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Dernier ouvrage de cette trilogie.
1956
Le temps a passé pour notre brigade de policiers noirs. Ils ont rejoint les locaux des blancs mais toujours en sous-sol. Ils sont maintenant quinze toujours dirigés par Mc Innis, homme intègre qui les soutient fermement auprès de sa hiérarchie blanche. Ils sont toujours rabaissés, traités de "nègres " , "négros", "cocos" par la classe politique, les flics blancs et leurs concitoyens.
Boggs est marié et à quatre enfants. Tommy Smith avait démissionné suite à un événement tragique que Boggs ne lui avait pas pardonné.
Il est maintenant reporter au grand journal noir Daily Times dirigé par Arthur Bishop.
Il reste un soir dans son bureau afin de finir son article tout en buvant des rasades de son flash d'alcool et finit par s'endormir. Il est réveillé en sursaut par des détonations ainsi que du bruit à l'étage supérieur. Il essaie de sortir de sa torpeur et des vapeurs de l'alcool. A-t-il bien entendu des coups de feu ? Il se précipite à l'étage pour découvrir un homme s'enfuyant et son patron à terre qui va bientôt rendre l'âme. Smith appelle ses anciens coéquipiers car il sait qu'il est dans de beaux draps.
Pour lui commence les interrogations et les coups des flics blancs qui en profitent allègrement en l'accusant du meutre.
Il va être libéré et décide de tout faire pour résoudre cette affaire. Il n'a pas oublié les réflexes de son ancien métier. Il va ruser, contourner, mentir, cacher ses découvertes et agir finement.
Il sera question de politique, communisme, FBI, mafia, promotteurs immobiliers et comme toujours magouilles, mensonges et racisme. On abordera également la relation consentie entre blancs et noirs mais rejetée par la communauté blanche et punie par la corde.
La hiérarchie de Mc Innis va faire pression lui proposant un nouveau poste afin qu'il lâche son équipe..il y a urgence à empêcher son équipe d'enquêter. Tous les moyens sont bons, mais ils ne céderont rien.
C'est tout simplement palpitant et excellent.
Deux ans ont passé, nous sommes en 1950, les agents Boggs et Smith se sont accrochés et sillonnent encore et toujours leur quartier. Rien n'a changé, ils sont toujours rejetés par les blancs et leurs conditions de travail n'ont pas évolué.
On entre un peu plus dans la vie familiale et personnelle de nos deux agents. Il y a l'amour, les tensions et des choix à faire.Boggs va en faire les frais.
Sur le terrain, les familles noires achètent des maisons de plus en plus près de la communauté blanche.
Cela est inadmissible et doit cesser.
Faisons sauter leurs maisons et passons-les à tabac et plus si affinité !
La tension est extrême et les agents doivent faire face.
Encore une excellente description de la situation raciale de l'époque.
Atlanta 1948
Création de la première brigade noire cantonnée aux quartiers noirs de la ville et de nuit. Huit hommes ont relevé le défi malgré de gros écarts entre les policiers blancs et ces derniers. Aucun droit, aucun pouvoir, pas de voiture , interdiction de rentrer au commissariat, alcool interdit , logés dans un local pourri, interdiction d'arrêter quelqu'un sans l'intervention des policiers blancs et un racisme épouvantable. A cela il faut ajouter corruption, lynchage, meutres, KKK, magouilles .
Il faut toujours rester vigilant et faire son travail au mieux.
Les agents Boggs et Smith vont s'y coller. Après la découverte du corps d'une jeune métisse, ils vont enquêter officieusement et souvent sur leurs heures de repos afin de découvrir qui a tué et pourquoi.
On a bien souvent le poil qui se hérisse car hélas les mœurs de cette époque, racisme et la ségrégation battent le pavé .
Un très bon roman qui mène intrique et faits historiques.
1918, quelques mois avant l'armistice. La grippe espagnole balaie toute la planète notamment les Etats-Unis. Les ravages sont terribles au point qu'une petite ville industrielle, Commonwealth, au coeur d'une forêt reculée au Nord de Washington, vote une quarantaine absolue pour tenter de se protéger de la contamination : personne ne peut en sortir, personne ne peut y entrer. Des tours de garde sont organisés par des volontaires pour veiller au respect du confinement.
La très réussie scène inaugurale introduit l'élément perturbateur : un étranger vêtu d'un uniforme sale de soldat s'approche et demande asile. Philip, seize ans, et Graham, vingt-cinq ans, son ami marié et jeune père de famille, sont de garde ce jour-là. Une décision est prise, lourde de conséquences.
Evidemment, le contexte du récit ( épidémie, guerre, confinement, privation de liberté ) résonne avec le monde actuel. Pourtant, il s'agit là du premier roman de Thomas Mullen, publié aux Etats-Unis en 2006, bien loin d'un quelconque opportunisme littéraire. En fait thème de la ville pestiférée, avec ses accents camusiens, permet à l'auteur de conduire une réflexion quasi existentialiste sur les choix d'une vie lorsque celle-ci est confronté à l'absurde et au chaos, ici représenté par un fléau.
Le récit est lent. Il peut même sembler répétitif parfois, mais c'est ainsi que s'installe une atmosphère étrange, flottante, pleine d'une menace sourde. Thomas Mullen fait avancer très subtilement son intrigue sur des détails qui passent quasi inaperçus avant de rebondir et prendre sens plus loin. Il décortique avec une acuité saisissante comment tout se désagrège.
D'abord la communauté de Commonwealth, ville vertueuse qui s'était érigée sur des idéaux quasi socialistes d'égalitarisme autour de la scierie où les ouvriers sont bien traités, bien payés, écoutés. Comment continuer à appliquer ses valeurs progressistes lorsque les temps sont aussi durs et dangereux ? le contrepoint comminatoire du massacre d'Everett ( terrible répression policière d'une manifestation organisée par des membres du syndicat Industrial Workers of the World le 5 novembre 1916 ), vécu par un des personnages et raconté en analepse, rappelle la fragilité des idéaux les plus nobles.
« La quarantaine conçue pour empêcher la grippe de pénétrer en ville n'avait eu pour résultat que de la couper de ses idéaux premiers. C'était une ville en pleine éclipse et il serait obligé de naviguer par ses propres moyens au milieu des ténèbres. »
La fragilité collective du consensus politique est ainsi parfaitement analysé, tout comme celle des personnages. le huis clos imposé par le confinement modifie les rapports humains à mesure que la peur, la suspicion, la paranoïa et l'aliénation entraînent les personnages dans un maelstrom d'émotions et de sentiments qui bouleversent leur être en profondeur.
Le lecteur est happé par leurs interrogations et leurs dilemmes dans toute leur complexité, sans aucun manichéisme. Chacun des personnages pensent agir selon des principes de rationalité, de moralité et de bonté, mais de bonnes intentions peuvent engendrer des actes néfastes. Ce qui est remarquable ici c'est ce sont les drames personnels de chacun qui façonnent l'intrigue plutôt que l'inverse. La force motrice du roman ce sont les choix des hommes mis à nu par la situation terrible qu'ils vivent. Parmi les nombreuses voix du roman, celle des adolescents, Philip et Elsie, m'a particulièrement touchée.
« Le sentiment de solitude s'était accru chaque fois qu'il avait vu son ami se comporter comme s'il ne le reconnaissait pas comme un proche ; il ne le saluait pas comme quelqu'un qui avait partagé les mêmes terreurs, ne voulait pas accepter le fait qu'ils étaient, qu'ils le veuillent ou non, liés par ces événements, surnageant dans ce tourbillon d'émotions déroutantes ; ou peut-être ne l'étaient-ils pas, peut-être le coeur et l'esprit de Graham seraient-ils à jamais incompréhensibles pour Philip ; peut-être que cette quarantaine les avait-elle séparés à jamais, les emportant sur des chemins différents qui ne se rencontreraient plus. »
Un récit à la fois intime et épique, violent et déchirant qui pose la question de l'intégrité et de la légitimité de nos choix, individuels ou collectifs, avec beaucoup d'intelligence.
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