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Africains, Si Vous Parliez

Couverture du livre « Africains, Si Vous Parliez » de Mongo Beti aux éditions Homnispheres
Résumé:

Quoi qu'en disent les radotages de vos théoriciens tiers-mondistes, Monsieur le Président de la République française, quoi qu'en disent les ethnologues d'un autre âge qui s'empressent autour de vous et assurent vous livrer l'âme noire toute nue, un peuple déshérité ne saurait transformer son... Voir plus

Quoi qu'en disent les radotages de vos théoriciens tiers-mondistes, Monsieur le Président de la République française, quoi qu'en disent les ethnologues d'un autre âge qui s'empressent autour de vous et assurent vous livrer l'âme noire toute nue, un peuple déshérité ne saurait transformer son présent ni conquérir son avenir sans élever la voix et même frapper du poing sur la table.

Dans les dispositions de l'Elysée à l'égard de l'Afrique, rien n'a changé ; c'est toujours le même choix, en faveur des dictateurs, contre les peuples. Les espérances politiques de nos peuples ont été le plus souvent soit trahies, soit mystifiées.

Les pouvoirs franco-africains organisent donc le vide, le silence morose, le côtoiement des individus, des groupes, des catégories, des ethnies, jamais leur dialogue et leur interpénétration, en un mot l'obscurantisme. Broyés par des institutions culturelles dont la fatalité est de nous aliéner, nous prétendons créer une littérature qui soit l'expression authentique de notre moi collectif.

Si les Français se bouchèrent jadis les oreilles, quand nous tentions de leur conter l'histoire somme toute fade de notre résistance sous la colonisation, niant que celle-ci ait jamais eu le visage que nos plumes perverses s'obstinaient à tracer, que feront-ils a fortiori lorsque nous en viendrons fatalement à conter l'histoire atroce de trente ans de néo-colonialisme ?

Il faut nécessairement que nous la racontions, cette histoire-là. A nos enfants d'abord, parce que c'est un devoir de se transmettre de génération en génération les histoires sans lesquelles il n'y a pas d'histoire ni de mémoire collective.

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