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Lorsque les Langlois arrivent à Carmac, ce village perdu dans une vallée montagneuse où tout le monde se connaît et se ressemble, ils font l'effet d'une apparition. Des gens comme eux, aussi riches, aussi heureux, on n'en fréquente pas. Ils se font construire un chalet impressionnant, face à la maison modeste d'Anna et de Constant. Entre les deux couples se noue une relation ambiguë, faite de fascination, de gêne, bientôt de jalousie, peut-être de racisme. Car Bakary Langlois est noir. Rien, toutefois, qui laisse imaginer que Constant puisse en venir à assassiner toute une famille.
Dans ce roman inspiré d'un fait divers, Samira Sedira nous fait entendre la femme de l'assassin, cette Anna qui porte l'opprobre de n'avoir rien deviné, rien empêché. Lors du procès, elle tente de comprendre la mécanique infernale qui a mené Constant, son amour de toujours, à une telle folie meurtrière, explorant aussi l'enfermement d'une petite communauté villageoise vivant en huis clos où l'autre - par sa condition sociale, sa couleur de peau, son appétit de vivre - subjugue et dérange... jusqu'au meurtre.
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https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2020/06/des-gens-comme-eux-de-samira-sedira.html
" On est plus criminel quelquefois qu'on ne le pense."
Anna et Constant Guillot vivent à Carmac, un petit village de la vallée montagneuse où il fait bon vivre. Tout le monde se connait, les villageois sont des gens modestes qui vivent de bonheurs simples. Un jour, les Langlois vivent s'installer en face de la modeste maison des Guillot dans un chalet à l'opulence assez ostentatoire, ce sont visiblement des gens riches et puissants. Bakary doté d'une aisance naturelle fascine ses voisins.
Entre les deux couples socialement opposés se noue une relation ambiguë. A la fascination va succéder la gêne, l'envie, la jalousie et un sentiment d'humiliation sournoisement ressenti par Anna et Costant. Le racisme n'est peut-être pas absent de cette histoire car Bakary Langlois est noir. Rien, toutefois, ne laisse présager le drame qui se produit lorsque Constant assassine sauvagement les Langlois et leurs trois enfants. Par quelle mécanique infernale cet homme ordinaire et droit a-t-il pu basculer dans une telle folie meurtrière ?
Ce roman est inspiré d'un fait-divers réel qui a eu lieu en 2003 au Grand-Bornand, l'affaire Xavier Flactif. Des scènes du procès alternent avec des retours sur le passé à la recherche des clés de compréhension de ce passage à l'acte. Le tout est raconté par Anna, la femme du meurtrier qui s'adresse à son mari. J'ai aimé le choix de l'auteure de nous faire entendre la voix de cette femme dévastée, devenue du jour au lendemain compagne d'un meurtrier, assaillie de la culpabilité de n'avoir rien vu venir. L'auteure se met dans la peau de cette femme qui se sent indissociable de l'homme qu'elle a choisi un jour pour compagnon et qui est devenu le père de leurs deux enfants. Les détails de l'histoire personnelle de Constant et la véritable personnalité de Bakary qui se dévoile en cours de roman mènent le lecteur à éprouver une certaine empathie pour le meurtrier malgré l'horreur de l'acte qu'il a commis. Un acte dont la description par Constant lors de son interrogatoire au procès est complètement insoutenable. Le thème de ce roman est intéressant, l'atmosphère de vie en vase clos dans ce village est bien restituée mais la psychologie des personnages aurait mérité d'être plus fouillée. De la même façon la dimension raciale du drame est à peine effleurée. D'une écriture ordinaire, fluide et assez descriptive ce roman trop court offre un beau moment de lecture même s'il reste hélas à la surface des choses sans offrir de suspense ou de montée dans l'intensité dramatique. Sur un thème assez proche le roman de Tanguy Viel, Article 353 du code pénal, est beaucoup plus marquant.
Reçu dans le cadre du Cercle livresque 2020, je remercie l’équipe de Lecteurs.com ainsi que les éditions du Rouergue pour l’envoi de ce livre.
Quatrième roman de Samira Sedira, » des gens comme eux « est publié en cette année 2020 aux éditions du Rouergue.
p. 12 : » La vie est paisible à Carmac, tranquille et ordonnée. Mais ce qu’il y a de plus impressionnant, ici, à l’arrivée de l’hiver, c’est le silence. «
L’arrivée de la famille Langlois dans le petit village de Carmac attise la curiosité des habitants. Il faut dire que Bakary Langlois est chef d’entreprise et noir. Alors, la manière dont ils exhibent leur réussite suscite la fascination autant que la gêne. Mais leur sympathie et leurs efforts pour s’intégrer vont vite faire l’unanimité. C’est tout naturellement qu’ils se rapprochent de leurs voisins, Constant et Anna Guillot et leurs deux filles, partageant de conviviaux moments.
p. 13 : » C’est peut-être à cause de ce vacarme que personne n’a rien entendu le soir où ils ont été tués. On dit qu’il y a eu des hurlements, des coups de feu, des supplications. Mais les murs du chalet ont tout absorbé. Un carnage à huit clos. Et personne pour les sauver. Dehors pourtant, pas la moindre respiration du vent. Rien qu’un interminable silence d’hiver. «
Qu’est-ce qui va pousser Constant à commettre l’irréparable ? Quel est l’élément déclencheur qui va faire bousculer un homme lambda à accomplir une telle atrocité ?
p. 22 : » C’est au cours de cette nuit affreuse que j’ai réalisé que tu étais devenu indissociable de moi, puisqu’un jour je t’avais aimé et que l’histoire de ta vie avait rejoint l’histoire de la mienne dans un irréparable malheur. «
Dans une narration très personnelle et bouleversante, Anna revient sur le parcours de vie de son compagnon, depuis leur rencontre, tentant non pas de justifier mais tout du moins de comprendre le processus de son passage à l’acte inéluctable. Un geste atroce dont sa femme deviendra le principal dommage collatéral.
p. 58 : » Moi qui partageais ta vie, et te connaissais mieux que quiconque, je voyais bien que quelque chose, en toi, s’était fissuré. Quelque chose que tu avais fini par consolider, mais dont l’équilibre fragile risquait à tout moment de céder. «
Au cours du procès, lorsque l’avocat général interrogera ses amis et son entourage, tous répondront l’homme honnête et de valeurs ils côtoyaient quotidiennement et bon père de famille de surcroît. Mais peut-être qu’à bien y réfléchir, il y avait quelque chose de sous jacent…
p. 123 : » – Comment expliquez-vous son geste ?
– On se l’explique pas, mais… parfois, parfois je me dis qu’il a peut-être… été blessé.
– Par qui ? Par quoi ?
– Par la vie, par monsieur Langlois, quelque chose comme ça. «
Inspiré d’un fait divers, » des gens comme eux » est le reflet d’un drame sociétal dont chacun porte sa part de responsabilité, et de l’ambiguïté entre la notion de bien et de mal.
p. 139 : » Je ne sais pas si nous sommes tous capables de tuer avec autant de sauvagerie que tu en as eue. Je ne comprends toujours pas d’où elle a pu jaillir, ce mystère me hantera probablement jusqu’à la fin. Ce que je sais, en revanche, c’est qu’autour de toi, il n’y a pas d’innocents. Nous avons tous collaborés. Et j’insiste sur le mot « collaborer ». Comme une contribution, en chaîne, à un résultat. A un drame atroce. Un désastre. Notre désastre. Je me dis aussi que peut-être il y avait des mots qu’il aurait suffi de dire pour t’empêcher de sombrer, mais nous ne savions même pas que nous étions en train de te perdre, nous ne l’avions pas encore compris. «
Mariage subtil de la sensibilité, de l’humilité et de la pudeur dans une écriture percutante. Coup de cœur !
L'histoire est originale dans ses idées.
L'auteure nous fait partager, à travers un point de vue interne, le quotidien d'une femme dont le mari a tué cinq personnes (d'une même famille). Nous avons donc l'avant, le procès et l'après.
Personnellement je n'avais encore jamais lu de roman de ce point de vue là et j'ai donc trouvé cela vraiment intéressant.
Les chapitres sont un peu trop courts selon moi et auraient mérités d'être davantage approfondis.
Si les idées m'ont plu et sont originales, elles ne sont, selon moi, pas assez approfondies. J'aurais vraiment appréciée lire un roman plus étoffé avec davantage de descriptions et de détails.
Concernant les descriptions, elles sont sommaires. Je pense sincèrement que l'auteure aurait pu décrire plus en profondeur les lieux, l'ambiance, les personnages et ce qu'ils pouvaient ressentir.
Je ne suis malheureusement pas arrivée à m'imaginer les personnages et l'ensemble du roman.
Le style de l'auteure est agréable à lire et fluide. On sent tout de même que l'auteure à travaillé sur son histoire.
En résumé, une histoire très intéressante par rapport aux idées et au point de vue mais qui aurait méritée d'être vraiment plus approfondie.
Si vous ne connaissez pas cette auteure je vous recommande ce roman !
Un véritable exploit que ce condensé incisif et saisissant en à peine 144 pages, l’auteure nous livre une fiction inspirée d’un fait divers terrible. C’est Anna qui va être la narratrice de ce drame familial. Tout débute par le procès de Constant son mari. Dans leur petit village montagnard, un couple métisse, les Langlois et ses trois enfants viennent d’emménager dans le superbe chalet qu’ils ont fait construire juste en face de chez Constant et Anna. Rapidement cette famille hors norme exerce une fascination et un intérêt qui se concentre sur Bakary Langlois qui possède une personnalité charismatique. Pourtant au fil des rencontres, Constant passe de l’éblouissement à l’envie et la relation commence à devenir délétère. Par la voix d’Anna et on sent montée la tension vers ce drame inéluctable. Peu de suspense, on sait comment tout cela c’est terminé. Plutôt une analyse fine de ce qui s’est joué entre ses deux familles. C’est effrayant d’imaginer monsieur tout le monde en la personne de Constant, de voir cet homme calme et pondéré qui n’a jamais fait de mal à personne, se transformer en barbare en tuant méthodiquement un homme, une femme et leurs trois enfants. Le contraste des moments où tout allait bien, repas partagés, fêtes du village, rires et joies, au regard de la tragédie à venir donne un fort impact émotionnel. Le village isolé forme un huis clos où tout peut arriver. On alterne les souvenirs d’Anna avant le drame et des instantanés du procès sans comprendre réellement le pourquoi, la raison de ce meurtre. On pense au racisme, au rejet de l’étranger, à la jalousie face à un plus riche, à l’humiliation, à la vexation mais on retient surtout la colère de Constant qui ravage tout sur son passage. Un livre sans un mot de trop, qui dit l’essentiel et nous donne à réfléchir sur les motivations profondes de ce crime. Bonne lecture.
Un livre glaçant inspiré d'un vrai fait divers dont je n'avais pas connaissance.
La construction du roman est implacable entre flash du procès et retour dans le passé pour comprendre comment le meurtrier en est arrivé là. L'ecriture est soigné et c'est intéressant d'avoir pris l'angle de l'épouse qui revit les faits en cherchant à comprendre ce qui a motivé son mari à passer à l'acte. Ce sont ses souvenirs, les retours en arrière qui vont faire ressurgir toutes les petites alertes qui sont passées inaperçues.
Le roman est court, il se lit vite, et pourtant il y a quelques défauts dans le rythme du recit à mon sens. Le début prend son temps en posant patiemment les bases du recit mais la fin est précipitée. J'ai apprécié la dernière partie en rupture mais on passe du procès à cette dernière partie de manière très brusque.
Quelques pages supplémentaires pouvaient permettre d'aller un peu plus loin en se mettant par exemple dans la peau d'un membre du jury du procès.
Toutefois je comprends le souhait de l'auteur de rester bref, concis, implacable. Il ne faut pas tomber dans l'excès et faire du remplissage mais cela aurait pu être un peu plus creusé avec un rythme plus régulier.
Ceci dit, ce livre reste un bon roman que je recommande. Rapide à lire, bien écrit, c'est une vraie plongée dans ce fait divers glaçant qui ne manquera pas de bousculer un peu le lecteur.
Amateurs de romans à l’eau de rose, passez votre chemin. Ce roman qui s’inspire d’un fait réel décrit l’horreur d’un quintuple assassinat. Dès les premières pages du roman, j’ai ressenti une tension, qui ne m’a plus quittée jusqu’à la fin.
La force du roman tient pour moi en le fait que l’histoire est racontée du point de vue de l’épouse de l’accusé. Et le regard qu’elle porte sur son époux, sur leur vie commune, sur son caractère, rend le criminel presque sympathique. Et c’est là que se crée le malaise : le responsable de ce quintuple meurtre, c’est tout simplement un humain, comme nous le sommes tous. Un humain avec ses failles, ses croyances limitantes, sa susceptibilité et sa peur de l’autre.
L’écriture est superbe, fine et très percutante. L’auteur réussit la prouesse de transformer un fait divers abominable en une histoire bouleversante d’humanité.
Un livre fort et glaçant d'un quintuple meurtre et du procès du meurtrier qui s'ensuit. Le cadre et l'atmosphère sont bien posés, le village calme sans histoires, des gens qui se connaissent et s'apprécient, et une famille nouvelle qui s'installe, faisant voler en éclat le vernis de ce doux tableau.
Le récit propose une double narration, celle du procès avec l'interrogatoire du suspect et celle de la femme du prévenu relatant le déroulement des événements, comme une observatrice elle-même victime de la folie de son mari.
L'histoire nous évoque vaguement quelque chose car inspirée d'un fait divers mais le roman montre avec beaucoup de justesse comment un homme considéré comme "normal" peut un jour craquer et dégoupiller, au point de commettre l'irréparable sans qu'il ne soit capable de se ressaisir et de relativiser les choses. C'est aussi une réflexion intéressante sur la condamnation à perpétuité qui pourrait être au départ une sentence trop douce face à ce genre de drame.
A lire à découvrir !
Une alternance entre le récit d’un procès et les pensées intimes de la femme de l’assassin. L’idée est intéressante. Las ! Le récit ne démarre vraiment qu’à la page 90 (presque les deux tiers du livre), à la suite d’une question très banale : « Tu cherches quelqu’un pour le ménage ? » C’est cette phrase qui va déclencher le drame, sans que personne ne s'en doute. Après, tout va s’enchaîner inexorablement. Le récit aurait presque pu démarrer à cet endroit, après que les personnages et le contexte eussent été campés. La fin manque également de panache. Dommage parce que l’écriture n’est pas mauvaise en soi.
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