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Nous sommes à Great Falls, Montana, en 1960. Dell Parsons a 15 ans lorsque ses parents commettent un hold-up, avec le fol espoir de rembourser ainsi un créancier menaçant. Mais le braquage échoue, les parents sont arrêtés, et Dell a désormais le choix entre la fuite ou le placement dans un orphelinat. Il choisit de fuir, passe la frontière du Canada et se retrouve dans le Saskatchewan. Il est alors recueilli par un homme, Remlinger, qui fait de lui son apprenti et son factotum. Remlinger est un " libertarien ", adepte de la liberté individuelle intégrale, qui vit selon sa propre loi en organisant des chasses. Canada est le récit de ces années d'apprentissage au sein d'une nature magnifique, parmi des hommes pour qui seule compte la force brutale, comme le montre l'épisode final, d'une incroyable violence. Des années plus tard, Dell, qui est devenu professeur à l'Université, se souvient de ces années qui l'ont marqué à jamais.
Qualifié de " page-turner " par le NY Times, ce roman d'une puissance et d'une beauté exceptionnelles rappellera aux lecteurs de Richard Ford le premier de ses livres publié à l'Olivier en 1991, Une saison ardente. Il marque le retour sur la scène littéraire d'un des plus grands écrivains américains contemporains.
Dans l’émission radiophonique de France Culture « La bibliothèque de... » consacrée à Josée Kamoun, celle-ci se dit « hantée » par une œuvre qui l’a beaucoup marquée : « Canada » de Richard Ford, texte publié en juin 2012 aux États-Unis. Josée Kamoun explique qu’elle relit régulièrement ce roman (qu’elle a traduit) sans jamais en épuiser totalement le sens.
« Canada » est en effet une œuvre étrange, énigmatique et qui donne l’impression qu’un mystère se cache dans ce qui est dit, dans ce qui est là devant nos yeux mais que nous ne parvenons pas à saisir. Comme le dit la traductrice qui l’a relu plus d’une fois : à la fin, le mystère reste complet. À moins qu’il n’y ait pas de mystère. Seulement du vide et du silence.
Le narrateur, Dell Parsons, professeur à la veille de la retraite, raconte comment, alors qu’il avait quinze ans, ses parents, des gens banals et sans histoires, des gens ordinaires et tout à fait respectables, ont été amenés à dévaliser une banque, eux qui n’étaient absolument pas prédisposés à accomplir ce genre d’acte. Il évoque donc son enfance, interrompue brutalement par le hold-up et ses terribles conséquences à savoir l’éclatement de la structure familiale au moment même où il était un adolescent en train de se construire.
Il tente de cerner la personnalité de ses parents et de sa sœur jumelle. Le regard distancié du jeune homme devenu adulte donne l’impression qu’un destin terrible s’est abattu sur lui sans qu’il ait pu faire quoi que ce soit, le privant de toute liberté. Il ne fut en effet que le témoin en retrait d’événements qui se sont imposés à lui sans qu’il puisse avoir la moindre prise sur eux.
Qui est coupable ? Comment ses parents ont-ils pu en arriver là ? N’ont-ils pas, eux aussi, été piégés par la vie ? Comment survit-on, adolescent, balancé seul dans le monde, comme abandonné ? Le narrateur est sans cesse à la recherche d’un sens à donner à tout ce qu’il vit, à la terrible violence qu’il a subie. Il est extrêmement touchant dans sa volonté de comprendre, d’analyser le réel, de « reconstituer sa vie », lui qui, adolescent, voulut croire le plus longtemps possible qu’il allait pouvoir vivre normalement au sein de sa famille, aller au lycée comme les autres et se vouer à ses passions : les échecs (où l’on se déplace avec méthode et calcul) et l’apiculture (il est fasciné par l’organisation parfaite d’une ruche.) Mais le destin en a décidé autrement. Quel a été le sens de tout ce qui lui est arrivé ? Y avait-il, au moins, un sens à tout cela ?
Ford est un romancier brillant : ses personnages, incarnés grâce à des portraits extrêmement fouillés et ses descriptions de paysages, remarquables de précision et de nuance, créent un univers à la Hopper. Tout est là, sous nos yeux et pourtant, l’inconnu demeure. Josée Kamoun ajoute que « Canada » est un roman de l’espace, dans lequel les personnages se déplacent constamment, et de la frontière, du passage. Les descriptions des grandes étendues de blé sous un ciel immense sont fabuleuses de beauté et de mystère. Mais pour autant, aller ailleurs ne signifie pas « aller mieux ». Partir ne veut pas toujours dire « se reconstruire » ou « revenir ».
Par ailleurs, la capacité d’invention de Ford est étonnante : il surprend constamment son lecteur en plaçant ses personnages dans des situations inattendues, les rendant par là-même étrangers à ce qu’ils vivent et peut-être aussi à eux-mêmes.
« Canada » est un fabuleux roman d’apprentissage qui montre comment l’on se construit quand tout se détruit autour de nous. Il dit ce qu’est la vie. Brutale, cruelle, sans pitié. Absurde aussi. Absurde surtout. Et qu’il est inutile de chercher un sens caché. Il faut faire avec et essayer. Tant bien que mal.
Incontestablement, « Canada » est un très grand roman.
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« Mais de leur écart et survenu le nôtre. »
Quand des parents agissent de manière insouciante et entraînent leurs enfants Berner et Dell dans la chute. Ce dernier revient sur cet événement : l'avant, le pendant et l'après drame. Chacun voit sa vie bouleversée. Malgré des passages un peu longs, j'ai passé un bon moment de lecture. Laissez-vous transporter de l'autre côté de l'Atlantique. L'écriture de Richard Ford est intéressante : tel un photographe, il saisit chaque instant avec du recul et sans jugement.
C’est bien parce que ce roman fait l’objet d’un Prix et a reçu de très bonnes critiques que je me suis accrochée. Parce que ça partait mal : des redites, beaucoup, un rythme à faire s’endormir un insomniaque, un personnage principal qui ne comprend rien à ce qu’on lui dit et à ce qu’il se passe autour de lui, tout pour me plaire.
Le récit à commencé à m’intéresser dans sa seconde partie, au Canada. Des hommes rudes, un mystère qui plane, et le personnage d’Arthur insaisissable. Seuls quelques indices nous permettent de l’entrevoir, si peu.
J’ai, à ce propos, trouvé l’auteur meilleur dans ses réflexions sur la vie dans cette seconde partie. Il nous démontre ainsi que notre vie telle que nous la vivons n’est faite que de petits instants sans rapports les uns aux autres, s’enchaînant tout simplement dans le temps. L’absence de temps est d’ailleurs l’une des constantes de la vie du personnage au Canada.
Malgré son Prix Femina en 2013, je ne suis pas certaine qu’il me restera grand chose de ce texte d’ici quelques semaines.
L’image que je retiendrai :
Celle de Dell enterrant les deux américains sous l’oeil d’Arthur, ce qui scellera son abandon par celui-ci.
Quelques citations :
« Le prélude aux drames est parfois dérisoire. Charley l’avait dit, mais il pouvait aussi être seulement banal, sans rien de saillant. » (p.412)
« (…) moi étant la constante, le raccord, le coeur de cette logique. Avant de me dire que je bricole, que je bidouille pour inventer une logique, réfléchissez combien le mal est proche de pratiques ordinaires qui n’ont rien de commun avec lui. » (p.440)
http://alexmotamots.wordpress.com/2016/02/10/canada-richard-ford
j'ai attendu sa sortie en poche pour le lire et quelle deception.... ce livre est d'une lenteur terrible...
Canada raconte l'histoire de Dell, 15 ans, dont l'existence va être bouleversée par un mauvais choix de ses parents. Dell perd alors son innocence. L'histoire d'une grande profondeur pose des questions telles : qu'est-ce qu'une vie heureuse ? L'écriture de Richard Ford est belle et d'une grande précision. Un grand roman !
Qu'il est lent ce livre ... Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu richard Ford mais là j'ai souffert. Il me reste 30 pages, et je trouve toujours cela très lent. Je mettrais mon avis à jour quand j'aurais fini. Mais pour le moment, je ne le trouve pas du tout transcendant, loin du prix Fémina qu'il a obtenu
Je l ai fini: très décevant finalement. Peut être trop philosophique pour moi ?
Plutôt d'accord avec la majorité des avis. La première partie m'a laissée un goût de Pete Fromm ( notamment Comment tout a commencé) et j'ai aimé la longue description de ce hold up. Mais la deuxième partie se déroulant au Canada était pour le moins floue. Le personnage principal ne prend pas de substance. Même adulte, il reste de ces êtres qu'on ne remarque pas. L'écriture est nostalgique, contemplative et si elle rappelle ces grands espaces infinis, il manque peut-être un peu de vivacité.
"Canada" aurait pu être le grand roman d'une Amérique insatisfaite, en proie à des désirs impossibles. Ca l'est quelque part bien sûr, mais sans pour autant embarquer totalement le lecteur, le laissant un peu désemparé, face à un personnage principal peut être pas assez attachant et une intrigue trop ramassée pour donner le frisson d'un très grand livre.
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