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"Est ce que je suis condamné à toujours espérer une autre vie ?"
Après avoir tué symboliquement son père et sa mère par le biais de l'autofiction, Edouard Louis essaie d'en finir définitivement avec Eddy Bellegueule, en retournant à nouveau dans son passé, pour détailler les étapes de ses métamorphoses.
Transfuge de classe, on sait qu'il était déterminé à tourner le dos à sa famille, à son milieu social, au chemin tracé d' avance de la médiocrité et à une norme sexuelle qui ne lui correspondait pas.
On connaît moins le poids des insultes et des humiliations qu'il a subies.
On connaît peu le sentiment de revanche qui l'animait.
Et on découvre ici le douloureux chemin de la métamorphose, toujours remis en question par un sentiment d'illegitimite.
La souffrance est d'abord inscrite dans le corps. Car ce n'est jamais le bon corps.
Enfant, c'est le corps "d'un péde", fragile, maladroit, maniéré avec une voix trop aiguë.
Adolescent, c'est le corps du pauvre, les dents gâtées, les vêtements inadaptés.
« À un peu plus de vingt ans, écrit-il, j’avais changé de nom devant un tribunal, changé de prénom, transformé mon visage, redessiné la structure de mon implantation capillaire, subi plusieurs opérations, réinventé ma manière de bouger, de marcher, de parler, fait disparaître l’accent du Nord de mon enfance. »
Et pour changer tout cela, il n'y qu'une seule possibilité : imiter les autres, ceux qui ont les bons codes.
Mimétisme dès l'enfance : la documentaliste du collège, Elena et sa famille, Didier Eribon et ses amis parisiens, la grande bourgeoisie intellectuelle et internationale.
Alors ce sentiment d'être un intrus, tant et tant répété, est plus que justifié.
Comment retrouver le petit Eddy sous les couches successives qui se sont accumulées sur la silhouette d'Édouard ?
Comment ne pas se sentir imposteur quand on s'est fabriqué un personnage en piochant ici ou là chez les passeurs de classe qui l'ont accueilli et, plus encore, chez ceux qui ne voulaient pas de lui ?
Peut-être en acceptant la bienveillance de ceux qui l'ont aidé à simplement évoluer et en rejetant la part inauthentique de ceux qu'il a seulement voulu imiter ?
Edouard Louis a encore le temps de se trouver. On l'espère pour lui, tant son parcours semble douloureux et la nostalgie, source de souffrance.
Abandon pour ma part .
Pourtant fan de l'auteur j'avoue n'avoir pas su continuer la lecture à partir du récit oû Eddy devenu Édouard décidé de ne plus retourner dans sa famille afin d'échapper à son milieu social qui lui est devenu étranger
Une lassitude et une impression de répétition dans le contenu .
Toujours fan de Eddy Bellegueule qui m'a bouleversée.
C'est un peu un rendez vous manqué en quelque sorte.
Une question s'est imposée au centre de ma vie, elle a concentré toutes mes réflexions, occupé tous les moments où j'étais seul avec moi-même : comment est-ce que je pouvais prendre ma revanche sur mon passé, par quels moyens ? J'essayais tout. "
Un coup de coeur pour ce nouveau livre d'Edouard Louis, avec un contenu riche, une belle fluidité et une écriture de plus en plus aboutie. J'avais lu ses précédents ouvrages dont "En finir avec Eddy Bellegueule" qui l'a fait connaître mais aussi celui sur son père "Qui a tué mon père" ou encore celui sur sa mère "Combats et métamorphoses d'une femme". Dans ce dernier roman, Edouard Louis s'adresse à distance à son père, l'interpelle, mais il se parle également directement à lui-même en appelant cela "Entretien imaginaire devant un miroir". Outre une écriture plus élaborée et maîtrisée, le livre semble faire une synthèse enrichie de ses précédents ouvrages, faisant d'avantage le liant entre les épisodes de sa vie.
Le titre "Changer : méthode" illustre cette volonté d'un jeune homme de s'arracher à son passé difficile, marqué par les moqueries et les railleries à cause de sa différence, au point de vouloir changer sa façon de parler, sa façon de manger, son apparence, son nom et son prénom, son milieu. Depuis le petit village du Nord, aller étudier à Amiens, la grande ville du coin était une première étape, puis rejoindre la capitale une autre, puis voyager encore plus loin.
Ce livre est une quête d'identité, ponctuée de rencontres marquantes et du besoin de changer. D'abord dans l'imitation, Edouard Louis va chercher à trouver son propre fonctionnement et se connecter à ses propres désirs.
C'est aussi une soif de culture et d'apprendre, de sortir de ces heures de télévision allumées dans le foyer familial, de faire de grandes études et de s'élever socialement.
La lecture regorge de phrases fortes :" Il y a eu d'autres tentatives, d'autres essais pour m'arracher à cette enfance détestée ...", "... je me suis allongé et j'ai fermé les yeux, apaisé, avec l'impression d'appartenir un peu moins à mon passé.", "On vivra tous les deux et personne ne comprendra notre relation parce qu'elle ne sera pas comme les autres.", "Le matin, je me réveillais et en regardant autour de moi je me disais que j'avais triomphé de mon enfance, des coups, des insultes, de l'humiliation.", "J'effaçais une par une les traces de ce que j'avais été." Et une phrase illustre bien ce roman " ... j'ai détesté mon enfance et mon enfance me manque."
Une très belle lecture !
Édouard Louis est ce que l’on appelle communément un « transfuge de classe » : né dans une famille très pauvre du nord de la France, il parvient à s’extraire de son milieu grâce à l’école. En effet, pour suivre une option théâtre qui n’est pas enseignée dans le lycée le plus proche de son domicile, il doit quitter la maison et devenir pensionnaire, ce qui l’a « sauvé », serais-je tentée d’écrire. Il rencontre alors Elena, une jeune fille de bonne famille qui lui fait découvrir la façon dont on vit chez les bourgeois. Il s’imprégnera de tous les mots qu’elle prononce, imitera ses moindres gestes, retiendra le plus petit conseil. Avide de s’éloigner de ce milieu dans lequel il ne se reconnaît pas, il amorce une métamorphose acharnée et volontaire qu’il poursuivra longtemps jusqu’à l’ultime perfection. Tout son être sera ainsi soumis à une révision : il lui faudra mesurer ses gestes, se tenir correctement à table, parler moins et moins fort, manger mieux, plus léger, plus sain, s’habiller, marcher, rire autrement… Le corps aussi devra passer à la moulinette de l’embourgeoisement : les dents d’abord qui devront être alignées, les cheveux dont il faudra redessiner l’implantation… Quant à l’esprit, autant dire que tout est à construire : il faut avaler Derrida et tous les autres, forcer si ça ne rentre pas, mettre le paquet, lire et relire, inlassablement… Le concours de l’ENS réussi, on entre alors dans la cour des Grands. On a les codes, le pass, le sésame ouvre-toi…
Comme l’indique le titre, le changement est méthodique, systématique, organisé, discipliné, minutieux, volontaire, obstiné. Un travail de chaque instant.
Jusqu’au nom. Eddy Bellegueule n’est plus. Vive Édouard Louis.
« Changer : méthode » est un récit fascinant et terrible. Fascinant parce qu’il montre à quel point nous ne sommes que constructions, produits de notre milieu, de là où l’on vient. Terrible parce que finalement, on a beau tout changer, devenir un autre, s’éloigner le plus possible de notre point de départ, il semble que quelque chose (des racines peut-être ?) nous retienne à jamais prisonniers de nos origines…
Un texte essentiel, extrêmement fort et très touchant : le portrait d’un homme qui mesure l’écart entre ce qu’il était et ce qu’il est devenu : un étranger à lui-même et dans le fond, un être malheureux.
LIRE AU LIT http://lireaulit.blogspot.fr/
Un destin intéressant:comment Eddy Bellegueule est devenu Edouard Louis et écrivain!Mais la souffrance est toujours là. Excellent roman sur les clivages sociaux en outre!
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