Passionné(e) de lecture ? Inscrivez-vous gratuitement ou connectez-vous pour rejoindre la communauté et bénéficier de toutes les fonctionnalités du site !  

La nuit de David

Couverture du livre « La nuit de David » de Abigail Assor aux éditions Gallimard
  • Date de parution :
  • Editeur : Gallimard
  • EAN : 9782073074263
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

«Je n'ai pas dit : David, allez, s'il te plaît, c'est dangereux. David, on annule, s'il te plaît, écoute-moi, je crois qu'il ne faut pas le faire. Je ne l'ai pas dit. Peut-être que si je l'avais fait, nous serions toujours l'un près de l'autre aujourd'hui. Mais à dix ans, j'avais fait une... Voir plus

«Je n'ai pas dit : David, allez, s'il te plaît, c'est dangereux. David, on annule, s'il te plaît, écoute-moi, je crois qu'il ne faut pas le faire. Je ne l'ai pas dit. Peut-être que si je l'avais fait, nous serions toujours l'un près de l'autre aujourd'hui. Mais à dix ans, j'avais fait une promesse à mon frère et je voulais la tenir. Je l'aimais trop - l'aimer a bien été le drame de ma vie.» Devenue adulte, Olive revient sur son enfance. Une maison sur les hauteurs du Loiret. En contrebas, le Loing dort, des trains grondent, et chaque jour, un petit garçon hurle, frappe et tente de s'enfuir. Elle observe son jumeau, inquiète. Par touches délicates, elle dessine une complicité fraternelle immense. Comment survivre à la cruauté de l'enfance ? Peut-être en devenant un train ou une grive. C'est l'espoir qu'Olive et David nourrissent jusqu'à cette nuit de leurs dix ans. Dans ce roman sensible et déchirant, Abigail Assor explore les failles d'une famille face à l'univers impénétrable d'un garçon pas comme les autres.

Donner votre avis

Avis (3)

  • Roman découvert il y a quelques jours après l'avoir reçu dans le cadre des coup de coeur du mois des lecteurs de Fémina.

    Gros coup de coeur pour ce second roman d'Abigail Assor, les chapitres sont courts. Une exploration des failles d'une famille. Un roman poignant et sensible qui nous...
    Voir plus

    Roman découvert il y a quelques jours après l'avoir reçu dans le cadre des coup de coeur du mois des lecteurs de Fémina.

    Gros coup de coeur pour ce second roman d'Abigail Assor, les chapitres sont courts. Une exploration des failles d'une famille. Un roman poignant et sensible qui nous fait chavirer, une oeuvre intime et exutoire, une plume envoûtante, une enfance cruel et belle, nuit ultime.

    Enfance, Famille, Manque d'amour, Effacement, Folie.



    "David baisse le regard, fait un pas triste vers la maison. Mais moi, je ne baisse pas le regard. Moi, je regarde Maman. Je me mets alors à danser. C’est un numéro de music-hall avec du mime et des chansons, des pirouettes, un numéro de clown et de magicienne, de gymnaste, que j’ai cent fois déployé pour mon frère. Et David, près de moi, se met à danser aussi. Nous dansons dans l’allée en fixant notre mère ahurie sous le ciel noir. Le bitume sous nos pieds se transforme en rails et sur les rails, nous dansons et nous rions comme deux petits diables. Je fais ce rêve et ce n’est pas ce qui s’est passé pour de vrai, cette nuit-là"

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)
  • Au début, ça ressemblait à une blague. Un jeu, une bêtise. “Un jour, Olive, je deviendrai un train, me soufflait-il tout petit avant que l’on s’endorme.” Et puis ça a tourné à l’obsession. À la folie. “Il me disait quand tu es un train, tous les arbres s’écartent pour te laisser passer et font...
    Voir plus

    Au début, ça ressemblait à une blague. Un jeu, une bêtise. “Un jour, Olive, je deviendrai un train, me soufflait-il tout petit avant que l’on s’endorme.” Et puis ça a tourné à l’obsession. À la folie. “Il me disait quand tu es un train, tous les arbres s’écartent pour te laisser passer et font des révérences. Il me disait quand tu es un train, tu creuses des chemins qui n’existent pas et de là, tu comprends toutes les choses, tu vois tous les secrets.” Plus qu’un rêve, devenir un train était, pour David, la seule issue possible. La seule issue comprise, acceptée, approuvée par sa sœur jumelle Olive, si différente de lui, si coquette, si parfaite. Ce projet fou, ils l’ont mis à exécution alors qu’ils avaient tous deux dix ans, lors d’une nuit d’été.

    Vingt ans après, Olive cherche les racines
    de cette Nuit. Elle se souvient des derniers préparatifs, complices, chuchotés joue contre joue dans leur chambre, et aussi de “la cascade des catastrophes” qui les ont précédés. Leur dernier anniversaire désastreux, le rendez-vous chez le psychiatre, les crises de larmes et de cris, l’asthme, l’eczéma et les difficultés de son frère pour faire ses lacets, lire l’heure, rouler à vélo. “Depuis longtemps, Maman avait décidé que j’étais d’une intelligence supérieure, contrairement à David qui, lui, était nul en tout.”

    Peu à peu, le lecteur discerne, horrifié, les contours de cette fameuse Nuit, cette ultime Nuit, et aussi les contours de tout le reste, de cette enfance piégée par le regard d’une mère. On lit avec angoisse, avec épouvante, en retenant son souffle, comme pour retenir David. Il fallait la douceur du point de vue d’une sœur et l’écriture d’une sensibilité inouïe d’Abigail Assor pour affronter cette histoire. Car Olive est la seule à comprendre la triste et sombre folie de ce tout petit garçon, loin des “Tu le vois bien, qu’il y a un problème” maternels. La seule à l’aimer irrémédiablement, malgré les morsures.

    C’est un roman qui questionne la folie. Celle qu’on exprime, celle qu’on hurle, celle qu’on pleure. Ou pire, celle qu’on maquille, celle qui donne aux enfants l’envie de s’éloigner à grande vitesse, dans un grand bruit de ferraille.

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)
  • Un roman troublant et bouleversant

    « David était mon frère et moi j’étais sa sœur, mais j’étais aussi sa frère et il était mon sœur : son prénom était mon prénom, son visage était mon visage et un fil invisible au-dessus de nous reliait nos deux corps et les faisait bouger comme deux...
    Voir plus

    Un roman troublant et bouleversant

    « David était mon frère et moi j’étais sa sœur, mais j’étais aussi sa frère et il était mon sœur : son prénom était mon prénom, son visage était mon visage et un fil invisible au-dessus de nous reliait nos deux corps et les faisait bouger comme deux marionnettes. C’était nous, c’était comme ça, David et Olive. C’était depuis toujours, c’était déjà avant ça. Après la Nuit, ça l’était encore. Qu’on me dise ce qu’on voudra, que ce n’est pas possible : après la Nuit, ça l’était encore. Pour moi, ça l’était à jamais. »

    David et Olive sont jumeaux. Olive est née quelques minutes avant David.
    David et Olive sont inséparables. Ils parlent la langue de Barbatruc.
    Mais David est différent, « il va devenir un train. Il est imprévisible. À tout moment, il peut crier, il peut devenir très violent comme mordre ou tenter de noyer sa soeur.

    « Il y a eu un silence. Puis David s’est remis à rire. C’était un rire venu d’un autre monde, une caverne très ancienne. Tout doucement, ce rire s’est mué en sanglot, comme à minuit se muent en montres, à l’intérieur de notre coffre, les humains griffés par les loups. »

    Olive lui voue une passion indéfectible. Tous deux sont extrêmement complices. Seule Olive semble le comprendre, même si « Mon frère David a très tôt provoqué en moi cette confusion des limites de ma folie. »

    Ils vivent en campagne « dans ce monde de ténèbres qui nous avait toujours enveloppés », non loin de la maison de la grand-mère et d’une gare. Le père travaille d’abord dans « un local à vélos couchés » avant de vouloir « changer le monde avec Internet. »
    La mère, personnage clé, ne voit que sa fille qu’elle choie et entraine David dans un univers de plus en plus toxique.

    « C’étaient des mers tièdes et des fleurs qui palpitaient à l’intérieur de lui – et qui devaient en retour palpiter à l’intérieur de moi, puisque je portais le même trou au milieu des dents ; j’étais plus ample grâce à mon frère. C’était ainsi, roi et reine du matin, parcourus par la même certitude imbattable que rien, jamais, ne viendrait troubler notre bonheur, que nous descendions l’escalier. »

    Abigail Assor nous offre un récit très intime. Elle remonte au travers des yeux d’Olive le temps de l’enfance, vingt ans après, vingt ans après la Nuit. La nuit de David est un exutoire dans lequel la tension devient suffocante et le drame irréversible.

    L’écriture est sensible, délicate, envoutante, hypnotisante. Elle met des mots sur une enfance particulière, elle met en image la tragédie. Les chapitres sont courts, la poésie fréquente, le trouble omniprésent. Forme et fond sont indissociables.

    La nuit de David est un grand texte.

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)

Donnez votre avis sur ce livre

Pour donner votre avis vous devez vous identifier, ou vous inscrire si vous n'avez pas encore de compte.