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Des bals spectaculaires, aimé un boa constrictor, défrayé la chronique et habité au Ritz... Elle offrait désormais le spectacle terrifiant d'une reine déchue, d'une femme qui a connu toutes les splendeurs de ce monde et fini dans la misère.
Sa vie ressemble à un conte de fées qui vire au drame ; née héritière de l'une des plus grosses fortunes d'Italie, elle mourut clocharde. C'est peut-être cela qui m'a le plus attirée, le vertige de la perte. Moi qui suis si raisonnable. C. P.Camille de Peretti ressuscite avec panache un monde où l?excès allait de pair avec l?élégance, à mille lieues de la vulgarité contemporaine. Véronique Cassarin-Grand, Le Nouvel Observateur.
Avant la lecture de ce roman, qui peut dire qu'il avait entendu parler de la Marquise de Casati ? La quatrième de couverture nous dévoile quelques traits de cette femme dont la vie tout entière est faite de mystères. Née en 1881, la plus riche héritière d'Italie est morte en 1957, fouillant les poubelles de Londres. Luisa Amman fut une petite fille très seule, éduquée dans un monde riche, qui perdit sa mère jeune et dont son père ne s'occupa jamais, lui préférant la conduite de ses affaires. Comme beaucoup de filles de cette époque, elle fait un mariage arrangé, épousant le 22 juin 1900 Camillo Casati. Peu lui importe le mari, tout ce qu'elle souhaite, c'est accéder à une certaine liberté et enfin vivre sa vie comme elle l'entend. Sa vie aurait pu être celle de nombreuses femmes riches, passant de bals en soirées mondaines, délaissant leurs enfants et ne vivant que pour leurs toilettes et leurs relations. Mais sa vie bascula le jour où elle rencontra le poète Gabriele d'Annunzio qui devint son amant et lui permit de réaliser son rêve : rencontrer des artistes. Ce fut le point de départ d'une nouvelle existence pour la jeune Marquise vite surnommée "La Casati" qui, si elle n'était pas belle, se fit fort de devenir spectaculaire. Brillante, exhibitionniste, fascinante, imprévisible et prenant l'extravagance très au sérieux, elle voulait avant tout "faire de sa vie une oeuvre d'art" et pour cela emprunta des chemins de traverse souvent sinueux, toujours originaux, choix dictés avant tout par ses caprices et son implacable détermination à obtenir tout ce qu'elle voulait. Muse de Gabriele d'Annunzio, Serge Diaghilev ou Léon Bakst, amie d'Isadora Duncan, d'Augustus John ou de Man Ray... quelle curieuse injustice que l'une des femmes les plus portraiturées de l'Histoire, avec la Vierge Marie et Cléopâtre, soit si peu connue du grand public. Pour Camille de Peretti, écrire le roman de la marquise Casati, c'est aussi s'interroger sur la démarche du biographe (empathie ou duel ?), tenter de se mettre à la place d'une autre, la faire parler d'entre les morts, recouper des suppositions. "Peu importe que la Casati ait ou non habité le Palazzo dei Leoni à Venise. Car c'est moi qui dormirai dans son lit." Dans ce livre atypique, Camille de Peretti ne se contente pas en effet de raconter l'histoire de la Casati, elle se livre elle-même en cherchant au fil des pages des correspondances entre sa vie et celle de son héroïne. Elle s'en rapproche, s'en détache ("Je crois que c'est ici que nos chemins se séparent. En quelques mois, Luisa devient une véritable mondaine. Moi, je reste seule devant mon ordinateur.") et surtout se retrouve... De temps à autre, l'écrivaine lève le voile sur ce qu'elle est, sur ce qu'elle a vécu, ressenti, souffert, appris. La superposition entre des passages de sa vie personnelle et celle de la Casati est construite de façon originale et saisissante, au risque de dérouter, d'égarer parfois son lecteur. Les allers-retours permettent à l'auteure de redonner vie et démesure à cette héroïne oubliée de la première moitié du XXéme siècle qui a inspiré les plus grands artistes de son temps. Camille de Peretti veut incontestablement surprendre pour rester insaisissable et distante, pour lever toute ambiguïté et bien affirmer que son ouvrage n'est pas une biographie. En même temps, il semble bien que ce ne soit pas non plus un roman. L'alternance entre la vie de la Marquise et celle de l'auteure représente un montage audacieux et dangereux, parfois judicieux, parfois artificiel. On a le sentiment à certains moments que Camille de Peretti veut à tout prix trouver des parallèles, éprouver de l'empathie, presque revivre des passages de vie de son personnage qu'elle s'approprie en utilisant plusieurs fois le possessif. Et parfois même, on en vient à se demander si ses recherches concernant "sa" Marquise ne sont pas le prétexte à une recherche plus personnelle, une introspection, une auto-analyse. Certains épisodes de sa vie, s'ils sont sans conteste très divertissants, à l'instar du tournage du film avec le bichon nain, semblent quelque peu incongrus... "Quand j'ai commencé à écrire ce roman, j'espérais que Luisa et moi finirions par nous trouver. Je ne prévoyais pas que cela se ferait de manière insidieuse, en ravivant des souvenirs enfouis et minuscules". Minuscules, sans doute mais surtout insignifiants pour le lecteur. L'auteure y trouve du sens pour elle-même, des correspondances dans sa vie personnelle qui ne se révèlent pas toujours pertinentes pour le lecteur. Néanmoins, il est indéniable que Camille de Peretti a du style, du talent, une plume forte et audacieuse qui font de ce livre une oeuvre tout à fait originale et passionnante.
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