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Ici tout sonne vrai !
Un ticket d’entrée pour une visite unique au musée du Louvre.
Vous ne verrez plus jamais la pyramide de verre et de métal comme avant.
Brillant, judicieusement éclairant, sociologique, « La méfiance du gibier » est une délicieuse satire très juste sur le monde du travail.
La poussière qui se cache sous le tapis. La réalité mise à nue, ce livre devient la perle rare du Louvre. Le tableau incontournable.
Les sciences humaines en apogée, le regard d’aigle de Stéphane Guyon qui observe, ne lâche rien. Nous sommes dans les arcades où fourmillent les visiteurs, les employés.
Dans le versant nord, le décorum d’un Louvre où d’aucuns ont un poste bien défini.
Le narrateur prend place. Le contrat de travail dûment signé, gardien d’un temple, l’idiosyncrasie va œuvrer.
Chacune des salles n’aura plus aucun secret pour lui. Il devient le collecteur d’un corpus finement sociétal. Il gravite dans le Louvre, d’une salle à une autre. Les heures affûtées, il tire son épingle du jeu. Il va faire de son ennui, l’idéologie d’un monde à redéfinir.
Il va rassembler l’épars. Celui des travailleurs silencieux, les invisibles et la pyramide devient une cage dorée.
Les petites mains comme des soupirs. L’uniforme comme une cache pour les touristes. Eux les veilleurs et les vulnérables, ils sont soudés dans l’adversité d’une micro société en ébullition.
« Et puis il y a ce détail qui est un privilège absolu : eux ne portent pas l’uniforme, ils sont en civils, on dirait des étudiants, même les plus vieux. Leurs tenues n’autorisent aucun doute sur la nature de ce qui, bien plus que nous différencier, nous oppose.On ne joue pas dans la même catégorie. Nous sommes ternes, statiques. Eux flottent d’un point à un autre du musée, mains dans les poches, bonne humeur aux lèvres. »
Dans cette galère où la hiérarchie est loi. La camaraderie, les diktats d’une culture à étages.
« Je me familiarise avec les rudiments du métier. J’indique les toilettes. Ce matin, j’apprends que les Japonais, qui n’entendent rien à « La Joconde », ne jurent que par « Mona Lisa » .
L’humour au garde à vous, l’intuition comme une toile de maître. Le narrateur est un jeune homme vif, intelligent. Comme s’il profitait de ce travail pour faire une thèse sur les disparités sociales. Un lieu où il puise les travers de l’âme humaine et les hypocrisies. Il est stoïque et malin. Il devine un lieu où il s’affronte et cherche ses preuves.
« Je fais ce qu’il faut pour être bien vu. J’aime qu’on se dise : « celui-là au moins il ne fera pas d’histoires, il restera debout, n’ira pas s’asseoir dès qu’on aura le dos tourné ». Je ne compte pas mes efforts. J’aime être selon le goût des autres ».
Il lit des pages arrachées de ses livres, qu’il cache dans les poches de sa veste. Également dans les toilettes et s’arrange avec les heures tristes et mélancoliques, pour en faire une valeur sûre et spéculative.
Il veut étudier à Jussieu, les lettres modernes. On aime l’attitude, l’attrait et cette lecture cachottière, volée à la face des chefs.
Ce livre finement politique est l’envers du décor d’un lieu prodigieux où la culture est souveraine. Il pointe du doigt là où ça fait mal. Ce microcosme est réglé comme une horloge. Mais apprendre à se méfier, comme le disait Prosper Mérimée. « La méfiance du gibier » le regard perçant, lorsque les déclassés s’éveillent et prennent conscience des disparités. La Pyramide du Louvre dans son triptyque le plus lucide, le plus actuel, tiré au cordeau. Construite d’une main de maître, ici, elle prend sens. Elle en devient supérieure. Ce sont les Invisibles, le plus beau tableau.
La pyramide d’une littérature engagée, éminente et clairvoyante.
À noter une couverture illustrée par David Prudhomme qui en dit long sur ce fabuleux roman. Publié par les majeures Éditions de L’Arbre vengeur.
Un roman noir magistralement écrit dans lequel le lecteur doit faire une part du travail, celle de relier tous les éléments entre eux, ce qui se fait presque sans que l'on s'en rende compte, aisément. L'ambiance est sombre, la violence sourde, cette famille est le lieu idéal pour les rancœurs, les vengeances, la volonté de faire du mal. C'est sans doute au départ la maladresse qui entraîne tout cela, la peur de mal faire, de vouloir dresser plus qu'éduquer : "Il (le père) n'avait pas trouvé la façon de leur parler. Il croyait à cette chose que certains croient et qui veut que les enfants apprennent d'abord à parler le langage de leur père avant même de trouver le leur. Très tôt,la résistance de Matthias était devenue pour lui une tare inavouable, une chose sur laquelle il n'avait aucune prise et contre quoi il n'avait jamais pu s'empêcher de s'acharner." (p.35) Stéphane Guyon situe son roman dans une famille rustique et pauvre dans laquelle tout se règle par la violence physique ou psychique, la discussion est peu présente contrairement à la rébellion et au souhait de quitter la maison rapidement. Assez peu de descriptions des lieux et des personnes, mais les images viennent facilement à la lecture : le lecteur se retrouve un peu dans la position de l'oncle -le frère du père- quasiment aveugle qui néanmoins "voit" tout et "entend" tout -il perd aussi l'audition- et qui a une idée très précise des faits et gestes des uns et des autres et de leurs conséquences ; il est le refuge et la source d'énergie pour Stanislas. Tout ceci pour la première partie du livre.
La deuxième partie nous fait rencontrer la jeune fille et son petit frère Samuel : ils vivent quasiment seuls dans une cabane fabriquée par leur père, veuf, qui ne vient presque plus les voir. Elle s'occupe de Samuel, s'accroche à sa relation naissante avec Ladislas et espère quitter ce lieu pour la ville. Elle remarque que des hommes les observent du haut de la butte qui surmonte leur logement. Inquiète sans être apeurée, elle souhaite quand même partir au plus vite. Là, dans cette masure, on est loin de la violence, tout est amour, préoccupation de 'autre et bienveillance. Un havre de paix pour Ladislas.
Stéphane Guyon réussit à bâtir une ambiance garantie noire, un sentiment de malaise tout au long du roman, d'impuissance parce que l'on sent qu'il va se passer quelque chose mais on ne sait pas quoi -à condition de ne pas lire la quatrième de couverture- et qu'on n'y peut rien. La relation entre les trois frères est bien vue, celle avec le père autoritaire itou ainsi que la quiétude de la vie -difficile pourtant- de la jeune fille et de Samuel. Belle écriture qui fait la part belle aux personnages, aux relations entre eux, à la nature ; les dialogues sont réduits à leur plus simple expression, les échanges verbaux n'étant pas le fort des garçons et de leur père.
Un troisième titre très convaincant pour la collection noire de La Différence, avec une présentation à la fois sobre et efficace sur les couvertures.
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