Janvier. L'épouse et les enfants de M. Lamaury exécutés dans leur maison d'Abidjan. Crime terroriste?
Février. Franck Laveraud exécuté dans son bureau. Vengeance.
Mars. Le commandant Grimm, muté trois mois plus tôt au SRPJ de Rennes, enregistre la plainte de monsieur Kerdegast, riche chef...
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Janvier. L'épouse et les enfants de M. Lamaury exécutés dans leur maison d'Abidjan. Crime terroriste?
Février. Franck Laveraud exécuté dans son bureau. Vengeance.
Mars. Le commandant Grimm, muté trois mois plus tôt au SRPJ de Rennes, enregistre la plainte de monsieur Kerdegast, riche chef d'entreprise local, qui s'inquiète de lettres anonymes l'accusant d'être l'assassin de quatre personnes. Bien qu'il prétende ne pas les prendre au sérieux, il demande une enquête aussi discrète que diligente. Grimm, sommé par son chef d'y accorder toute son attention, s'aperçoit bientôt que Kerdegast est suivi par un homme en scooter.
Une seconde lettre, encore plus explicite, arrive. L'oeuvre d'un désaxé qui s'ennuie? D'un concurrent jaloux qui cherche à le déstabiliser? Une vengeance personnelle en rapport avec le passé de Kerdegast? Grimm et son équipe ont beau multiplier analyses de la lettre et de son contenu, aucun piste sérieuse n'émerge.
Dans le même temps, ils travaillent sur une affaire de drogue aux ramifications nationales, dont Rennes constitue un des maillons: Pujol, de la police judiciaire de Nîmes, avait réussi à infiltrer un groupe de dealers et à déterminer le lieu de leur prochaine livraison. Quartier du Blosne, au sud de Rennes. Grimm et son équipe n'ont plus qu'à mettre sur pied une opération visant le flagrant délit.
C'est alors qu'un sac poubelle contenant les morceaux d'un cadavre est déposé sur le perron de la villa de Kerdegast. Il s'agit du corps d'une femme qui a été étranglée puis découpée mais dont il manque la tête. Difficile, dans ces conditions, de l'identifier. Bien que Kerdegast nie farouchement toute implication dans cette sordide histoire, Grimm est persuadé qu'il en sait plus qu'il ne le prétend. Qui est la victime? Pourquoi l'a-t-on tuée de si horrible manière? Et pourquoi déposer le cadavre sur le perron de Kerdegast? Seule certitude: le crime a eu lieu ailleurs...Mais où??
Une enquête difficile pour le commandant Grimm dont la vie privée mouvementée ajoute à son sentiment de frustration qu'il peine à juguler...
Dans l'ombre du loup a été publié le 21 janvier 2021 par XO Editions. Le style d'Olivier Merle est énergique; pas de fioritures: les mots glissent tout seuls, permettant au lecteur de se concentrer sur le contenu, car rien de plus désagréable que de lire un polar truffé de coquilles ou de maladresses syntaxiques. "Il gagna son bureau et s’assit sur son fauteuil. À vrai dire, Grimm ne se sentait pas d’humeur à travailler. Il cherchait surtout à s’isoler. Il posa les pieds sur la table, jambes tendues, renversa la tête en arrière en fermant les yeux, les deux bras retombant de part et d’autre des accoudoirs." (Page 93). Le découpage du texte, dont les chapitres sont signalés par de simples numéros, insérés dans des parties précisant le mois, l'enquête menée par le commandant Grimm et son équipe. Dialogues, passages narratifs dans lesquels l'auteur livre les réflexions et les ressentis des protagonistes et scènes d'action détaillées s'enchaînent harmonieusement: "Il n’osa pas décliner son statut de commandant de la police judiciaire, ignorant s’il devait rester discret sur ce point. Il s’apprêtait à expliquer qu’il avait rendez-vous avec M. Kerdegat quand il y eut un second déclic plus long, d’une tonalité plus basse, et la grille se déverrouilla. Il n’eut plus qu’à la pousser.
Grimm remonta la courte allée en gravier qui menait au perron de l’énorme porte d’entrée. Ce ne fut pas un serviteur en livrée qui lui ouvrit, mais l’employée de maison repérée par Ermeline, celle-là même qui prenait son travail tous les matins à 8 heures. Entre deux âges, d’allure impersonnelle, elle s’efforçait de conformer sa physionomie à la dignité et à la retenue qui seyaient à la classe sociale qu’elle servait. Grimm se présenta de nouveau." (Page 60).
De réelles qualités narratives pour ce polar. Sens de la description: "C’était un homme de petite taille, mais du genre râblé, costaud, assez large d’épaules, aux membres courts qu’on devinait puissants. Il avait le haut du crâne dégarni et les rares cheveux qu’il conservait au sommet du front étaient plaqués en arrière formant quelques lignes sinueuses destinées à dissimuler sa calvitie. Sur la nuque, les cheveux redevenaient abondants, recouvrant le cou, à l’inverse des tempes, coupées à ras. Le nez était large et long, si proéminent qu’il déterminait toute la physionomie du visage. Car ni les lèvres minces, comme absentes, ni le menton fuyant, ni les yeux allongés en deux fentes oblongues, ne pouvaient rivaliser avec un tel appendice qui lui mangeait presque le visage." (Page 186).
Une intrigue bien ficelée, développant des méandres parfois un peu longs, par exemple les séances du commandant avec sa psy, ou les développements de sa vie privée. Néanmoins, Dans l'Ombre du Loup reste un polar intéressant, abrupt comme un coup de poing, égratignant au passage la bourgeoisie bien pensante, les pontes de la police qui pensent politique et résultats, oubliant que les flics interviennent sont confrontés chaque jour aux forces du mal, mais également à des victimes, des êtres humains malmenés par la vie.
Bonjour Dominique, merci pour votre petit mot et ravie de donner envie à d'autres de lire ce polar français. Belle fin de journée et à bientôt.