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Le récit des circonstances qui ont accompagné l'entrée d'une jeune française par mariage dans une famille coréenne. Halabeoji, signifie « Grand-père », et c'est bien le personnage central du récit, puisque c'est de son accord que dépend la possibilité du mariage. On assistera notamment à la comparution des deux jeunes gens, selon toutes les règles de la politesse coréenne, devant le grand-père, vieil érudit spécialiste des plantes. L'attente du verdict sera longue et le résultat inattendu et inespéré.
Halabeoji fait partie de la série de livres qui seront publiés par l'Asiathèque à l'occasion de l'Année France-Corée, qui débute en septembre 2015, et du Salon du livre de Paris 2016, où la Corée est invitée d'honneur.
C'est le second titre de la collection « Liminaires », une collection de textes littéraires témoignant d'un ailleurs géographique et culturel. Le premier titre, Une Tablette aux ancêtres de Stéphane Corcuff (2015), narre la découverte par un jeune universitaire français d'une tablette aux ancêtres dans une maison abandonnée.
"Subtile introduction à la Corée" écrit l'éditeur. Je confirme. Je confesse mon peu de connaissance sur la Corée et l'auteure me raconte tendrement et subtilement les traditions concernant les grands moments de la vie. Avant de s'intéresser au mariage, Halabeoji choisit les prénoms des enfants. Ainsi, Seung-geun qui signifie Racine montante et son frère aîné prénommé Dae-geun, Grande Racine. Un texte simple et beau, embelli encore par certains termes -voire des bouts de phrases- écrits en français, dans leur traduction coréenne et en sinogrammes, iceux étant expliqués : 人 pour l'homme, "in", 天 pour le ciel, "cheon", par exemple, mais il est fort dommage que je ne puisse en reproduire d'autres ici. Notamment la terre, "ji", que je n'ai pas réussi à trouver, car ce sont les premiers sinogrammes que les enfants apprennent "commençant par le fameux groupe cheonjiin (cheon, le ciel, ji, la terre, et in, l'homme qui a vocation d'être le lien entre les deux)" (p.13). Mon clavier ne me permet évidemment pas de les écrire et même en les cherchant sur Internet, il faut être très observateur pour être sûr d'avoir le bon, certains diffèrent d'un petit détail invisible à mon œil de Français. Je préfère m'abstenir plutôt que d'écrire une grossièreté...
Ce texte, sous ses dehors humoristiques, et cette parure de livre de souvenirs et malgré sa brièveté (56 pages) permet d'en savoir un peu plus sur les traditions de la Corée, sur le rôle de la femme, l'ancrage fort des us, la difficulté que ceux-ci peuvent représenter pour une étranger, l'accueil chaleureux des Coréens... "Quand le grand-père leva de nouveau la tête, ce fut pour demander : Eoneu nara eseo, "De quel pays ?". Une question sans sujet et sans verbe, sans aucune marque de politesse (la langue coréenne l'autorise de la part d'un aîné). Le sujet non exprimé de cette courte phrase, c'était moi. Le contexte empêchait toute ambiguïté. Le petit-fils répondit : Peurangseueseo wass-seubnida, "(Elle) est venue de France". Lui, la politesse lui imposait de mettre un verbe. Moi, j'étais toujours absente grammaticalement et comme inexistante physiquement. Je ne devais surtout pas fixer le grand-père dans les yeux. J'avais retenu la leçon. Je ne devais pas non plus répondre aux questions. Racine montante s'en chargerait. On ne me demandait que d'être figurante." (p.29/30). Cette histoire se déroule au milieu des années 80, sans doute le pays a-t-il beaucoup évolué puisqu'il est désormais le pays le plus connecté au monde. Une très belle "initiation à la Corée la plus ancestrale et la plus contemporaine" (note éditeur) que je ne peux que vous inciter à lire.
Au début des années 80, en Corée, une française et un coréen s'aiment et veulent se marier. Une situation simple en apparence, mais la famille de Seung-geun est respectueuse des traditions et sans le consentement de l'halabeoji, le grand-père, cette union ne saurait être possible. C'est lui qui a soigneusement choisi les prénoms de ses petits-enfants (Seung-geun signifie racine montante), ses avis sont écoutés et jamais discutés. La française a peu d'atouts; étrangère et plus âgée que son prétendant, elle se prête pourtant à la présentation officielle devant l'aïeul qui doit juger de sa capacité à être une bonne épouse. La rencontre est brève. L'érudit, spécialiste de la médecine traditionnelle, parle peu, ne montre rien de ses sentiments. Ensuite, vient l'attente...
En peu de mots mais d'une plume vive, Martine Prost nous fait entrer dans l'intimité d'une famille coréenne. Avec respect mais aussi une pointe d'humour, elle évoque le grand-père de son mari, un grand homme, médecin traditionnel, dont la parole est obéie par tous les membres de la famille. Par amour pour Seung-geun et par souci de ne pas le couper des siens, elle se plie au rituel de la présentation qui veut qu'elle soit humble, soumise et surtout muette.
A travers cette expérience personnelle racontée avec un mélange de tendresse et de détachement ironique, Martine Prost évoque les rapports hommes / femmes, la place de ces dernières dans la société, mais aussi un pays en pleine mutation, résolument tourné vers la modernité tout en conservant précieusement traditions et croyances ancestrales, au cas où...
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