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Une lecture intense. Un texte bref et éprouvant qui parvient en peu de pages à dire tout de ce que peut être une relation amoureuse toxique. Toxique jusqu'à l'extrême, jusqu'à l'effondrement de Lilja, jeune femme de 20 ans. Comme dans un journal intime, elle raconte les étapes de cet amour sous emprise et son aveuglement. Manipulation, dévalorisation, infidélité, isolement social.
Un récit à la beauté froide, d'une justesse effrayante.
Premier roman de Thora Hjorleifsdottir, récit de la parole de Lijla qui mène une relation avec un homme plus vieux, une relation toxique entre infidélité, emprise, manipulation, vide de l'entourage familiale et amicale, de consentement sur certaine pratique sexuelle.
Un texte court entre obscurité et espoir, un final ouvert, des questionnements, un récit poignant et viscérale. Un texte qui peu libérer la parole des femmes, montré qu'elle ne sont pas seul mais aussi qui montre que l'on ne doit pas banaliser les faits de la société.
Magma
Un livre très court pour aborder un sujet si vaste : l’emprise.
Celle qu’une jeune femme ne voit pas venir.
Il faut dire que le garçon est beau, intelligent. Il a su être là quand elle en avait besoin.
Alors s’il a des exigences, pourquoi ne pas les accepter ? Pourquoi ne pas tolérer sa jalousie et ses infidélités ? Il est à la fois ombre et lumière, apaisement et colère.
Lilja n’est plus à un paradoxe près.
Elle l’aime tellement, elle ne supporterait pas de le quitter. Elle ne se rend pas compte qu’elle subit bien pire en restant avec lui.
Ce roman fait de courts chapitres démontre bien à quel point l’emprise, les relations toxiques sont insidieuses. Elles sont faites de renoncements, petit à petit. De chaud et de froid, d’une dépendance à l’autre qui sait si bien manipuler nos blessures.
Ce roman permet d’aborder, par le biais de la fiction, les mécanismes à l’œuvre dans ce type de relation. Il monte qu’ils ne sont pas réservées à des personnes faibles, sans ressources et sans attaches. Nous pouvons tous être victimes de ce genre de relation.
Un ouvrage coup de poing, qui se lit d’une traite, en apnée face à cette terrible descente aux enfer.
Une belle publication des éditions Agullo que je vous conseille.
La couverture est très réussie, simplement superbe dans un premier temps, le malaise vient un peu après, avec le recul de la lecture. Thora Hjörleifsdóttir, Þóra Hjörleifsdóttir selon l'orthographe islandaise, est poètesse, elle a eu l'occasion de publier trois recueils non traduits à ce jour. Magma constitue son premier roman, si tant est que l'on puisse le catégoriser. J'y verrai davantage un genre de journal intime, puisque la narratrice s'y confie page après page, sans qu'il n'y ait de date indicative cependant.
Derrière cette couverture, le portrait en noir et blanc d'un jeune homme aux traits fins et tacheté de fleurs d'un rouge vif, il y a la voix de Lilja, une jeune femme de vingt ans. À Reykjavik en 2007. le récit de Lilja est découpé en une multitude de textes, de deux ou trois pages maximum, dont chacun porte un titre. le découpage est ainsi à la fois chronologique et thématique. Sans autre forme d'introduction, le premier texte s'intitule Chlamydia, la direction est donnée : celle de la maladie, du malaise, du mal-être, de la sexualité. Lilja découvre en effet qu'elle est atteinte de cette IST, et c'est l'objet des reproches de celui qui a tout de son compagnon, ce Il, sans prénom pour l'instant. On ne sait pas, Lilja ne le sait pas elle-même, s'ils forment un couple ou pas. Les inconvénients du couple sont en tout cas déjà là, annonciateurs de cette relation malsaine que Lilja, une jeune femme perdue, et son amant vont vivre, pour le dire plus précisément, qu'il se plaira à entretenir, insidieusement.
La succession de ces textes hachés, sans aucune transition pour les relier entre eux et en faire un récit fluide et sain, accentue le déséquilibre da la relation que Lilja entretient avec l'homme et la nature insidieuse et perverse de sa personnalité. Ce n'est pas seulement l'homme, ses descriptions, son comportement, qui rendent ces textes infiniment piquants, c'est l'univers qui l'entoure, où chaque chose soulève des interrogations, provoque l'inconfort, l'embarras, telle que la description plutôt glauque de son colocataire, un ermite, dont l'hygiène laisse à désirer, et qui trouve son refuge dans les graisses saturées et les sodas. le garçon se distingue donc par sa beauté physique, Lilja y revient régulièrement, comme une litanie, ligne directrice de son attirance pour celui-ci qui se comporte avec elle pourtant en goujat patenté.
Ces textes se lisent à la chaîne, laquelle a pour but de mettre en avant toutes les contradictions de l'individu et de sa posture, ou plutôt son imposture, du personnage de beau jeune homme érudit qu'il se compose face à la société, et qui lui permet d'exercer sa domination perverse envers Lilja. Ainsi le troisième texte, qui s'intitule Végétariens et dans lequel Lilja explique que l'homme ne supporte pas de la voir manger de la viande, ce qu'elle fait volontiers, vient s'opposer au texte précédent ou elle explique qu'il vit avec un garçon qui se goinfre de burger, sans que cela lui pose le moindre problème. Posture qui se décompose donc au fur et à mesure du texte, au fur et à mesure du mal-être grandissant de Lilja, sous l'emprise totale et déraisonnée de l'homme.
L'homme sans nom, celui qui n'en a jamais, n'est pas anonymisé par hasard. C'est la force de ce texte, ce bel Islandais pourrait être n'importe quel autre homme, qui sait déceler les failles de celle qu'il a en face de lui. En reconstituant la focalisation interne de Lilja, de manière vaguement diariste, Thora Hjörleifsdóttir démonte le mécanisme de l'emprise perverse, qui finalement est peu ou prou toujours le même : séduction, jouer le chaud et le froid, domination, humiliation, destruction. Et ça fait froid dans le dos. La sexualité, ouverte, subversive, joue un grand rôle là-dedans : dans ce cas-ci, c'est une manière d'imposer et dominer le corps, de la femme, qui n'est plus Lilja, mais un corps féminin comme un autre, une poupée gonflable à chair humaine.
Ces tâches ensanglantées qui ponctuent le portrait masculin laissent deviner la violence, d'abord psychologique qui ouvre la voie à la violence physique, où le consentement est arraché à force de manipulations, la mutilation auto-infligée d'une fille qui pense qu'elle ne vaut pas grand-chose face à l'homme qui, lui réellement, ne vaut pas grand-chose, laissant la paternité et la responsabilité de ses deux enfants aux mères respectives, mentant à bout de bras, trompant et ne respectant rien d'autres que ses propres envies. La dédicace en début d'ouvrage pointe le doigt sur le côté cyclique et systémique de cette aliénation affective, que l'auteur a recrée sur pièces mais incarne surtout une forme d'encouragement à celles, encore engluées dans une relation malfaisante, à en sortir pour sauver sa peau.
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