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Il y a vingt ans de cela, j’avais lu Retour à Montechiarro, et j’en gardai un souvenir ébloui.
Un proche m’a offert « Vous qui entrez à Montechiarro » et, avant d’ouvrir ce volume, j’ai voulu me rafraîchir la mémoire.
Côté personnages, j’avais en souvenir Bonifacio Della Rocca et son fils Domenico, le père Baldassare, Agnese, Sebastien ; les lieux : Venise, la Toscane, m’avaient marqué au point de susciter un voyage en Toscane.
Par contre, je n’avais pas du tout gardé en mémoire la trame historique et, pourtant, celle-ci est une donnée essentielle.
Montechiarro conte le destin d’une famille toscane à trois époques tourmentées de l’histoire italienne.
1855 durant le Risorgimento, de 1919 à 1943 avec le déploiement du fascisme et la terreur qui s’ensuit et, enfin, 1978, pendant le tumulte des années de plomb.
J’ai vainement recherché mes notes de première lecture parce que je me posais la question suivante : étais-je passée à côté de la trame historique en me concentrant sur les aspects romanesques, les drames familiaux, l’héritage généalogique, la malédiction transmise de générations en générations.
Cette seconde lecture m’a donné l’occasion d’approfondir cet aspect et de découvrir l’impact d’une Histoire qui brise êtres et lieux dans ses secousses.
A propos du personnage de Salvatore Coniglio me reviennent ces propos d’Olivier Abel, philosophe et d’un ami qui, s’il me lit, se reconnaîtra : « L'humiliation a des effets plus profonds que la violence. L'humiliation engendre les guerres du futur. Il ne s'agit pas ici seulement de la loi du talion, car la revanche de l'humiliation se veut totale. L'objectif est de détruire l'autre, de dévaster la reconnaissance. »
Umberto Coniglio s’est maintes fois senti humilié face à Bonifacio Della Rocca et à d’autres bourgeois ou notables de la région, son petit-fils, Salvatore est marié à Agnese, la petite-fille de Bonifacio…pour sauver le domaine familial des Della Rocca. Son père n’a guère d’estime pour lui, sa femme lui montre son dédain…il sera un vaillant capo fachiste et causera beaucoup de mal au village et, en particulier au libraire, ami de son épouse et homosexuel. L’humiliation ressentie par deux générations devient, la bêtise aidant, une haine ravageuse et funeste.
C’est Agnese, personnage féminin lumineux de la seconde période qui sera la victime expiatoire de la haine de Salvatore.
Je ressens Agnese comme un personnage central du roman, elle porte un lourd héritage et s’efforce- en vain-d’en préserver ses filles. J’avais d’ailleurs gardé ce personnage en mémoire.
Retour à Montechiarro est un roman extrêmement bien construit, aux thèmes multiples.
Il est aussi très instructif parce richement documenté à propos de l’histoire de l’Italie.
Les ressorts du récit romanesque sont très fouillés, la psychologie des personnages solidement forgée expliquant leurs réactions aux affres de l’histoire et les rapports entre eux. Il y a aussi la transmission de générations en générations qui voit certains personnages porter la malédiction des errances de leurs aïeux.
Attention, cette histoire est marquée du sceau de la violence, lorsque l’Histoire secoue une nation, les démons sont toujours prêts à surgir.
Comment ne pas évoquer le mystérieux personnage d’Asmodée qui apporte une touche fantastique, mythique à ce récit.
Je crois malheureusement ma chronique impuissante à rendre toute la magie de cet ouvrage, c’est avec grand respect que je salue son auteur et que je vous invite à cette lecture quelque peu exigeante.
Audio-lu en février 2024
Évalué 4-5 étoiles : un récit de vengeances complexe et captivant.
Le Miroir des illusions, par Vincent Engel, lu par Philippe Caulier, VOolume, 2023 (1ère édition : Les Escales 2016)
Je poursuis mon avancée dans le monde d’Asmodée Edern, créé par Vincent Engel, toujours grâce à mon partenariat privilégié avec les éditions VOolume.
Mes précédentes tentatives avec Vous qui entrez à Montechiarro (évalué 2-3 étoiles) et Retour à Montechiarro (évalué 4 étoiles) m’avaient laissé des impressions en demi-teinte car j’avais un peu de mal à m’approprier les intrigues, à m’y retrouver avec les périodes qui se chevauchaient, des personnages récurrents et des problématiques communes aux différents récits.
Cette fois, je dois reconnaître que j’ai adoré. Il s’agit ici de plusieurs récits de vengeance qui se recoupent et l’ensemble est construit comme un véritable thriller psychologique…
En 1849, à la mort de son protecteur de toujours, Atanasio se rend à Genève pour la lecture du testament. Pour toucher l'héritage, le jeune homme doit accomplir une mission machiavélique : venger Don Carlo en assassinant les personnes qui lui ont fait du tort, selon un protocole précis : son ensorcelante veuve, Alba Malcessati, Wolfgang, l’un de ses amants avec qui elle a eu un enfant, leur propre fille, Laetitia, dont il n’est sans doute pas le père... Drôle de legs d’un père à celui qui ignorait être son fils !
Mais pourquoi Alba subit-elle autant le courroux de son défunt mari ? Elle avait pourtant reconnu ses fautes, cessé sa relation coupable avec Wolfang, certes dans des conditions peu avouables, mais bon ! Elle avait accepté plus ou moins les conditions imposées par son mari…
Mais Wolfgang souhaite lui aussi se venger d'Alba…
Quant à Laetitia et Raphael, ils voudraient simplement vivre librement leur histoire d’amour. Pourquoi donc Alba s’oppose-t-elle à leur mariage ?
Vincent Engel remonte dans le passé pour nous donner à lire les parcours et les motivations des différents personnages, de Venise à San Francisco, en passant par Milan, Berlin et New York. Il nous livre une véritable saga familiale aux multiples rebondissements, donc captivante et bien rythmée, avec un dénouement inattendu et percutant.
Naturellement, je guettais avec impatience les apparitions d’Asmodée Edern, cet étrange vieil homme qui traverse les siècles, dont le nom évoque un démon biblique, et qui agit sur les êtres qu'il rencontre à la manière d'un révélateur.
La version audio est très agréable à écouter, fluide. Cette fois, je ne me suis jamais endormie !
Cette 3ème lecture me conforte dans le fait de découvrir cette saga familiale de manière un peu désordonnée. Vincent Engel lui-même conseille à ses lecteurs, sur son site, de ne pas suivre la chronologie des publications, de créer leurs propres liens entre les différents opus…
Je vais donc persévérer dans la lecture progressive de cette saga familiale et historique qui compte au moins sept volumes.
#LeMiroirdesillusions #NetGalleyFrance #lesglosesdelapiratedespal
Les 23 h d'écoute de ce 1er tome du Le Monde d'Asmodée Edern (en réalité le 2ème) m'ont paru encore trop courtes et je n'ai qu'une envie, retrouver cette plume légère qui dépeint des paysages qu'on devine superbes et des personnages attachants sur fond de drame historique.
Retour à Montechiarro par Vincent Engel, lu par Philippe Caulier, VOolume, 2023 (1ÈRE édition : Fayard 2001)
Ma deuxième incursion dans le cycle toscan de Vincent Engel intitulé « Le Monde d'Asmodée Edern». Vous qui entrez à Montechiarro m’avait laissé une impression en demi-teinte ; non seulement, il me manquait des tenants et aboutissants puisque, encore une fois, j’avais abordé une série par le dernier volume mais, en outre, l’auteur m’avait souvent égarée en route : je perdais mes repères et, régulièrement, le fil du récit ; j’avais aussi du mal à m’attacher aux personnages…
Retour à Montechiarro est le second volet de la série (ne riez pas : je m’améliore !)…
Cette fois, je m’attends à retrouver Asmodée Edern, cet étrange vieil homme qui traverse les siècles dont le nom évoque un démon biblique et qui agit sur les êtres qu’il rencontre à la manière d’un révélateur.
Et j’ai éprouvé un réel intérêt pour les personnages, surtout les femmes, qui évoluent dans ce roman… En 1849, dans une Venise en ruines reprise par les Autrichiens, Asmodée Edern bouleverse la vie du comte Bonifaccio Della Rocca, venu célibataire de Montechiarro, et qui repartira en Toscane, marié à l'énigmatique Laeticia Malcessati. En 1919, dans l'Italie en proie à la crise économique, Agnese, la petite-fille du comte Della Rocca, se voit contrainte, pour sauver la propriété familiale, d'épouser le riche Salvatore Coniglio, aux sympathies fascistes déclarées. Son amitié avec un libraire homosexuel et sa rencontre avec le photographe Sébastien Morgan bouleverseront sa vie. En 1978, Laetitia revient à Montechiarro. Elle est la descendante directe de la première Laetitia, celle dont la fuite a désespéré, cent trente ans plus tôt, le comte Della Rocca… Une saga féminine donc pour traverser plusieurs générations : trois volets, trois époques.
Des contextes historiques que je maitrise mieux : la première guerre d’indépendance italienne, la dictature mussolinienne, le terrorisme des Brigades rouges…
Le monde d’Asmodée Edern me fait un peu penser à La Recherche du temps perdu de Marcel Proust… Des périodes qui se chevauchent, des personnages récurrents et des problématiques communes aux différents récits.
Pour moi, les mêmes difficultés à m’approprier les romans.
Cette fois, cela a beaucoup mieux fonctionné pour moi. J’ajoute que cette version audio, lu par Philippe Caulier, est une belle réussite.
Pour autant, je ne suis pas certaine de lire tous les romans de la série… Mais, grâce à mon partenariat avec les éditions VOolume, Le Miroirs des illusions est déjà dans ma PAL.
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