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Je vous souhaite un très beau moment de lecture !
À la pointe sud de la baie d'Umwelt, loin du monde et hors du temps, un ancien sanatorium surplombe l'océan. La bâtisse imposante a pris racine dans la haute falaise de calcaire qui menace de s'effondrer sous les coups de l'érosion.
Au loin, lorsqu'ils aperçoivent les deux phares insulaires, les capitaines au long cours réfugiés sur leurs cargos actionnent les cornes de brume en souvenir des enfants délaissés et des amours perdues.
Le domaine des Descenderies a accueilli des générations de patientes, alors atteintes d'hystérie ou de troubles mentaux, leur prescrivant soins et isolement, les assurant à défaut de guérison d'une issue magnifique et tragique.
Car le domaine est entouré d'un jardin, dédale luxuriant d'ifs, de cyprès, de pins et de mélèzes, un labyrinthe végétal qui, si l'on en déniche la porte tapissée de lierres, débouche sur l'infini. Un infini où l'on se jette.
Parmi les protégées orphelines du docteur Riwald, la fragile Leeloo a donné naissance à Malgorne, un enfant sourd. S'il n'entend ni le ressac ni les vagues qui se déchirent sur les brisants, il se nourrit des vents qui brassent les jardins secrets de ce chaos architectural. Et guette l'apparition des sirènes.
Magicien hors pair, Hubert Haddad nous entraîne dans le lacis hautement poétique de La Sirène d'Isé. Un roman magnétique, lumineux, magnifique.
Un roman qui fait la part belle aux rêves qui se mêlent à la réalité et la dépassent en intensité. Malgorne, jeune enfant sourd qui grandit aux descenderies, ancien hôpital militaire, domaine du Dr Riwald et Peirdre la jeune fille du sémaphore sont tous deux attirés par l’océan. Entre une mer qui grignote la terre en faisant reculer les falaises et un océan sur lequel navigue le père de Peirdre actionnant sa corne de brume, l’histoire tisse la toile qui les fait se rencontrer. L’écriture poétique de l’auteur crée une atmosphère magnétique qui envoûte le lecteur à chaque page.
Dans son nouveau roman, initiatique et envoûtant, Hubert Haddad met en scène un enfant né sourd dans un établissement isolé au fin fond d’une baie. Un conte lumineux.
Cela commence par une naissance quasi miraculeuse dans un sanatorium transformé en «maison de repos» construit face à la mer, au bord d'une falaise, dans la baie d'Umwelt. C'est dans cet endroit reculé, à l'abri des regards – en fait la population ne préfère rien savoir des traitements qu'on y prodigue – que la fragile Leeloo met au monde un fils baptisé Malgorne. Le bébé, né sourd, va devoir se débrouiller dans cet environnement hostile mais aussi protégé de la fureur du monde. Il ne pourra bénéficier de l'aide de sa mère, Leeloo étant portée disparue, emportée par l'océan. Sigrid va alors jouer le rôle de mère de substitution de même que le Dr Riwald, qui règne sur cette institution et à qui la justice a confié l’enfant. Un troisième viendra jouer un grand rôle dans l’initiation de l’enfant, Martellhus, le jardinier. C’est lui qui est en charge de la récréation du labyrinthe, un immense espace boisé devenu «un dispositif privilégié d’analyse comportementale, voire de thérapie» pour les patients. Prenant de l'âge, Martellhus confie son savoir à Malgorne qui, patiemment, va apprendre à apprivoiser cette végétation, faire des arbres des alliés qui vont lui permettre d'avancer.
Pendant ce temps, la mer sape la falaise. Jusqu'à ce jour où un effondrement important provoque la fermeture de l'institution psychiatrique.
«On dissémina les malades dans les institutions asilaires du district; quant aux membres du personnel, ils durent subir divers contrôles et interrogatoires avant d'aller postuler ailleurs selon leurs qualifications. La vieille Sigrid fut transférée dans une maison de retraite. Déserté face à l’immédiate proximité de l'océan, le domaine des Descenderies prit vite un aspect irréel qui raviva d'anciennes rumeurs combinant folie et phtisie, dégénérescence et contagiosité, sur fond d’enquête criminelle».
Martellhus et Malgorne continuent de veiller sur le domaine désormais à la merci des éléments. Seule une jeune fille répondant au doux nom de Peirdre, ose encore s'aventurer à bicyclette sur le chemin côtier pour tromper sa solitude, car son père, au décès de son épouse, a pris le commandement d'un navire. «D’évidence, le veuf avait fui les pluies infinies, battantes comme un cœur au tombeau. Il avait repris du service dans la marine marchande au lendemain des funérailles et n'était plus jamais reparu. La fin d'un amour est une fin du monde. On oublie tout au milieu des mers, la mort et la trahison. On s'oublie soi-même aux cimes de l'océan, seul endroit avec le ciel où l'infini partout s'abîme en lui-même.»
Cette apparition va envoûter Malgorne qui n’aura qu’une envie, la revoir.
Après avoir revisité une page d'histoire avec Un monstre et un chaos qui se déroulait dans la ghetto de Lodz, Hubert Haddad continue à explorer les territoires de l’enfance, les rites initiatiques et le combat contre l’adversité. Toujours aussi prenant, avec des phrases toujours aussi joliment ciselées, ce conte convoque sirène et solitude, grand large et rêves d’enfants, malédiction et soif de liberté. Laissez-vous à votre tour envoûter par la puissance poétique de ce récit.
https://urlz.fr/fpOT
Avec sa puissance narrative et sa poésie, le dernier roman d’Hubert Haddad a tout pour séduire et j’ai été séduite.
Ce roman mélange les genres, mêlant réalisme et merveilleux. Malgorne, personnage principal, est né sourd d’une jeune femme, belle et fantasque. Ils vivent sous la tutelle du Dr Riwald dont l’asile est installé dans un ancien sanatorium jugé au bord d’une falaise qui, peu à peu, se délite et sombre dans les flots. Après la disparition de sa mère et la fermeture du domaine, menacé par l’érosion, Malgorne demeure au domaine avec un gardien mutique. Sa tâche consiste à entretenir le labyrinthe végétal conçu par le médecin et dont il connait le moindre recoin. Attiré par l’océan et ses marées, Malgorne va croiser Peirdre, jeune fille enfermée dans sa mélancolie et qui hante la lande dès le crépuscule. Seule dans le sémaphore, elle écoute les sirènes des bateaux croisant au large où passe parfois son père aux commandes d’un cargo.
Ces personnages sont seuls, enfermés dans leur univers et tiraillés entre la vie et leurs rêves. Leurs destins vont s’entrecroiser sans qu’ils quittent les sentes de leur errance fantasmée, quitte à se perdre comme dans le labyrinthe mythologique du docteur Riwald.
A leur suite, nous errons le long des grèves, au sommet des falaises, nous nous perdons dans le dédale végétal sans trop savoir où nous mènera notre lecture. C’est sublime, déroutant et sublimé par la langue musicale et sensuelle d’Hubert Haddad. Ce voyage hors du temps nous fait rêver, nous bouscule et nous émeut. Les personnages semblent tout droit sortis des contes d’Andersen et l’histoire est à la fois merveilleuse et cruelle comme dans les contes.
Je me suis laissée happée avec ravissement par ce roman, entraînée dans ce monde étrange et halluciné, jardin suspendu au-dessus de l’océan.
Le sujet est très intéressant ces enfants handicapés, que je connais un peu, l erosion le mal actuelle , a lire est a decouvrir avec plaisir est en plus avec un auteur que je ne connais pas
Envie de fraîcheur saline et de poésie marine, alors n’hésitez plus à plonger dans ce très beau roman envoûtant et d’une beauté onirique ensorcelante.
Mes pensées sont encore dans ce lieu d’une beauté singulière, les Descenderies un ancien hôpital maritime du docteur Riwald dont les immenses baies vitrées baignent sur l’océan.
Ce vaisseau de pierres protégé à l’avant par l’immensité iroise et à l’arrière par un jardin labyrinthe, prend les allures étonnantes d’un fief moyenâgeux imprenable.
Malgorne, l’enfant sourd devenu roi de ce royaume sur terre comme le dieu Poséidon sur les mers est le gardien vivant des légendes portées par le souffle du vent et l’écho fantôme des cornes de brumes.
L’écriture est magnifique, poétique à souhait, un tableau de couleurs aux équinoxes somptueux et de douce rêverie. Avec Hubert Haddad, les mots s’évadent de leur enveloppe « les vagues meurent d’être sauves dans un remous d’écume », chevauchent des territoires inconnus, se juxtaposent dans d’étranges combinaisons et rivalisent de beauté sortilège pour amadouer la violence des tragédies humaines.
L’océan chante, bouge, lèche les parois fragiles de la falaise. Il est ce rempart mais aussi le vaste transporteur des vaisseaux d’acier et des nouveaux naufragés de la mer qui s’invitent derrière la fable.
J’aime beaucoup cette manière de raconter une histoire tristement réelle dans une intemporalité surnaturelle.
J’aime la sonorité des mots, leur langage, je les visualise, je les entends et je les respire.
Le lecteur est l’oreille de Malgorne, Malgorne est le maître de nos sens.
Il y a Malgorne « le cours visible des astres collait à son silence » et il y a Peirdre, la jeune fille mélancolique souffrant de solitude dans son sémaphore, sur le bec-de-l’aigle de l’autre côté de la baie « le crépuscule était sa délivrance ».
Ils sont tous les deux isolés, dans leur tour d’ivoire, la mer entre eux balayée par les lumières blanches du phare mais il suffit parfois d’un « il était une fois » pour que la vie surgisse là où on ne l’entendait plus.
J’étais dans un autre monde, dans un temps suspendu entre jardin et mer, au milieu des fleurs et des poteries, le ressac en fond sonore :
« Dans le clair-obscur du rêve tous les chemins égarent, rien ne commence ni ne s’achève et nul ne regarde où il marche ».
Merci pour cette magnifique chronique ! vous me donnez envie de lire cet ouvrage .
Ce roman est magnifique, je vous souhaite une belle lecture et au plaisir de vous lire !
ce roman est sur ma PAL et votre chronique me donne envie d e m'y plonger très vite
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