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Version romanesque remaniée du texte de fiction radiophonique écrit pour France Culture par Stéphane Lambert qui met en scène les derniers moments de la vie de Monet avec, ses relations avec Clemenceau (le vieux tigre qu’on ne présente plus), Blanche (sa – double - belle fille : fille d’Alice la seconde épouse de Monet ; mais aussi femme de Jean, le fils de Claude), sa cécité et ses opérations avec plus ou moins de réussite, son caractère d’insatisfait permanent qui le conduit à reporter la livraison de la commande d’Etat des Nymphéa qui furent finalement installé, comme initialement prévu, à L’Orangerie après la mort de Monet.
Le texte initial prévu pour la radio devait avoir un rythme pour attirer et capter l’auditeur ; rythme qui traverse le texte soumis aux yeux du lecteur qui, pour autant qu’il ait un peu d’attirance pour l’œuvre de Claude Monet, se retrouve dans cette ambiance de Giverny et d’un certain intime de l’artiste et de ses proches.
Un court texte à la lecture plaisante et intéressante.
Le récit de Stéphane Lambert est, à bien des égards, un étrange objet du désir. En prenant son propre corps comme support autobiographique, il nous convie à une sublimation à travers la violence intérieure contenue dans l’écriture. Cette sublimation relève, ici, de la prise de conscience de la chair (en réalité, de la viande), de son expression (le corps), de son instrument (le pénis), de son énergie (la sexualité), de ses pannes (la maladie, le SIDA en particulier). Et de cette sexualité qualifiée depuis longtemps comme déviante, Stéphane Lambert fait le récit ; il rend le lecteur complice de ses éveils successifs et de leur conclusion (la rencontre de celui qui compte, celui qui aime et qu’on aime). Mais, avant cet état de grâce, que de doutes morbides par rapport à cette enveloppe charnelle, tout juste tolérée : maigreur, faiblesse, rachitisme, transparence, monstruosité. Oui, monstrueux car hors des normes, loin des stéréotypes de son époque. Ce corps est comme celui des modèles d’Egon Schiele auquel l’auteur consacre quelques lignes. De même, il évoque le choc esthétique que fut « L’École du Parnasse » (Musée d’Orsay) du peintre belge Jean Delville. Cette œuvre symboliste est peuplée de corps adolescents à la chevelure blond vénitien, des corps neutres, des androgynes, prisonniers d’un jeu d’arabesques sensuelles. Ainsi l’écrivain nous livre sa dette aux arts plastiques, à un mouvement plastique souvent décrit comme décadent.
Par son thème, ce texte est d’une grande contemporanéité car il rend au corps masculin et à sa nudité, une place désertée depuis longtemps.
Par son style, par sa structure même quatre chapitres très ramassés et constellés de textes courts), « Mon corps mis à nu » est un récit exigeant qui, malgré son propos, n’est pas un brulot militant, ni un plaidoyer pour la tolérance, mais plutôt un parcours initiatique. Par ce fait, chaque homme y retrouvera un peu de son vécu, qu’il soit gay ou straight.
Je me suis souvenu, lors de la lecture, d’une chanson de Mac Almond, adaptée d’Aznavour : « Tell me if you can what makes a man a man ».
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