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Une enquête intime sur le suicide de Stefan Zweig à Petrópolis, au Brésil, le 23 février 1942, peu de temps après sa visite à Georges Bernanos. Bâti autour de la conversation que Sébastien Lapaque imagine entre ces deux géants de la littérature du XXe siècle, ce récit miraculeusement lumineux se nourrit de plus de 25 ans de recherches, de voyages et de rencontres. Entre le saccage nazi de la vieille Europe et l'avènement d'un fascisme tropical, une histoire politique et littéraire fascinante, une réflexion poignante sur la tentation du désespoir mais aussi un grand livre d'alerte.
Par quoi commencer ?
J’ai aimé que ce récit me parle de Georges Bernanos, son exil au Brésil avec toute sa famille au début de la Guerre, lui qui avait fait la Première et a voulu mettre sa famille à l’abri.
J’ai aimé retrouver Stéphane Zweig, fuyant avec sa seconde femme les persécutions nazies.
J’ai découvert avec horreur que le mouvement nazifasciste avait également pris racine dans ce pays aux antipodes, mettant les nerfs du Grantécrivain à rude épreuve.
J’ai découvert que tous les deux s’étaient installé dans le Minas Gerais, là où s’est inventé le Brésil contemporain (p.85)
Bien sûr, l’écrivain français ne pouvait que s’installer dans une ferme à la Croix-des-âmes.
J’ai découvert que l’aventure brésilienne de Claude Lévi-Strauss avait correspondu avec celle des deux exilés, inspirant Tristes Tropiques. Deux visions d’un même pays : un futur possible pour les romanciers, le crime fondateur de la destruction des peuples indigènes pour l’anthropologue (p.173)
J’ai découvert Lotte (Charlotte), la seconde femme du Grantécrivain, qui organise les voyages, tape inlassablement à la machine les textes de son mari, traduit dans d’autres langues européennes ses romans.
Zweig conseillait de reconstituer « l’univers d’une époque » pour comprendre un homme (p.299)
J’ai apprécié les images qui parsèment le récit, sauf la dernière, celle des corps de Stephane et Lotte sur leur lit de mort.
Sébastien Lapaque évoque l’hypothèse que Zweig ne se soit pas suicidé mais ait été tué par les nazifascistes brésiliens ; mais surtout précise que Lotte a rejoint son mari dans la mort quelques heures plus tard en chemise de nuit alors que Stephane était en costume.
Mon bémol : j’ai été déçu par le dialogue imaginé par Sébastien Lapaque entre Bernanos et Zweig (dialogue qui a vraiment eu lieu mais sans témoin). Les deux écrivains y parlent politique, mais très peu théologie.
Et Sébastien Lapaque de souligner qu’il n’a pas imaginé le dialogue entre Lotte et Jeanne Bernanos. Dommage que les femmes aient été mise de côté.
Mais ce récit m’en a appris beaucoup sur l’histoire politique du Brésil entre 1939 et 1945.
L’image que je retiendrai :
Celle de Georges Bernanos se tenant sur deux cannes suite à son accident de moto, debout pendant la scène, et Stephane Zweig assis, la tête dans les mains.
https://www.alexmotamots.fr/echec-et-mat-au-paradis-sebastien-lapaque/
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