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Il n'existe aucune biographie française de Hermann Goering, qui est pourtant le deuxième personnage du IIIe Reich. Voici donc, grâce à une abondante documentation allemande, anglaise, américaine et suédoise, ainsi qu'à l'interview de témoins tels que l'aide de camp d'Adolf Hitler, le régime national-socialiste revisité au travers d'un personnage démesuré - à tous les sens du mot. Au début des années vingt, le capitaine Goering est un authentique héros de guerre, abondamment décoré et extrêmement populaire, patriote, entreprenant, doté d'une grande intelligence et d'un charisme indéniable. Il va chercher fortune en Suède, où il trouvera un emploi de pilote de ligne et l'amour de sa vie. Le début d'un conte de fées ? Non : le commencement d'un long cauchemar, car ce vétéran orgueilleux, ambitieux, influençable et cyclothymique est attiré par la politique et impatient d'y jouer un rôle. Or, à l'automne 1922, il rencontre Adolf Hitler et, dans son ombre, il va cumuler les emplois : comploteur de taverne, putschiste improvisé, militant errant, chômeur morphinomane, homme d'affaires talentueux, dandy corpulent, orateur tonitruant, député mercenaire, président du Reichstag conquérant, ministre de l'Intérieur sans scrupules, président du Conseil arriviste, truand confirmé, criminel d'occasion, ministre de l'Air étincelant, parvenu millionnaire, chasseur d'élite, stratège de salon, économiste amateur, écologiste avant l'heure, collectionneur d'art compulsif et complice de tous les crimes commis par son maître... C'est comme maréchal, commandant en chef de l'aviation allemande et successeur désigné du Führer que Goering entre à reculons dans la grande tourmente de la Seconde Guerre mondiale. Dès lors, depuis Dunkerque jusqu'à Stalingrad, il ne cessera de multiplier les erreurs et jouera un rôle de premier plan dans la chute du régime nazi. Tel est ce monument de contradictions que François Kersaudy nous invite à visiter.
Excellent
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Né en 1893, Goering est un flamboyant. Il s’illustre comme pilote durant la 1ère guerre mondiale et reçoit des mains même de l’Empereur Guillaume II une haute distinction militaire. La suite ? Après une reconversion difficile, Goering rencontre Hitler à Munich, adhère au NSDAP puis dirige les SA avant de créer la Gestapo. Il rassure les milieux d’affaire, qu’il connaît bien, et apparaît comme l’homme fréquentable du régime, un héros de guerre.
Personnage extrêmement vaniteux, Goering s’intéressera finalement plus aux décorations (il en aura 118 dès 1940 !), aux différents avantages que lui procure sa position qu’à sa fonction de Maréchal du Reich. Il pillera d’ailleurs un grand nombre d’œuvres d’art qu’il collectionnera dans sa propriété. Propriétaire d’un train personnel luxueusement équipé dans lequel il prenait ses bains, il faisait arrêter les autres trains sur les voies (notamment ceux transportant des blessés) pour pouvoir profiter du moment en toute quiétude...
Populaire auprès de la population, il tombe progressivement en disgrâce auprès d’Hitler ; il perd la bataille d’Angleterre, se désintéresse de plus en plus de la guerre. Kersaudy nous relate d’ailleurs un épisode où Goering confond les modèles d’avion lorsqu’il les présente au Führer, se ridiculisant complètement. Sa dépendance à la morphine altèrera d’ailleurs tout au long de sa vie son jugement. Voilà comment Speer décrit l'action de Goering :
« A partir de ce moment-là (NDLR : en 1942), je m'étais aperçu que Goering ne faisait rien pour traiter les problèmes. Lorsqu'il lui arrivait de s'y atteler, il ne parvenait qu'à créer un désordre total, car il ne prenait jamais la peine d'aller au fond des choses, préférant prendre ses décisions impulsivement, sous le coup de l'inspiration. »
A travers cette biographie, François de Kersaudy retranscrit également les querelles permanentes entre les membres du parti ; les alliances de circonstance sont légion et Goering n’y échappe pas. S’il n’est pas foncièrement hostile aux Juifs, il se rallie ainsi à la solution finale. Sa soumission à Hitler était totale.
In fine, Goering aura été avant tout un acteur, et lorsqu’il se réfugie dans un château à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, il sera accompagné d’une cour de 75 personnes dans son sillage. Il utilisera ses talents lors du procès de Nuremberg, mais démasqué, il finit par être condamné à la pendaison, peine qu’il ne connaîtra pas, puisqu’il décide de se donner la mort en avalant une ampoule cyanure.
Très bien documentée, extrêmement vivante, cette biographie nous fait suivre l’ascension et la chute de cet homme, sa destinée tragi-comique et à travers elle, toute l’histoire du IIIème Reich. De plus, l'écriture est telle que ce livre s'adresse aussi bien à des passionnés d'histoire comme à des curieux peu au fait de tous les détails de la Seconde Guerre Mondiale. En résumé, un livre dont je vous conseille vivement la lecture !
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