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Après avoir ri à la lecture du second tome des mémoire de guerre de Spike Milligan « Opération renard du désert « , je m’attaque au premier tome avec le même enthousiasme.
« Un dimanche, alors que Maman était occupée à rejointoyer les murs de la maison, Papa s’offrit le luxe d’ouvrir une de ces enveloppes. Il trouva dedans une invitation -rédigée avec beaucoup de roublardise- à prendre part à la Seconde Guerre mondiale avec, pour commencer, une solde de sept shillings et six pense la semaine, tout compris ».
Et oui, sa Gracieuse Majesté envoie des invitations à combattre. Il a bien fallu, ne serait-ce que par courtoisie, que Milligan obtempère à cette invitation non négociable.
Me voici embarquée dans un récit où « La septième compagnie » fait plate figure, je suis Milligan, devenu opérateur radio, dans les différentes étapes de son incorporation, ses différents déménagements.
Ce livre n’est pas pour les âmes insensibles aux calembours de militaires où il est beaucoup question de cul, flatulences (certains mâles ayant connu le service militaire se reconnaîtront dans le concours de mise en feu desdites flatulences!)), de filles, ça baise beaucoup dans le bosquets. Oui, c’est quelque peu mal pensant, la femme n’y a pas le beau rôle, mais, soyons honnête, les militaires non plus. Quelle débandade ! Quelle rigolade !
Milligan, avec ses copains de beuverie, de fêtes, mais aussi d’orchestre de jazz, multiplient les insubordinations, les farces, l’amitié.
Tout ceci lui vaudra un départ pour l’Afrique du Nord, l’Algérie plus précisément. Le voyage en train les menant au bateau est moins… Un moment de peur, d’introspection, de questionnement « Dans le noir, je fumais une clope et me perdis ans mes pensées… Nous partions à la guerre. En reviendrais-je seulement ? Aurais-je peur ? Etais-je assez costaud pour survivre à un projectile allemand tiré à bout portant ? Etais-je vraiment capable d’enfoncer une baïonnette dans le corps d’un de mes semblables -de la faire pivoter- et de la ressortir ? Car enfin, je vous le demande, qu’allaient penser les voisins ? » Oui, il faut bien une petit pirouette.
Tout le récit est au passé voir au passé du subjonctif sans que ce soit redondant. Seuls les dialogues sont au présent. Chapeau à la traductrice, quoiqu’elle a dû bien se gondoler en traduisant.
Spike Milligan a retrouvé au paradis des humoristes Coluche et Desproges avec qui il doit bien se marrer. Les Monty Python ont déifier Milligan, Gotlib est marqué par son « Goon Show », ça vous fait de sacrés références, non.
Vous aimez l’humour anglais, ce livre est pour vous. Découvrez-le. Si Milligan n’a pu faire chuter Adolf Hitler, (non mais, espèce de vantard!), il m’a offert de bonnes soirées le sourire, voire plus si affinité, aux lèvres.
Artilleur Milligan, au rapport ! Et quel rapport !!
Ils sont en Algérie puis en Tunisie, dans les sables, les cailloux, la chaleur, le soleil et… Les tirs allemands.
Milligan nous raconte sa guerre presque au jour le jour, les manœuvres, les veilles sous le feu de l’ennemi, bref une guerre « normale ». Sauf que, sous la plume de Spike Milligan, cela prend une toute autre tournure.
J’aurais pu noter une citation par page tant l’écriture est brillante, incongrue, des salves hilarantes, un humour « so british » pour expliquer, raconter la guerre vue d’en bas, du côté des troufions, de ceux qui vont au casse-pipe. Les discussions de chambrée, plus souvent sous une toile de tente ou dans une maison bombardée tournent, bien sûr, autour du sexe. Il faut bien une soupape et les cuites sont les bienvenues, tout comme la sacro tasse de thé, arrosée ou pas.
Les bidasses se font des farces entre eux, souvent niveau CE1, mais il faut bien se défouler, rigoler pour évacuer la peur.
A travers ces galéjades et autres bons mots, j’ai senti le désespoir du soldat Milligan et de ses copains, senti l’odeur de la trouille, des bombes, écouté leurs peurs de mourir, ressenti leurs joies également.
Un livre, loin des pleurs et des jérémiades qui en dit long sur la vie du simple troufion en opérations de guerre qui est là parce que on lui a dit faut y aller, sans grande envie de tuer son prochain, mais peut-être celui d’après, surtout si il parle allemand.
Peut-être que si les officiers avait écouté son conseil, la guerre aurait duré moins longtemps. « Il suffirait de lâcher cinquante femmes de ménage anglaises sur le bunker du Führer. En une semaine, le Hun serait brisé.
- Ça va comme ça maintenant ! P¨lus question que ces types piétinent mon plancher ciré avec leurs bottes de cavalerie : Arrêtez votre char avec votre Stalingrad de malheur et assez-vous donc ! Je vous apporte une bonne tasse de thé et un petit pain au fromage pour M. Goering. »
Tout est à l’avenant, je me répète, hilarant, désopilant mais pas la grosse Bertha, non, de l’humour anglais siouplait et, comme dirait l’autre, ça sent le vécu.
Artilleur de l’absurde, Soldat Spike Milligan, je vous fais chevalier de l’ordre de la rigolade… Mais pas que. Derrière votre humour il y a le désespoir, la peur, la mort, le sang et les autres.
Le livre est agrémenté de photos détournées, de dessins de l’auteur commentés. Un livre à recommander par la médecine
La traduction de Thierry Beauchamps garde le sel des réparties « troufionnes ».
Bien envie de lire « Mon rôle dans la chute d’Hitler » premier tome de son journal de guerre
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