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Après L'Hespérie, pays du soir (2000), La Pénombre de l'or (2002), L'Abîme blanc (2005) , Comme un souffle de rosée bruissant (2006) et Les Ténèbres de l'espérance (2007), ce nouveau recueil, Grâce, est le sixième livre de Jean Mambrino que publient les Éditions Arfuyen. D'autres collaborations avec Arfuyen ont eu lieu : les traductions de Hopkins par Jean Mambrino ont paru sous le titre Grandeur de Dieu (2005) et il a également préfacé le livre de Pär Lagerkvist, Pays du soir (oct. 2005), et, tout récemment, Le Repos dans la lumière (2007), de Joseph Joubert dans la collection Les Carnets spirituels.
Grâce : est-il un plus beau titre pour un livre, mais aussi un titre plus exigeant ? Grâce, comme un cri pour être sauvé. Grâce comme la célébration d'un don reçu. Grâce, comme la douceur d'une vision.
Les Ténébres de l'espérance étaient le récit d'une descente en enfer : celui du manque d'espoir qui ronge notre temps, comme une maladie : « Que peux-tu saisir si tes mains sont de cendre, / tes yeux globules de poussière ? si leur rayon, / à peine allumé, n'est qu'un éclair éteint ? / La foudre de ta pensée faiblit avant / de naître, disent-ils, lumignon fragile, lueur / intermittente au sein de la poudre de ta chair. » Pour dire cet univers de tristesse et de violence, la voix de Jean Mambrino était devenue hachée, saccadée.
Dans Grâce, le changement est complet, comme en témoignent, dans leur tonalité très contemplative, les titres des suites qui constituent le livre : Un seul amour, L'humble entrée, L'intimité de l'arc-en-ciel, Vers la cime du repos, Ce baiser nommé prière, Quand j'en rêvais, Sa couleur suffit, L'espérance est ta sur-vie, Ô Toi, Silence. Comme en témoigne aussi l'épigraphe de recueil, tiré de saint Jean Chrysostome : Totalement partout. Ici l'absence ne règne plus, ici la confiance est revenue et une sérénité aimante. Ici est vraiment le royaume de la grâce, où l'homme n'est qu'attention et gratitude.
Chacune de ces neuf suites comporte dix textes, des poèmes de construction variée mais tous fondés sur un vers bref. Le premier poème donne le coup d'archet de cette célébration : « Reçu, repris, / Remis / par la merveille / qui prie en toi. // Il t'éveille / et se mesure / au clair-obscur / de ton parcours. // C'est toi / qu'il voit et veut, / votre un pour deux, / ton peu sa joie. // Un seul amour. » Dans une vie accablée par la faiblesse et les doutes de l'âge, la joie refait surface. Elle n'était que cachée, oubliée. Elle tient bon, elle ne nous lâche pas. Elle demeure quand tout semble perdu. Elle se donne quand rien ne semble plus acquis. Elle est pure grâce.
Le dernier poème, qui donne son titre à la dernière suite résonne comme une prière : « Ô toi, silence, / abîme de bonté, / absence infinie/dont le nom est amour, / infime abondance / s'effaçant sans détours, / largesse qui supplie / du fond de sa tendresse, / fondue dans le Pardon, /où nul n'est condamné. » Invocation à l'infinie tendresse, à l'insondable miséricorde, qui n'est qu'un autre nom de la grâce.
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