Qui dit vrai ? Amélie a été enlevée à l'âge de sept ans. Une affaire non résolue qui a bouleversé la France. Dix ans plus tard, une jeune fille réapparaît. Elle dit avoir réussi à fuir ses ravisseurs après des années de séquestration. La famille réunie tente de renouer avec le bonheur du quotidien quand quelques semaines plus tard surgit une seconde jeune fille affirmant : « Je suis Amélie. » Laquelle des deux est la « vraie » Amélie ? Même les parents ne sont pas d'accord...
La frontière entre culpabilité et innocence est floue. Les personnages, tout comme les lecteurs, se retrouvent pris dans un jeu de miroir intrigant, où les motivations de chacun sont sujettes à interprétation.
Il y a dix ans, le petite Amélie Lenglet âgée de 7 ans a été enlevée en Vendée et jamais retrouvée. Ses parents Laetitia et Hervé vivent, depuis l’échec de l’enquête de gendarmerie, soudés dans la tristesse et la colère. Et soudain, dans le Cher, une jeune fille réapparait, elle prétend avoir échappé a ses ravisseurs, elle dit avoir 17 ans et se nommer Amélie Lenglet, traumatisée par 10 ans de séquestration, elle ne se souvient de presque rien d’autre. Pour la gendarme de Vierzon, Camille Desjeunes, cette soudaine réapparition pose beaucoup de questions. Mais les Lenglet sont tellement impatients et déjà convaincus, et ils pressent la gendarmerie de leur rendre leur fille tant pleurée. La justice leur rend Amélie, sans être absolument certaine qu’il s’agit bien de leur fille.
« Je suis Amélie Lenglet » est un véritable « page turner » et il faut se faire violence pour ne pas le dévorer en quelques jours. Jacques Expert s’est associé à Philippe Balland pour nous proposer cette histoire à tiroir de double réapparition. Je ne connais pas le travail de Philippe Balland mais en revanche, je connais bien celui de Jacques expert qui ne m’a jamais déçu. Nous voilà donc devant une histoire douloureuse de petite fille enlevée qui va réapparaitre deux fois. Le roman règle immédiatement la première question que le lecteur se pose : non, dans ce cas précis, il n’y aura aucune aide de l’ADN, le roman explique clairement pourquoi la conjonction de deux facteurs empêche la science de venir en aide à la gendarmerie. La première Amélie, que les enquêteurs finiront par surnommer Amélie 1 est une jeune femme fermée, peu expansive, à la mémoire défaillante qui a parfois des paroles et des réactions déconcertantes. Hervé Lenglet la reconnait immédiatement comme sa fille disparue et n’en démordra plus, au contraire de sa femme, plus réservée, et de Camile, qui doute franchement. Devant l’insistance du père (un homme colérique, emporté, peu sympathique et dont la colère cache clairement quelque chose) la justice lui rend Amélie. Sauf que réapparait subitement une autre Amélie, dans le Cantal. Cette Amélie 2 est cohérente, précise, plus souriante et l’enquête va corroborer toutes ses déclarations. Amélie 2 et donc la vraie Amélie, Laetitia Lenglet en est certaine, son instinct maternel ne peut pas la tromper. Voilà les deux parents avec chacun une Amélie. Le couple, qui avait réussi à tenir après l’enlèvement, menace désormais de voler en éclat. Le roman se compose de 100 chapitres assez courts, de personnages bien croqués et qui sont tous complexes, et l’intrigue nous retourne le cerveau à tel point que vers la fin, on se mélange les Amélie nous aussi ! On se doute qu’il y aura des coups de théâtre (et il n’y en aura pas qu’un seul !), que ces deux Amélie sont plus complexes qu’on ne l’imagine, et de ce point de vue on n’est pas déçu, le fin mot de cette histoire étant encore plus cruel et ironique qu’on ne l’imagine. Je ne sais pas si tout est à 100% crédible mais tout parait en tout cas suffisamment cohérent pour que l’intrigue fonctionne. On n’aimerait pas se retrouver dans la peau de la gendarme, du juge ou de l’expert psychiatre du roman à devoir décider de « qui » est « qui » devant autant de complexité, d’incertitudes et de dissimulations. « Je suis Amélie Lenglet » est un bon roman noir psychologique bien troussé et qui ferait, à mon avis, un bon petit thriller sur petit ou grand écran. A bon entendeur…
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