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Andersen avait la conviction que le récit de sa propre vie serait le meilleur commentaire de son oeuvre. Aussi avait-il doté l'édition de son oeuvre complète en allemand, parue en 1847 à Leipzig, d'une autobiographie, écrite et rédigée pendant son grand voyage en 1846 à travers l'Allemagne, l'Autriche, l'Italie et le Midi de la France.
À part quelques coupures indispensables, quand on s'adresse à un public français moderne, cette traduction suit fidèlement le texte original du Mit Livs Eventyr. Le langage et le style d'Andersen sont, même en danois, très particuliers. Le grand critique George Brandès a dit : « Ce n'est pas du danois, c'est beaucoup plus, c'est de l'Andersen. » J'ai tenu dans ma traduction à garder autant que possible ce ton naïf, plein de charme et de poésie, qui fait du Conte de ma vie, le plus riche et le plus vivant des contes d'Andersen.
L'édition présente du Conte de ma vie se termine comme l'édition originale danoise le 2 avril 1855. De la suite (du 2 avril 1855 au 17 décembre 1867) parue après la mort du poète, je n'ai indiqué que quelques dates et quelques événements.
Ainsi commence l'autobiographie d'Andersen : «Ma vie est un beau conte, riche et heureux. Si, lorsque je n'étais encore qu'un pauvre enfant abandonné, j'avais rencontré une puissante fée qui m'eût dit : « Choisis ta route et le but de ta vie, puis selon tes dons et les lois de ce monde je te protègerai et te guiderai », mon sort n'aurait pu être meilleur, ni plus sagement ordonné. L'histoire de ma vie confirme ce qu'elle m'a appris : « Il y a un bon Dieu qui mène tout pour le mieux. »»
On a tendance à mélanger allègrement les auteurs des contes, entre Perrault, les frères Grimm qui ont retranscrit des histoires folkloriques, mais ceux d’Andersen sont parfois plus sombres et plus poétiques.
Et pour cause lorsque l’on parcourt cet ouvrage il traverse le temps et les continents en se faisant connaitre comme poète, dramaturge et voyageur.
Son récit dépeint son enfance difficile, dans la misère mais marquée par un profond optimisme, une foi naïve (attention il n’est pas une grenouille de bénitier), qui habite également son amour du théâtre - enfant il se rêvait comédien.
Il raconte aussi un pan de l’histoire du Danemark, de ses rois, de la création de Tivoli, du monde du théâtre, et ne cache aucune des déconvenues et critiques dont il a été l’objet. Mais tout a un parfum de romanesque, ce n’est pas un récit cru et réaliste mais une sorte de conte comme l’annonce le titre, teinté de fantastique et de mystère.
Malgré les difficultés et épreuves, il semble toujours croire en son destin, et pour cause, il y aura toujours sur sa route de généreux mécènes, dont le roi, qui lui permettront de pénétrer dans le monde du théâtre, de voyager, de vivre de sa plume, mais cela sera toujours entrecoupé d’épisodes de grande détresse et de doutes.
Décrié dans son pays, méprisé, l’opinion danoise se radoucira à son égard à la suite de son succès à l’étranger où il sera publié en premier. Il accomplira de nombreux voyages malgré ses peurs et appréhensions, il rencontrera Hugo, les frères Grimm, Dickens avec qui il sera fortement lié.
Il est à l’image de ses personnages de contes avec une vie romanesque, du moins telle qu’il la dépeint, avec toutes ses fragilités et cette foi naïve en son destin, il est la petite fille aux allumettes. Lui le petit garçon dont une cartomancienne avait prédit que la ville d’Odense s’illuminerait en son honneur, ce qui sera le cas.
« Chacun peut s’il sait regarder autour de lui avec es yeux de poète percevoir ces manifestations de beauté que j’appellerai: poésie du hasard » . Ce qu’il appliquera toute sa vie et dont il tirera des contes…dans « l’ombre » il est à la fois le personnage qui perd son ombre ne supportant pas la chaleur en voyage en Italie et cette dernière qui persévère dans ses projets, en voyage il sauvera un petit mélèze ne supportant pas de voir un arbre mourrir, il note attentivement le passage des cigognes qui annoncent un voyage, il pousse un cri du coeur suite à sa visite de catacombes: "Je ne veux plus descendre sous terre avant qu’on m’y dépose pour toujours ».
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