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Prisonnier d'une légende qu'il a contribué à fomenter de son vivant, Antoine Blondin est généralement considéré comme une vedette incomparable de la presse sportive et un noctambule de la grande époque de Saint-Germain-des-Prés. Il fut beaucoup plus : un témoin et un acteur de son temps. Enfant d'une bourgeoisie bohème, passionné de sport et de littérature, journaliste engagé aux côtés des causes réprouvées ou perdues, Antoine Blondin romancier porta les espérances de la génération des Hussards. De L'Europe buissonnière à Quat'Saisons, en passant par Les enfants du bon Dieu, L'humeur vagabonde ou Un singe en hiver, ses oeuvres sont subtilement nourries des péripéties de son existence. Cette biographie s'écarte de la mythologie - à laquelle il doit une notoriété douteuse et contradictoire d'alcoolique joyeux drille et de bagarreur notable - pour retracer l'itinéraire d'une vie qui fut, de son propre aveu, «plus tragique qu'il n'apparaît mais plus accomplie qu'on en croirait». Elle a aussi l'ambition de réévaluer l'écrivain. Cette oeuvre «mince», comme il le dit dans Monsieur Jadis, mémorial de ses affections disparues, est trop souvent regardée avec une sympathie un peu condescendante. Et pourtant, l'élégance de sa petite musique, son lyrisme sans éclat de voix et sa verve de cancre surdoué devraient lui assurer une place dans nos classiques du XX? siècle.
Antoine Blondin, né le 11 avril 1922 à Paris et mort le 7 juin 1991 à Paris, fils d'une poétesse et d’un correcteur d’imprimerie, lui-même écrivain raté, est un brillant sujet à l'école, qui collectionne prix et récompenses. Sous l'Occupation, il est envoyé en Allemagne dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO), ce qui lui inspire son premier ouvrage, « L'Europe buissonnière ». Le livre obtient le Prix des Deux Magots. D'autres romans suivent (« Les Enfants du bon Dieu », « L'Humeur vagabonde », « Un singe en hiver » qui sera adapté au cinéma et « Monsieur Jadis »). Avec Roger Nimier, Jacques Laurent et Michel Déon, il fait partie du mouvement littéraire des Hussards. Egalement journaliste sportif, il est l'auteur de nombreux articles (plus de mille) parus notamment dans le journal L'Équipe. Il suit vingt-sept éditions du Tour de France et sept Jeux olympiques. Buvant souvent plus que de raison, il a marqué le quartier de Saint-Germain-des-Prés de ses frasques, jouant à la « corrida » avec les voitures, multipliant les visites dans les bars et collectionnant les arrestations.
Ce livre, pavé de 533 pages, est une biographie particulièrement fouillée de la vie et de l'oeuvre de Blondin. Le ton et le style en est assez lourdement universitaire avec tout ce que cela comporte de précision et de minutie (le corpuscule de notes représente à lui seul plus de cinquante pages en petits caractères), mais aussi de manque de fantaisie et de lourdeur amenant une lecture un peu laborieuse. Grand spécialiste de l'auto-fiction, ce genre littéraire reposant sur le témoignage d'une vie rêvée, transcendée et devenue légendaire, Blondin a plus laissé de questions et de zones d'ombre que de certitudes sur sa vie. L'auteur a cherché à s'éloigner de la mythologie, de la notoriété douteuse de l'alcoolique, franc compagnon et bagarreur notable, pour s'attacher au personnage mélancolique et désabusé ayant toutes les peines du monde à écrire et à produire une œuvre littéraire importante. Intéressant pour qui aime encore cet auteur malheureusement déjà un peu oublié de nos jours.
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