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Quand Ariane, archéologue au musée de Nice, voit sa mère vieillir et les premiers symptômes de la maladie apparaître, elle sait le peu de temps qu'il lui reste pour comprendre cette femme distante et amère. Qu'a-t-elle laissé en Italie dans les années 1960 pour émigrer de l'autre côté des Alpes ? Un huis-clos de femmes sur fond de Méditerranée, traversé par les paysages de Nice, ses ruines et ses mirages, contre lesquels se fendent les identités telles des vagues.
Un livre qui parlera à tous les enfants et petits-enfants d'immigrés pour sa justesse de ton, l'expression formidable des émotions d'une fille et d'une mère qui attendent la mort pour enfin se comprendre.
Magnifique....
L'Italie est définitivement une source d’inspiration profonde pour Laura Ulonati qui pousse sa qualité d’écrivaine loin, très loin. Après Une histoire italienne (Gallimard, 2019) pour lequel elle sort finaliste du prix du Premier Roman, l’autrice et enseignante charentaise explore la question des racines au cœur de son roman Dans tout le bleu (Actes Sud, 2021).
Ariane est archéologue au musée de Nice. Née de parents italiens, elle ne sait finalement pas grand chose de leur passé d’immigrés, des souvenirs que l’on garde profondément pour se créer une identité propre. Au contraire, elle ne connaît que trop bien les non-dits, l’âpreté d’une mère face à son existence décousue et ses rêves envolés au travers des fenêtres de la cité. Le jour où Ariane apprend que sa mère est atteinte d’Alzheimer, la mémoire d’antan fait soudainement surface, celle que l’on ose dévoiler uniquement lorsque l’esprit se libère. Faut-il seulement être prête à l’entendre.
A défaut de saisir le temps qui passe, on décortique les paroles. Laura Ulonati fait honneur à ses racines en mettant en scène des personnages très inspirés des femmes de sa famille et de cette frustration grandissante face aux choses dont l’on ne parle jamais. De sa plume surgit la difficulté de l’immigration, la douleur d’une existence que l’on laisse derrière à contrecœur pour espérer une vie financière plus agréable. L’eldorado enchanté à la française. La figure de la mère y est complexe, « étrange et étrangère, sauvage et despotique » et pourtant pleine d’émotion. Le rapport filial qu’entretiennent les deux femmes ne tient qu’à ça : le gène, le lien ultime qui suggère les questionnements les plus intenses.
Il est à la fois surprenant et déconcertant de voir la façon dont la maladie qui surgit ouvre les vannes des non-dits, propose des élans secrets et inconscients que rien n’aurait laissé échapper autrement. Alors les brèches se forment, ouvrent la porte des plaisirs longtemps interdits, ceux d’une mère qui a toujours vécu à côté de sa vie. Ariane se veut sauveuse tandis que sa mère est bourreau et la maladie d’Alzheimer, par la décadence qu’elle opère, inverse sans cesse les rôles. On le sait d’avance, rien ne peut sauver cette matriarche mutique de la démence, si ce n’est la démence elle-même.
C’est brutal, poétique et transcendant au cœur d’un récit foncièrement psychologique et dramatique. Le passé devient l’ultime moteur du futur, une quête sans merci pour comprendre le cheminement de cette figure tutélaire qui s’est toujours gardée de raconter son histoire tragique et sa vie d’avant au rythme des flonflons de Montebello.
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