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C’est ce genre d’histoire simple mais bouleversante : un père âgé demande à son fils, grand patron de presse, de lui apprendre à lire. Cette requête surprenante pousse le plus jeune à faire un choix saugrenu, sans aucun doute inédit, sûrement risqué mais probablement salutaire.
C’est un texte qui bouscule, qui est aussi impersonnel que pudique, aussi touchant que drôle. La force de cette plume est d’être ambivalente, profondément insensible mais renfermant en elle une insoupçonnée empathie… à moins que ce ne soit ça l’amour, paraître distant mais pourtant tout faire pour l’autre…
@lecturesauhasard
De sa naissance dans une famille modeste d’un coron du nord de la France à sa mort due à ses addictions à l’alcool et aux médicaments, en passant par une brève carrière de chanteuse de variétés dans les années 70 et un mariage d’amour avec un richissime industriel, Vera Dor aura eu une vie hors du commun. Née dans les années 50 dans un milieu duquel il est difficile de s’extirper et dans lequel les femmes n’ont pas grand-chose à dire mais tout à subir, Vera a compris très tôt qu’elle devait s’en échapper pour ne pas pourrir sur place, question de survie et de foi en ses rêves, s’en affranchir et ne compter que sur elle-même, quitte à couper tous les ponts avec sa famille sans espoir de retour, le désamour, pour ne pas dire la haine, étant de toute façon réciproque.
Ce portrait de femme déterminée et combative qui cache ses souffrances derrière sa beauté et son élégance nous est livré après la mort de Vera, à travers Anne-Marie, sa confidente loyale, sa meilleure amie et plus si affinités. Anne-Marie a contacté les deux nièces de Vera, la seule famille qui lui restait, et qui sont donc les héritières de cette tante qu’elles n’ont pas connue et dont elles ignoraient tout. Les deux jeunes femmes, qui s’attellent à vider l’imposant dressing de Vera, sont impressionnées par la quantité et la qualité de ces vêtements et accessoires, des tenues de haute couture les plus chics et chères. Anne-Marie les aide dans leur tâche et, à mesure que les parures sortent de la garde-robe, leur raconte, à travers l’histoire de ses vêtements les plus marquants, celle de leur tante.
Raconter la vie de quelqu’un à partir de ses vêtements, l’idée est originale (même si cela m’a évoqué « L’armoire des robes oubliées » de R. Pulkkinen), ce qui colle bien avec le caractère de Vera, qui refuse le destin qui aurait dû être le sien. Alors que les trois viennent exactement du même milieu à une génération près, le contraste entre la personnalité de Vera et celle de ses nièces est frappant, comme si celles-ci servaient rétrospectivement de faire-valoir à leur tante. Un peu falotes et insignifiantes, à peu près satisfaites de leurs propres vies ou en tout cas juste assez pour ne pas avoir envie de tout plaquer (ou d’en avoir l’envie mais pas l’audace), elles ne ressentent aucune envie ni aucun regret à l’égard de la brillante Vera, tant celle-ci leur est étrangère, vivant dans un univers mouvementé inimaginable et inaccessible.
Sur les thèmes du déterminisme social et des violences faites aux femmes, « La garde-robe » propose une vision sombre des milieux ouvriers des années 50 à 70, présentés comme âpres, violents et sans perspectives (cela reflète-t-il la réalité?), et donne à lire le portrait d’une femme qui force l’admiration par son anticonformisme et son culot, finalement attachante malgré la froideur et la distance de l’écriture, quasi documentaire.
En partenariat avec les Editions Grasset via Netgalley.
#Lagarderobe #NetGalleyFrance
Quand son vieux père de quatre-vingt ans lui demande de lui apprendre à lire, c’est forcément avec étonnement puis un peu d’appréhension qu’Antoine entend sa supplique. Lorsqu’il se rend compte qu’il n’a ni le talent ni la patience requis pour l’enseignement, il cherche comment satisfaire ce géniteur impatient, grincheux, si difficile et rude sans sombrer dans la colère ou l’énervement.
A bientôt soixante ans, Antoine n’a rien d’un instituteur en herbe. Aussi lorsqu’au hasard de ses rencontres amoureuses tarifées – sa relation de couple avec Alex est depuis longtemps devenue platonique – il fait brièvement la connaissance de Ron qui rêve de devenir instituteur. Il l’engage pour apprendre à lire à son père.
Voilà donc un fils qui n’a jamais vraiment avoué son homosexualité à son père et ne sais toujours pas ce qu’il en pense. Et un père analphabète qui a dû quitter l’école tout jeune lorsque son propre père l’a envoyé berger dans la montagne sarde, seul dans les nuits si terrifiantes pour un jeune garçon qui a même peur de son chien. Ils s’étaient éloignés l’un de l’autre depuis le décès de la mère, sans doute parce que aucun n’a su communiquer sur ce moment si douloureux de leur vie commune.
Le premier roman de Sébastien Ministru Apprendre à lire est une histoire d’amour et de rapprochement entre un père et un fils. Porté par une belle écriture, fluide et concise. C’est également un roman qui aborde plusieurs thèmes importants, l’immigration, la filiation, la vie de couple, l’homosexualité, la fidélité, la prostitution bien sûr, et en fil rouge l’analphabétisme qui touche souvent plus de monde que ce que l’on imagine, y compris parfois autour de soi.
chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2018/06/09/apprendre-a-lire-sebastien-ministru/
Véra a fui sa famille, son père et son frère violent. Elle a réussi à être célèbre grâce à quelques tubes, s’est mariée à un homme riche pour lui permettre de présenter un façade respectable dans les années 70. Ce mariage permet à Renzo de vivre sa relation avec l’homme qu’il aime. Vera, quant à elle, a collectionné les amants.
Vera est une femme tumultueuse qui n’a pas eu une vie très saine après le décès de Renzo.
Une fois décédée, elle n’a pas d’héritier à part deux nièces, enfants d'un frère qu’elle ne voyait plus.
C’est sa fidèle amie Anne-Marie qui va guider les nièces dans le tri de la garde robe de Véra et à chaque chapitre c’est avec un vêtement qu’on va découvrir sa vie. Grâce à l’accompagnement d’Anne-Marie, les nièces vont renouer avec cette tante dont l’existance est si éloignée de leur vie sur rails.
On découvre une femme motivée par la haine de sa famille et de son milieu, disciplinée pour avancer, talentueuse en couture, qui avait du goût en matière de vêtements. Sa vie est passionnante à la hauteur de son tempérament.
Si c’est là le portrait d’une héroïne violente, elle est aussi touchante par ses relations avec Anne-Marie et Renzo, sa détermination à ne pas se laisser faire par les hommes et surtout à ne pas tomber amoureuse.
Je découvre la formidable plume de Sébastien Ministru, parfois cinglante, parfois crue, douce, malicieuse et drôle qui présente une héroïne hors du commun de manière très originale.
Un très beau texte, une héroïne qui en a !
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