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1943. Lenka, jeune femme de 19 ans, s'engage dans les forces armées de l'URSS. Son amour pour sa patrie, sa détermination à la défendre coûte que coûte, font d'elle une redoutable combattante. Institutrice devenue tireuse d'élite, rétive à la discipline, Lenka devient rapidement une célébrité adulée par le parti.
Etoile rouge, au rythme haletant et aux scènes d'apocalypse, plonge le lecteur dans le chaos de la guerre. Au-delà de l'histoire de Lenka (inspirée de l'histoire vraie de Roza Chanina), c'est la condition des femmes durant la guerre qui est le vrai sujet de ce roman. Loin du cliché du héros positif, Florian Ferrier explore les zones d'ombre et la puissance des sentiments qui pousseront Lenka, comme d'autres, toujours plus loin - au péril de leur vie.
C'est un court roman, qui ne dépasse pas les deux cents pages, il s'inspire de l'histoire vraie de Roza Iegorovna Chanina tuée au combat en janvier 1945 après avoir été décorée, à deux reprises, de l'ordre de la Gloire. À l'image de cette grande figure de la guerre, Lenka apparaît comme une jeune fille extrêmement déterminée, courageuse et patriotique : sans jamais de demi-mesures, ce qui causera sa perte, elle se décide à suivre une formation pour pouvoir s'engager et aller combattre en toute première ligne. Je parlais de détermination, car ce ne sont pas les obstacles qui manquent : ses parents, tout une armada d'hommes de la base militaire qui ont bien tenté de le dissuader de s'engager. Et même au front, les bas du front ne manquaient pas. L'armée, c'est la quintessence du sexisme, les rares femmes qui s'y engagent sont mal vues, deux fois plus bridées que leurs comparses masculins par leur supérieur, et surtout deux fois en danger vis à vis des pulsions attisées par la tension de la guerre ambiante, le désespoir, la solitude, le manque et la violence. Sans oublier, l'incapacité de certains soldats à reconnaître ces femmes comme leur égal, encore moins lorsqu'il s'agit de leur domination manifeste sur certains points.
Quoi que l'on pense de Lenka, on ne peut qu'admirer et louer son don exceptionnel au tir, même si le décompte de ses victimes ressemble davantage à une accumulation de trophées glauques que sont les têtes empaillées décorant funestement les murs des chasseurs. J'ai été saisie par sa force de caractère, sa témérité, son engagement national qui peut tenir presque au fanatisme, à mon sens, qui n'a plus forcément à voir avec l'amour de la patrie. Car, à un certain moment, l'esprit de Lenka bascule, que la soif de tuer le plus de soldats allemands possibles prend le dessus, que cela en devient une obsession, à un point tel qu'elle refuse toute permission : la violence de la guerre est devenue une sorte de drogue, des décharges adrénalines dont elle s'enivre chaque jour. Lentement, et graduellement, elle dépasse le point de non-retour, ce franchissement de frontière à partir duquel elle devient moins attentive, avec une appréciation du danger altérée, et où elle devient elle-même donc plus vulnérable, plus dangereuse même pour son équipe. Ce n'est pas seulement le roman de Lenka, qui est certes une excellente représentante de ses sœurs d'armes, c'est le roman de l'ensemble de ces femmes, les tireuses d'élite agissaient en binôme, et compte tenu de leur position face aux lignes ennemies, les duos se renouvelaient souvent. Des femmes encore plus mal traitées par la guerre que leurs frères d'armes et dont la reconnaissance a mis quelques dizaines d'années à émerger.
Ce basculement, qui s'opère dans l'esprit de Lenka est assez terrifiant, il dépasse chacune de ses camarades et de ses supérieurs, d'élément déterminé et volontaire elle devient un pion fou et incontrôlable, tout s'enchaîne, à mesure qu'ils avancent tant bien que mal dans les terres allemandes, vers une résolution du conflit, et une Lenka fidèle à elle-même, qui ne concédera rien à l'ennemi. On ne peut pas passer sous silence les nombreuses scènes de combat, ou pleuvent confusément balles et obus, où gonflent les flaques de sang et de boue dans un magma indéfinissable, répugnant, poisseux, rempli des membres arrachés des corps sans plus d'identité : il faut être solide sur ses appuis pour revenir de ce champ de chaos et de destruction totale. Une antichambre des enfers, un demi-monde entre la vie, bien loin derrière elles, et le néant qui se reflète dans le regard vide des soldats désormais dépourvus de conscience.
Au milieu de toute cette anarchie, Lenka possède sa propre étoile en la personne du capitaine Nikolaï Solokine, la figure de l'amoureux transi, un ange gardien bienveillant qui tente de la protéger d'elle-même, la représentation de la possibilité d'un futur, de revoir la vie, la paix, les enfants. Lenka est un personnage plus partagé qu'il n'y paraît, tiraillée entre désir et vision d'un avenir marqué par autre chose que les obus qui tombent, et la rage que provoque la vue de ses compagnons, déchiquetés, et se décomposant sur le champ de bataille. Ce roman est une belle façon d'honorer l'existence et la mémoire de Roza Chanina.
Bien souvent dans ce roman, j’ai oublié qu’il était écrit par un français, tellement les mots et l’ambiance sont si bien retranscris ! Court roman mais dense et grave qui ne tombe jamais dans la facilité stylistique.
Florian Ferrier nous emmène aux côtés de Lenka qui a 19 ans et s’engage en 1943 pour défendre sa patrie, l’URSS et en espérant retrouver sa sœur, pilote de bombardier.
Elle intègre une compagnie de tireuses d’élite qui se déplace au front avec les soldats. Rétive à l’ordre établi, mais virtuose du tir et de la survie, elle devient une célébrité.
Florian Ferrier nous fait partage les conditions de vie des femmes qui ne sont pas meilleures que celles des combattants alors que rien n’a été prévu pour elles ; surtout pas les vêtements, pour l’hygiène et encore moins pour leurs règles ! L’armée c’est pour les hommes !
Les horreurs décrites sont sans nombre mais l’auteur n’insiste pas lourdement sur les détails sans nous épargner les visions d’horreur et la faim, les pensées et la fatigue, l’ambiance et le bruit, la douleur et la puanteur qui restent malgré tout difficile à imaginer !
Une écriture pas du tout manichéenne mais sans concession sur la réalité ! Je ne peux que vous suggérer de le lire et admirer ses femmes qui ont repoussé des limites qu’elles ne soupçonnaient pas !
#Etoilerouge #NetGalleyFrance
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