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Sûr qu'il m'a tapé dans l'oeil, se disait Maud en attendant l'autocar du volcan.Sûr qu'on s'aime et qu'il sera content, lui aussi, drôlement content...
«Lui», c'est Samuel Poujol, vingt-deux ans, fils unique du puissant patron des Ateliers Poujol, une fabrique de sous-vêtements de luxe au début des années quarante, dans le Gard.
Est-ce qu'il sera content?
Maud, dix-sept ans, travaille aux Ateliers depuis quelques mois. Ça ne se voit pas qu'elle est enceinte, une grossesse de poupée. Le fruit d'un grand amour secret.
Ça ne se voit pas non plus que Samuel a pour ambition d'égaler son père - ce chef de l'Armée des ombres, cet ami des Juifs pourchassés.
Va-t-il épouser Maud le moment venu? Gâcher son avenir par un scandale?
Maud se pose la question dans l'autocar qui la ramène chez ses parents, la pose à l'enfant qui va naître d'un moment à l'autre: Est-ce qu'il sera content?
On se donne à l'amour trop jeune et la fatalité vous tend les bras. Et que devient la quête du bonheur?
Didi, il peut pas savoir encore. Il peut pas savoir qu'il va naître au milieu de la guerre. De la peur. Et de la résistance aussi.
Il peut pas, tout carapacé au chaud dans le ventre de Maud.
Il ignore que son père est Samuel Poujol, le fils du patron. Tu parles, même Samuel il ignore qu'il va être papa ! Même que Maud elle n'est pas rassurée de lui avouer, content, pas content, c'est vrai qu'il n'est pas facile à déchiffrer, il a ses mystères, le fils à papa.
Des mystères lourds comme la guerre.
Samuel, il se bat aux côtés de son père, il ne se bat pas tant pour les juifs que pour la fierté paternelle.
Et Maud dans tout ça ?
Maud elle est belle comme les terres sauvages où elle a grandi. Elle s'offre sans retenue, sans calculs.
D'où vient l'amour ?
Du ventre peut-être...
Yann Queffelec a gardé toute son habilité à mener les mots comme on mène un voilier, il leur fait subir gros temps et mer d'huile.
Sûr que c'est toujours un plaisir de se laisser embarquer.
Même si...
Au cœur de la Seconde Guerre mondiale, les montagnes cévenoles résistent à l’occupation allemande, prêtant leur terrain accidenté et inhospitalier aux maquisards.
Sur les flancs du volcan de l’Oiselette, des familles pauvres vivent encore en autarcie, descendant parfois de la montagne pour vendre leurs produits. C’est de là-haut, aux Fabrègues, que la petite Maud Pellatan va chaque jour à pied à l’école du village, subissant le mépris qu’inspirent ces « éclopés du volcan ».
Et pourtant, malgré cette vie de rejet et d’isolement, elle rencontre Samuel, l’amour de sa vie. Fils de Pierre Poujol, le patron de la fabrique de soie du Vigan, devenu un membre éminent de la Résistance, il vient chercher dans ces hameaux inaccessibles, un lieu pour cacher une famille juive.
Malgré l’occupation nazie, la menace permanente des dénonciations et leur différence sociale, Maud et Samuel vont s’aimer passionnément.
De la vie de ce couple malmené par la guerre qui renonce à tout par amour, le roman s’achève à notre époque en une fin un peu confuse à mon goût, semant un certain trouble sur le devenir de chacun.
L’écriture de Yann Queffélec est saisissante de sensibilité et d’authenticité même si, par ses petits bonds dans le temps, elle peut sembler parfois complexe. Le mot « elliptique » me semble bien décrire ce style particulier. Et c’est ce savant tricotage dont joue l’auteur avec virtuosité, qui donne sa profondeur à une histoire où l’amour est omniprésent.
Entre drame et passion, ce beau roman historique révèle des personnages forts, sculptés du métal des traditions rurales et ancrés dans une terre dont ils sont les héritiers et les défenseurs.
Yann Queffelec nous a habitué à des histoires d’amour complexes, profondes et souvent dérangeantes….ce roman ne fait pas exception à la règle.
Ici, l’amour est absolu entre deux personnes que rien ne destinait, de culture, de religion et de statut social différent. Pourtant, l’un et l’autre abandonneront tout pour être deux.
Autour de ce tourbillon amoureux, de nombreux thèmes, la guerre, la collaboration, les réfugiés, les résistants…..et l’enfance.
C’est dense, et assez confus pour moi….ou peut être m’attendais je à une histoire plus linéaire.
En tous les cas, on retrouve un des thèmes de prédilection de l’auteur, avec l’enfance sacrifiée, la quête de la mère et le besoin de se trouver afin de se construire.
Une fin un peu plus explicite, m’aurait comblée….mais peut-être, c’est cette impression que voulait provoquer l’auteur
Nous sommes dans les Cévennes, pendant l'Occupation. Maud, 17 ans, qui vit chichement avec ses parents dans une ferme isolée, sur les pentes d'un volcan, ne rêve que de partir à New York, de devenir célèbre, de porter de belles robes. Elle est embauchée dans l'usine de vers à soie du Vigan, la ville la plus proche. Elle tombe amoureuse de Samuel, le fils du propriétaire de l'usine, qui va être subjuguée par Maud et abandonner sa vie dissolue. Enceinte, elle accouche d'Eddie, qu'elle abandonne immédiatement aux bons soins de ses parents, partant sans se retourner, rejoindre Samuel. Elle ne le reverra que quatre ans plus tard et n'aura jamais demandé de ses nouvelles.
Ce ne pourrait être qu'une histoire d'amour en temps de guerre, comme la littérature en a tant produites mais avec Yann Queffélec, ce ne peut pas se réduire qu'à cela. C'est aussi le destin entremêlé des parents de Maud, d'un réfugié espagnol, d'un allemand psychopathe et d'un autre mélomane, de la Résistance. C'est aussi la peinture sans concession d'un village de la France profonde avec ses jalousies, ses délations, ses désirs mais aussi ses actes de courage, ses sacrifices.
Bien sûr l'amour est au centre du roman. L'amour maternel, tout d'abord, dont l'enfant se nourrit pour se construire, qu'il recherche désespérément lorsqu'il en a été privé, en manque toute sa vie, une écharde dans le cœur.
L'amour entre un homme et une femme, fait de désir, de tendresse, de moments partagés. L'amour de la nature qui apaise, qui accompagne, qui sert d'écrin au rêve. L'amour de la musique qui fait supporter une vie non choisie, subie.
L'amour, l'auteur nous le fait vivre, sentir , partager par une plume tantôt violente pour décrire les horreurs de l'Occupation, tantôt poétique pour décrire la nature, tantôt empreinte de douceur pour le lien qui s'établit entre un grand-père et son petit fils.
J'ai été, cependant, un peu déroutée par la fin du roman que je ne suis pas sûre d'avoir bien comprise, par le fait également de ne pas savoir ce que sont devenus Maud et Samuel alors qu'ils sont les personnages centraux. J'ai été aussi un peu gênée par le choix d'une mère d'abandonner son enfant tout juste né, qui a failli mourir par manque de lait; le personnage de Maud, passionnément amoureuse à en être entière, égoïste, est assez dérangeant. Petit détail enfin, je m'interroge sur l'objectif de Yann Queffelec, quand il gomme volontairement le dernier chiffre des années (194-), uniquement pour la période de l'Occupation. Je suis preneuse de toute explication.
#Doùvientlamour #NetGalleyFrance
Un grand coup de cœur pour le dernier livre de Yann Quéffelec. Une histoire de famille , une histoire d'amour, une histoire de femme, une histoire d'enfant. La plus grande partie de l'histoire se déroule dans les années 194... sans précision supplémentaire comme le note volontairement l'auteur. Sur que cela se passe pendant la seconde guerre mondiale dans la région du Vigan, dans le maquis, au pied d'un volcan et de gouffres froids et glissants. Il faut compter cinq heure de marche pour arriver aux Fabrègues où se trouve le Mas des parents de Maud, dix-sept ans. Un lieu isolé que le jeune femme rêve de quitter pour aller à New-York comme l'a fait Michèle Morgan. Le destin de Maud changera du tout au tout dès lors que son regard croisera celui de Samuel, digne descendant des Ateliers Pujol qui font vivre la région. Entre amour contrarié, occupation allemande et résistance, la destinée des uns et des autres se croise, se mêle. On s'aime, on se jalouse, l'époque est à la délation. Il y en aura pour faire des choix courageux, s'engager et sauver des juifs et d'autres choisiront le côté obscur de la milice française et des lettres anonymes. J'ai été happée par cette histoire d'un autre temps, transgénérationnelle, qui se termine par les années Covid. Beaucoup d'émotions en lisant le parcours de Maud, elle est jeune, elle est belle à croquer et ils seront nombreux les loups qui voudront y goûter. Une galerie de personnages éclectiques comme Toï le catalan au grand cœur et aux mains de poupée, Müller le nazi psychopathe, Asteker le SS mélomane mais aussi la tante Rachel, vieille fille réfugiée dans la religion, Maxou le gamin voyeur et bien d'autres encore qui viennent donner au roman un relief particulier nous les rendant inoubliables. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2022/08/29/39564135.html
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