance du valeureux jaguar de cette histoire, la lutte désespérée, et souvent réprimée dans la violence, des peuples d’Amazonie pour la reconnaissance de leurs droits ? Coup de coeur.
Antonio José Bolivar vit tranquillement dans sa cabane à El Idilio, une bourgade située sur les rives du Nangaritza, au fin fond de l’Amazonie équatorienne. Avant de s’installer à El Idilio, il a vécu pendant de longues années dans la jungle, au milieu des Indiens Shuars, qui lui ont appris tous les secrets de la forêt. Aujourd’hui, vieux, solitaire et romantique, Antonio José Bolivar passe le temps en lisant des romans d’amour.
Un jour, quand des Shuars amènent au village le cadavre d’un homme blanc, chercheur d’or dans la région, Antonio José Bolivar comprend très vite que le type, braconnier stupide et donc suicidaire, a eu la grande idée de s’en prendre à une famille de jaguars, dont il a dépiauté les cinq petits, sans penser un seul instant que la mère de ceux-ci pourrait l’attaquer pour se venger. Antonio José Bolivar comprend presque aussi vite que la maman jaguar, qui a désormais goûté au sang humain en plus d’être folle de rage et de douleur après la mort de ses petits, ne se contentera pas d’une seule victime. Le maire du village le comprend aussi, et met sur pied une expédition pour aller abattre l’animal.
A cause de sa science de la forêt, Antonio José Bolivar est engagé dans l’aventure un peu malgré lui, alors qu’il préférerait lire tranquillement ses romans et s’évader ainsi dans une bulle préservée de ce monde bête et méchant.
« Le vieux qui lisait des romans d’amour » est un conte écologique, le premier roman écrit (en 1988) par Luis Sepúlveda, et qui lui a été inspiré par la rencontre d’un vieil homme blanc dans la forêt amazonienne, alors qu’il avait lui-même élu domicile chez les Shuars pour quelques mois, après être sorti des geôles de Pinochet.
Ce roman rend un triple hommage : à la forêt amazonienne dévastée par la cupidité des Blancs, à Chico Mendes, ardent défenseur de cette forêt et assassiné en 1988, et à la littérature, cet « antidote contre le redoutable venin de la vieillesse« . Avec tout ça, sa fausse simplicité, sa poésie, son personnage attachant et le talent de conteur de Luis Sepúlveda, comment s’étonner du succès de ce roman et ne pas l’aimer ?
42 pages de critiques sur Babélio et je n'ai vu que 2 critiques plutôt négatives !!! Tous des 5 ou 4 étoiles avec des avis dithyrambiques dont 79 personnes l'emporteraient sur une île déserte !!! Là, je me regarde et je me dis mais qu'est ce qui ne va pas chez toi ??? Qu'est ce que tu n'as pas compris ??? Je vous assure, je suis très dur avec moi-même . Mais bon je ne peux tout de même pas faire semblant de dire : "waowww quelle pépite, un vrai chef d'oeuvre" alors que je n'ai pas aimé cette lecture !!! Enfin, pas aimé c'est peut être trop fort comme mots mais je n'ai rien trouvé d'exceptionnel à ce livre ! Vous dites "poétique" mais où est la poésie ?? je la cherche encore !!! vous dites "remplis d'humour", à quel moment avez vous souri ? Bon un peu de positif tout de même ... dépaysant ? oui biensur, heureusement !! l'histoire se situe en pleine jungle avec les peuples amazoniens ! Une ode à la nature ? mouais je dirais plutôt un texte écologique et anti chasse ! l'auteur voue une admiration aux animaux de la jungle et le démontre très bien ! En conclusion : Une lecture plaisante sur le moment mais certainement vite oubliée ...
Ce n'est que mon humble ressenti et je ne suis personne pour qualifier un livre de chef d'oeuvre ou de navet ... donc, svp, inutile de me bombarder de vos critques pour m'expliquer ô combien ce livre est un chef d'oeuvre pour vous ! A chacun son ressenti et c'est génial comme ça ;)
J'ai trouvé en ce livre une étrange ode à la nature tropicale, belle et terrifiante à la fois.
On comprend rapidement que dans de tels endroits du monde, il faut apprendre à vivre en harmonie avec ce milieu et bien le connaître si on veut survivre.
Ce roman est plein de poésie, il donne le sentiment d'une communion de l'Homme avec la terre nourricière et les étoiles, comme si nous faisions partie d'un grand tout, en totale union avec l'univers.
Je me suis laissé envoûter par ces descriptions.
Antonio José Bolivar Proaño dit le vieux, natif de la ville et parti vivre au bord de la jungle, a tout appris au contact des Shuars, peuple qui vit en osmose avec la forêt.
Il y a quelques dialogues hilarants, notamment pendant la chasse au fauve mais aussi une sagesse infinie et l'humilité qui convient face à la nature sauvage.
J'ai trouvé ce roman magnifique et totalement envoûtant, mais aussi déchirant quand on pense à la destruction lente mais inéluctable que l'Homme opère dans ces endroits sauvages, par pure bêtise et absolue cupidité.
Je découvre cet auteur avec ce livre qui est un petit bonheur de lecture. Cette traque, ce duo animal/humain nous montre que le plus cruel n'est pas celui que l'on croit.
Un court récit dont les premières pages sont assez déroutantes.
Antonio José Bolivar est le vieux.
Le souhait d’un meilleur avenir la conduit à El Idilio, port fluvial perdu au bout du monde. Malheureusement, cet exil ne sera pas de tout repos, il débarque sur un lieu périlleux imposant le respect du vivant qui l’habite pour espérer y survivre.
Nous vous attendez pas à un roman que l'amour des livres par le vieux mais a une improbable aventure.
On peut surtout décrire le vieux comme un sage. Ce roman nous questionne sur le sens d’une vie et nous rappelle et nous invite à être plus humble face à la nature.
Ce court roman se lit d’une traite.
Je vous le conseille cette dose d’émotions qui vous fera méditer pendant plusieurs jours
Nous avons tant de livres à la maison que, parfois, je découvre par le plus grand des hasards et avec surprise leur existence … C’est ainsi que j’ai appris que nous possédions ce livre au moment de le mettre en carton, sans avoir la moindre idée de quand et comment il a bien pu atterrir dans cette étagère enfouie au fin fond du bureau. Une combinaison de facteurs – « tout nouveau tout beau », une consigne du loto littéraire et l’envie de découvrir cet auteur qui nous a quitté durant l’année – a permis à ce petit roman d’être sauvé de l’encartonnage et de rejoindre le cercle très fermé de mes prochaines lectures. Pour tout avouer, je n’avais absolument aucune idée de ce dans quoi je m’embarquais : je ne connaissais alors l’auteur que de nom, et même si j’étais plutôt intriguée par le titre – qui ne me semblait pas correspondre à l’illustration de couverture, qui plus est –, je n’avais même pas lu le résumé ni la moindre chronique à son sujet. Pas le moindre a priori, pas la moindre attente, juste l’envie de plonger dans l’inconnu …
Il y a bien des années de cela, après avoir quitté le petit village de son enfance avec sa femme pour aller s’installer au cœur d’une exploitation de colonisation de l’Amazonie, après avoir perdu sa bien-aimée et avoir vécu aux côtés des indiens Shuars qui lui ont appris à aimer, respecter et connaitre la jungle, le vieil Antonio est revenu à la « civilisation ». Depuis lors, il passe la plus grande partie de ces journées à lire des romans d’amour que son ami le dentiste lui apporte tous les six mois, lors de sa fameuse et douloureuse « consultation » biannuelle. Mais son nouveau quotidien bien rodé et bien tranquille brise en éclat lorsqu’un gringo, ces touristes américains qui ne respectent rien ni personne, et surtout pas les lois immuables et implacables de la vie sauvage, tue des bébés jaguars pour leur fourrure … La mère, folle de douleur, se met en chasse : l’homme paiera, les hommes paieront pour la mort de ses rejetons. Alors, le maire demande à Antonio, l’un des meilleurs chasseurs de la communauté, de s’occuper du fauve …
C’est toujours difficile de parler d’un livre aussi court que celui-ci : il en faut peu pour en dévoiler trop, pour gâcher le plaisir de la découverte pure. Je pense que je n’aurai pas tant savouré ma lecture si j’en avais su plus au moment de l’entamer : c’est vraiment le fait de m’y être plongée sans avoir la moindre idée de ce qui m’attendait qui a rendu cette lecture si envoutante. Pas extraordinaire, car l’auteur ne sombre jamais dans le spectaculaire, mais enchanteresse. Comme la forêt amazonienne qu’il nous décrit avec force et détails, cette forêt foisonnante de vie, cette forêt à la fois si belle et si cruelle à l’encontre de ceux qui ne savent pas s’y comporter avec déférence et prudence. Cette forêt qui nous habite, le temps d’une petite centaine de pages, avec sa moiteur, sa chaleur, avec ses chants d’oiseaux, avec ses rires de singes, avec ses silences qui annoncent la mort en approche. Avec bien peu de mots, l’auteur nous immerge complétement dans cette jungle aux mille couleurs et aux mille visages, cette canopée qui constitue le cœur et le poumon de notre planète mais qui dépérit à petit feu, la faute à l’homme, sa stupidité, sa cupidité.
Car voici bien ce que nous relate ce roman aux accents de fable : les débuts de la déforestation intensive par les colons, ces hommes blancs persuadés d’être les maitres du monde, convaincus de détenir la science infuse, qui rabaissent et dénigrent les autochtones, ces « sauvages » qui vivent à moitié nus et se nourrissent de viande de singe. Et pourtant … Pourtant ce sont eux les véritables sages. Eux qui savent comment vivre en harmonie avec la nature, car ils ont bien compris que sans elle, ils ne sont rien. Eux qui savent comment cohabiter avec les animaux, même les plus dangereux, sans attirer leur courroux vengeur. Alors que l’homme blanc, lui, agit sans réfléchir : il veut montrer qu’il est « le plus fort », alors il tue d’innocents petits jaguars pour se parer de leur fourrure, sans songer une seule seconde à la souffrance qu’il inflige à la mère, sans imaginer un seul instant qu’il vient de condamner tous les autres à cause de sa seule arrogance. Ce livre dépeint avec lucidité la folie humaine, la barbarie des hommes qui se disent « civilisés » et qui pilent allégrement les ressources planétaires pour leur petit plaisir immédiat, sans penser aux conséquences de leurs actes.
Mais pourtant, il se dégage de ce livre une certaine douceur. Comme si la sérénité du vieil Antonio contrebalançait toute cette violence. Pour passer le temps, tandis que ses compatriotes anéantissent doucement cette forêt verdoyante et bienveillance, le vieux lit des romans d’amour. Des romances un peu niaises, où tout se finit bien malgré les déchirantes péripéties qui empêchent les tourtereaux de vivre en paix. Des romances à l’eau de rose qui égayent ce rude quotidien et occupent ses vieux jours. Il ne les dévore pas, loin de là : il les déchiffre laborieusement, syllabe après syllabe, à haute voix, lentement mais patiemment. Ses livres sont ses plus grands trésors – avec son dentier, indispensable, et sa loupe, inestimable – et il les savoure même quand il ne comprend pas tous les mots. J’ai trouvé cela très touchant de voir ce vieil homme lutter vaillamment pour progresser dans sa lecture, mais sans jamais se décourager, alors que trop de nos jeunes crachent sur les livres qu’ils considèrent un peu « trop compliqués » car il faut se concentrer et réfléchir … Ce n’est peut-être pas le sujet principal, mais j’ai trouvé cette ode à la littérature (non pas la « grande littérature » des auteurs classiques, mais celle de tous les jours, de tout le monde) vraiment émouvante !
En bref, vous l’aurez bien compris, ce petit roman fut une très agréable surprise. Bien sûr, il ne s’y passe « pas grand-chose » de palpitant, mais il dégage vraiment quelque chose d’à la fois très puissant et très élégant. La beauté dans la simplicité, la force dans la douceur. L’auteur n’est pas tendre à l’encontre de la nature humaine, il se pose en défenseur de la nature – faune et flore – et n’hésite pas à critiquer vertement les conduites inacceptables de ces gringos qui ne songent qu’à faire le plein de sensations fortes pour aller fanfaronner devant leurs amis … Mais surtout, il loue la beauté de la forêt amazonienne et de ses mille mystères, il glorifie la beauté des animaux sauvages et de leur intelligence. Il fait naitre en nous la révolte face à la manière dont l’homme détruit cette jungle et massacre ces bêtes, la façon dont l’homme écrase les civilisations « primitives » au lieu d’apprendre de leur expérience ancestrale. Il nous donne envie de mettre fin à toutes ces horreurs perpétuées au nom du « progrès », de la croissance économique et de cette volonté de « profiter de la vie » au détriment de celle des autres … Un petit récit, oui, mais essentiel.
http://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2021/02/le-vieux-qui-lisait-des-romans-damour.html
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