A chaque fois que je me lance dans un "Anna Gavalda", je me dis que ça y'est... le moment est probablement venu où je vais être déçue. Parce que soyons réalistes, je connais peu d'écrivains qui sont toujours au top de leur forme. Arrive toujours un moment dans leur carrière où leur régime...
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A chaque fois que je me lance dans un "Anna Gavalda", je me dis que ça y'est... le moment est probablement venu où je vais être déçue. Parce que soyons réalistes, je connais peu d'écrivains qui sont toujours au top de leur forme. Arrive toujours un moment dans leur carrière où leur régime baisse. Les mots ne sont plus les mêmes, le style s'essouffle, le pitch est merdique.
On m'avait dit : "La vie en mieux, c'est pas top"... Bien entendu comparé à ce chef d'oeuvre d'Ensemble c'est tout (oui c'est l'un de mes préférés), ce n'est rien du tout.
Mais si, en fait, c'est quelque chose. Parce que les tranches de vies dépeintes, les personnages ennuyeux à mourir, englués dans leur routine, ensevelis sous leurs rêves, tout cet univers là... il mérite de vivre, quelque part sur des feuilles de papier, ne serait-ce que pour nous bousculer un peu. Nous faire comprendre que l'on est aussi recroquevillés au bord de notre vie en attendant qu'elle passe.
Anna Gavalda sait faire ça. Nous raconter l'histoire de Machin, qui est un peu tout le monde au fond, qui regarde sa vie se vivre. Elle nous crie : ce mec endormi, c'est vous! Cette nana, paumée en mal d'amour, c'est toi! Et se faisant, elle ressucite au fond de nos prunelles ternes, l'espoir d'une vie meilleure, où l'on reprend notre rôle d'acteur.
C'est l'histoire de Mathilde, d'abord, et de Yann, ensuite, qui ne se rencontrerons pas. Leurs pages se frôlent mais ils resteront protagonistes de deux nouvelles différentes. Pourtant, ils ont beaucoup en commun. Ils ont oublié de vivre. Parce qu'ils sont "trop polis", parce qu'ils sont blasés, anéantis dans la fleur de l'âge par un monde de surmédiatisation, de surconsommation, de sur-trop-de-trucs-à-la-con. Et puis un jour, il rencontre leur "vieux petit maître de sagesse asiatique", un vieux juif amoureux et un cuisinier grassouillet en l'occurrence, mais comprenne qui pourra.
J'adore Anna Gavalda. J'aime sa façon d'écrire, ses grossièretés, ses dialogues de sourds, ses personnages dans leurs jus. J'ai adoré Mathilde, lancé à toute vitesse dans sa quête de son gros cuisinier amateur de couteaux. Et j'ai adoré Yann le Breton, et son coup de foudre pour ses voisins du dessus.
Donc non, ce n'est pas encore cette fois qu'elle me décevra...