Rose est âgée. Son dernier plaisir ? Une visite annuelle à sa soeur, un long trajet qu'elle effectue en voiture. La tragédie surgira d'un carrefour par la faute d'un cycliste imprudent, provoquant l'accident qui lui coûtera la vie.
Janice, une illustratrice dont les projets n'avancent guère, se préoccupe chaque jour de Rita, une SDF qu'elle se met en tête d'aider. Cette décision conduira finalement à l'internement de Rita.
Millie mène une vie bien réglée. Trop, peut-être. Elle décide de consulter la psychiatre de l'hôpital où elle travaille. Et l'on retrouve, dans cet hôpital, Rita et un jeune homme dans le coma suite à l'accident de voiture de Rose.
Rose, Janice, Millie sont trois des femmes que mettent en scène les nouvelles subtiles et implacables de ce recueil : elles sont vulnérables et aspirent à une sorte d'absolu. Mais c'est sans compter avec la facétie de l'auteure qui, à travers un jeu subtil de motifs récurrents, jette le trouble dans leur réalité, et dans leur destin.
C'est avec une émotion particulière que je referme ce livre, tant il a fait écho en moi.
" La vie effaçant toute chose", tel est le titre du nouveau roman de Fanny Chiarello, paru en ce début d'année, aux Editions de l'Olivier.
Neuf femmes. Neufs portraits. De beaux destins de femmes...
Composé à la manière d'un recueil de nouvelles, un chapitre est consacré à chaque femme, ce qui en rend la lecture que plus agréable. On les suit sur un laps de temps relativement cours, mais qui représente LE moment de la prise de conscience, parfois au bord du gouffre, d'une soif de liberté.
p. 92 : " Peut-on s'effondrer, tomber du haut de soi-même là où ça se produit et pas un centimètre plus loin pour la raison que l'on est soudain plus capable de jouer le rôle qui nous est imparti ? "
Adolescente, mère, épouse, conjointe, grand-mère, de milieux sociales divers et variés, elles sont toutes à un moment charnière et décisif, ce moment délicat où l'on sent que la vie bascule. Et chacune doit en appréhender la bonne mesure : "une révélation au bord de la conscience".
Ces neuf femmes se croisent sans se voir alors qu'à certains moments le destin de l'une interagit sur le destin de l'autre.
Ce n'est ni une œuvre féministe et encore moins une provocatrice (contrairement à certaines critiques que j'ai pu lire....), mais bien une réelle nécessité vitale de dépasser le conditionnement qu'impose la société aux femmes.
Ce livre pose finalement le postulat de la difficulté pour les femmes de s'extirper de tous ces carcans, qui les privent de toute leur liberté d'ETRE.
Ce roman est le témoignage d'une lutte contre un sexisme étouffant, dont les lectrices ne pourront que s'identifier à ces héroïnes contemporaines.
Magnifiquement construit, original par sa forme et audacieux par son fond !
Une voix vraiment à part dans la production littéraire française des auteurs de la génération 70 (cette veine ou l’on retrouve Laurent Gaudé ou Véronique Ovaldé etc) et, à nouveau, un livre à part dans la carrière de Fanny Chiarello.
Après, Une faiblesse de Carlotta Delmont (2013), Dans son propre rôle (2015, prix Orange du livre) et l’incroyable Le Zeppelin (2016), ce roman ajoute une nouvelle pierre à l’édifice de l’auteur.
9 femmes, 9 mini-histoires réparties en 3 chapitres (3 femmes par chapitre donc) et autant de vies que traverse un fil rouge (une sans-abris que l’on retrouve dans chaque chapitre et qui vient percuter la vie des 9 autres).
Il est difficile de résumer ce roman, car du fait de sa construction sur le principe des 9 chapitres, il y a bien 9 parcours de vie différents. Des tranches d’existences comme vous pourriez prendre une tranche de cake.
Bien sûr, chacune se trouve, à l’instant même de sa vie, au croisement de ce qui semble être la faille sur laquelle elle danse. Et tout le talent de l’auteur est de nous faire avancer sur cette mince ligne, auprès de ses personnages et d’en croiser les destins d’un chapitre à l’autre.
Comment expliquer, c’est comme le Boléro de Ravel. Au début ça n’a l’air de rien, c’est un peu répétitif et ça tourne en boucle, mais plus la boucle tourne plus elle se complexifie, et plus vous avancez dans l’écoute du morceau plus saisissez le génie pur de la création.
Là c’est la même chose, plus vous avancez avec ces 9 femmes, plus vous vous rendez compte du travail de construction de ces 9 textes, qui vous échappe un peu au début.
9 femmes, à des âges différents, à des moments ou face à des situations complexes et ce sentiments qu’elles sont au bord de la noyade. Sentiment seulement, car la vie comme le Boléro va tourner et les obliger à aller vers un sens ou une direction qui n’était pas à priori la voie choisie.
A lire en écoutant le Boléro et surtout à relire en réécoutant le Boléro
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