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Fort d'un minutieux travail d'enquête, Gilbert Bordes, lui, nous livre sa vérité dans ce roman fascinant.
Tapie dans l'ombre, elle rôde, rugit, menace. En cet été 1764, la rumeur se répand aussi vite que les cadavres de bergères et de jeunes enfants. Dans cette rude région isolée du Gévaudan, les habitants sont démunis devant cette bête qui ne ressemble en rien à un loup ordinaire.
Est-ce un animal échappé de l'enfer, comme le prêchent les curés, venu punir la population terrifiée pour ses maigres péchés ? une bête dressée par un criminel ? La question obsède Roger Desqeyroux, malicieux colporteur qui arpente le Gévaudan avec son âne et sa carriole.
Avec son apprenti, le jeune Mathieu, à qui il apprend à lire et à écrire, ils traquent la Malbête. Mais le mystère s'épaissit quand le colporteur constate que la bête du Gévaudan épargne Mathieu à chacune de leurs rencontres...
Des chemins arides du massif central à la cour de Louis XV, Gilbert Bordes nous plonge dans l'incroyable histoire de la Malbête. En cette période prérévolutionnaire, où les idées des philosophes cheminent jusque chez les paysans écrasés d'impôts, le pouvoir doit réagir devant cette menace qui a fait plus d'une centaine de victimes et déchaîne les superstitions.
En 1764, alors que les épidémies, les mauvaises récoltes et le spectre de la famine sévissent, le roi redoute des jacqueries. La révolte gronde contre les dirigeants, les nobles, et surtout contre les curés.
En ce mois de juin, à Saint-Étienne-de-Lugdarès, en Gévaudan, depuis plusieurs jours, une mystérieuse créature rôde autour des troupeaux et des habitants. En deux mois seulement, la Bête fera vingt-six victimes.
Dans ce roman, Gilbert Bordes s'attaque à son tour au mythe de la Bête du Gévaudan, après bien d'autres écrivains. Il respecte fidèlement le déroulement des faits historiques et nous entraîne au coeur des battues qui se succéderont durant les trois années où la Bête a frappé. Comme ses prédécesseurs, l'auteur livre son hypothèse quant à l'origine de cet animal et crée le personnage de Mathieu, un valet de ferme dont le secret de naissance ne sera révélé qu'à la fin du récit.
Pour ma part, ce roman ne m'a guère captivé : la narration s'enchaîne en une suite d'attaques de la Bête et de traques menées par les chasseurs, les dragons et le louvetier royal. Quant à l'intrigue autour de Mathieu, elle m'a paru bien mièvre.
Reste toutefois le portrait intéressant d'une France rurale luttant pour sa survie sous le poids des impôts et des caprices de la nature, tandis qu'à Versailles, la cour mène une vie de plaisirs et de faste.
De 1764 à 1767 dans la province du Gévaudan – grosso modo la Lozère, une région alors particulièrement pauvre et enclavée en raison de son territoire accidenté et de ses rudes hivers –, une bête à l’agressivité singulière sème la terreur en attaquant et dévorant plus d’une centaine de personnes, principalement des enfants et des femmes chargés de garder les troupeaux. Son signalement n’évoque pas exactement un gros loup, ni même un chien-loup. Et comme, pourchassée, y compris par d’importantes forces militaires, elle déjoue tous les pièges, semble insensible aux balles et accompagne parfois ses méfaits d’étranges blessures difficilement imputables à un animal, les esprits encore plus épouvantés par le châtiment divin proclamé par l’Église ont tôt fait d’en faire l’objet de tous les fantasmes, créature du diable, loup-garou, ou bête sauvagement dressée et menée par l’intelligence meurtrière d’un homme. Toujours est-il qu’en Gévaudan, l’on ne vit plus, la disette qui plus est aggravée parce que l’on n’ose plus vaquer normalement aux tâches paysannes, tandis qu’à Versailles l’on s’alarme : il ne manquerait plus en ces temps déjà agités par l’esprit des Lumières qu’une nouvelle jacquerie éclate.
Suivant minutieusement le fil des événements dans une reconstitution historique fidèle et documentée qui donne un sérieux et passionnant aperçu de l’affaire, de son développement et de son retentissement, Gilbert Bordes mêle aux nombreuses figures réelles une poignée de personnages fictifs, prétexte à une seconde intrigue, beaucoup plus imaginative celle-là, qui a le mérite de nous attacher à deux observateurs privilégiés : le colporteur Desqeyroux et son aide le jeune Mathieu. L’on suit donc leur propre histoire d’un œil, avec l’idée qu’elle sert en réalité de fil rouge dans la découverte de ce qui fait le véritable intérêt du roman : la restitution des faits historiques, il faut le dire impressionnants dans leur vérité nue, et la compréhension du contexte qui a transformé un fait divers en affaire d’État, avant de nous le léguer sous forme de mythe et d’éternel mystère.
Et l’entreprise est réussie, qui passionne le lecteur au long de l’incroyable feuilleton de ces trois années sanglantes, reprenant une à une, en une liste accablante tant elle paraît ne jamais devoir prendre fin, les audacieuses attaques qui en viennent à compromettre les activités agricoles et à faire gronder les ventres vides. De toutes les hypothèses explicatives, l’auteur en choisit une qui en vaut sans doute bien d’autres, même si l’on aurait peut-être aimé que le mystère persiste au-delà du dénouement, comme dans la réalité. Après cet intéressant et soigné développement historique, dommage toutefois que le motif narratif imaginé autour de Mathieu s’achève de manière aussi improbable.
Nonobstant ce bémol final, l’un des meilleurs et plus passionnants ouvrages de l’auteur, dont il convient de saluer ici la minutieuse documentation historique.
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