Avis issu de : https://wordpress.com/post/hanaebookreviews.wordpress.com/3351
Rêvons un peu voulez-vous ? Imaginez croiser Monica Belluci ou Brad Pitt ou Robert Downey Jr. (tant qu’à faire autant inclure mes fantasmes) au détour d’une rue, vagabondant dans un village de France, totalement...
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Avis issu de : https://wordpress.com/post/hanaebookreviews.wordpress.com/3351
Rêvons un peu voulez-vous ? Imaginez croiser Monica Belluci ou Brad Pitt ou Robert Downey Jr. (tant qu’à faire autant inclure mes fantasmes) au détour d’une rue, vagabondant dans un village de France, totalement amnésique de son statut d’idole.
Vous l’abordez, il vous adopte, vous l’embarquez et vous voilà tous deux à couler des jours paisibles dans votre quotidien tranquille (Ceux connaissent mon aversion pour la tranquillité comprendront ici que je n’inclus plus mes fantasmes).
Alors ? « Dans tes rêves ! » me direz-vous. Et bien chers tous, conservez ce rêve dans les catégories des possibles car une histoire similaire est arrivée à Harpo Marx, icône du cinéma burlesque américain.
Membre le plus secret des Marx Brothers (Chico, Groucho, Gummo et Zeppo), Harpo tient son surnom de son instrument favori : la harpe. A l’écran, il est connu pour ses pitreries, son trench-coat, et son mutisme perpétuel.
En Décembre 1933, de retour d’une tournée en Union Soviétique, il déroge au planning du voyage et embarque sur les routes de France, roulant calmement à bord d’une Torpédo bleue. Mais son escapade l’emporte dans un fossé de la Haute Ardèche. Diagnostiqué amnésique, il fugue de l’hôpital et est recueilli par un ermite écrivain.
De l’autre côté de l’Atlantique, les frères Marx embauchent un détective privé pour retrouver leur frère. Mais dans cette campagne française enneigée où personne ne sait qui il est, un amnésique est comme une aiguille perdue dans une botte de foin.
J’ai aimé le condensé de l’histoire. Le format est court, l’épopée amnésique est rapide et ce procédé accentue l’importance du présent, instant T auquel l’amnésique est condamné.
Au fond, le vagabond ne vit-il pas un pur instant de liberté dans sa vie effervescente ?
Le roman interroge. La mémoire fonde-t-elle l’individu ? Si les souvenirs, leurs enchainements, les actions passées suffisent à faire quelqu’un ; l’amnésique serait-il personne ?
J’ai vu l’amnésie comme une toile vierge de l’esprit capable de nous dévoiler réellement. Réduit à son présent, libre de toutes influences passées, Harpo est ramené à sa valeur intrinsèque : floue mais pure de l’innocence des premières heures.
Aussi, le romanesque du paysage d’hiver ardéchois apporte de la magie à cette parenthèse amnésique. Comme le souligne l’auteur dans une interview à FranceInfo (lien), certains endroits comme la région du Mézenc rappellent « des paysages qu’ Harpo a probablement connu à ses débuts quand il faisait des tournées théâtrales un peu miséreuses dans l’Amérique profonde. »
L’errance d’Harpo fait donc écho à sa vie américaine et ce parallélisme permet d’interroger sur les traces que laissent les accidents de la vie. Cette expérience ardéchoise a-t-elle impacté ses films futurs ? A-t-elle nourri son inspiration ?
En tous cas l’auteur en est convaincu « cet épisode ardéchois va au final influencer la filmographie des Marx Brothers et donc l’histoire du monde par rebond ! » (France info)
L’histoire vraie-fausse est drôle. Mais, prenante aux premières pages, elle ne m’a pas totalement emportée comme pourrait le faire la mélodie de Fabio Viscogliosi, que j’ai découvert post lecture. Car en plus d’écrivain, l’auteur est aussi musicien, dessinateur.
Pour combler les notes manquantes, l’auteur raccorde une matière hétérogène qui mène à un mélange des genres. Le récit est tantôt journalistique – les faits sont rappelés minutieusement et l’auteur inclus des déclarations propre à son personnage (« de son propre aveu ») – tantôt très romanesque, inventif voir poétique.
Je me suis laissée bercer par la partie romanesque mais les derniers chapitres rompent la mélodie du récit. Plus informatifs, ils m’ont un peu détachée de l’histoire.
Et vous ? Quelle icône du cinéma américain aimeriez-vous trouver amnésique sur les routes de France ?
« Le 12 décembre 1933, en fin de journée, le grand comédien Harpo Marx est au volant d’une Citroën 5 CV carrossée en Torpédo de couleur bleu pâle. Seul à bord, il roule à une vitesse de soixante kilomètres heure, vitesse raisonnable à laquelle il est difficile d’attribuer la responsabilité du dérapage qui survient sur la départementale 104, à la hauteur du lieu-dit La Charrière. Peut-être quelque animal – renard, furet ou ragondin – a-t-il traversé à cet instant, poussant Harpo à donner par réflexe le coup de volant qui l’envoie dans le décor. Ou est-ce un pneu qui éclate, une plaque de verglas, l’inattention, la somnolence, allez savoir ?
[…]
On peut imaginer plusieurs motifs ayant poussé Harpo à ce brusque changement de parcours.
On peut imaginer un rendez-vous secret, un rendez-vous amoureux, pourquoi pas ?
Ou le simple désir de rouler vers le Sud de la France, par fantaisie, pour se dégourdir les jambes après l’épisode soviétique.
On peut imaginer ce qu’on veut car le comportement humain se dispense souvent de logique et il est prouvé que les décisions les plus importantes, celles qui engagent la vie tout entière, se prennent dans une absolue légèreté , l’homme se rapprochant en cela de l’animal, porté par l’instinct, la tentation ou ce qu’on nomme, tout bêtement, un coup de tête. »
Merci Dominique pour ton commentaire. Oui j'ai passé un bon moment de lecture !