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Yetu est historienne, et contre son gré elle seule détient la mémoire des Wajinrus, peuple des abysses un peu sirènes et un peu autre chose, car elle a été désignée pour ça. Pour les délester de l'immense douleur des souvenances, un seul être porte ce fardeau. Une fois par an, la cérémonie du Don de Mémoire lui permet de s'en extraire quelques instants en la partageant avec ses semblables. Car elle vit en partie avec les souvenirs des morts, de leurs souffrances avant, pendant et après. Durant cette cérémonie, les Wajinrus recouvrent la mémoire de qui ils sont, de pourquoi ils sont là, vivant au fond des mers dans les ténèbres abyssales, des souffrances qui les ont amenés là, tandis que l'historienne est provisoirement libérée de l'horreur de tous ces souvenirs. Chez ce peuple là, un seul individu se souvient de tout afin que les autres puissent vivre ignorants et heureux, sauf le jour de ce rite.
Ce récit nous raconte, lorsque le "je" devient "Nous", comme le ferait quelqu'un qui transmet le savoir, l'histoire d'un petit peuple étrange sans mémoire, depuis sa genèse. Étonnamment il a fait surgir en moi les images sous-marines du film d'animation Ponyo sur la falaise des studios Ghibli, sans doute par la poésie qu'il dégage.
Peu à peu, en parcourant les océans, nous découvrons l'histoire des Wajinrus nés de la cruauté des hommes, leur origine et l'horreur des prémices, et pourquoi un seul détient la mémoire.
Mais comment vivre avec une mémoire parcellaire, qui vient par bribes et disparaît aussi vite qu'elle est apparue ?
Il y a quelque chose d'étrange, ouaté et onirique dans cette histoire un peu lente. Ce roman parle de souvenirs douloureux, du devoir de mémoire, du refus parfois de se rappeler le passé car trop laid, trop inacceptable, et du coup, du déni, mais aussi du désir d'émancipation d'une charge trop lourde jamais demandée et d'un besoin irrépressible de liberté. Et ce mot qui revient sans cesse, mémoire, mémoire, mémoire... comme un mantra, comme le tic tac d'une horloge, le son d'une goutte après l'autre, obsédant. Et puis un sentiment d'impénétrabilité de l'abîme que sont les océans, une sensation d'infinité qui donne le vertige. Car, les scientifiques le disent, nous connaissons mieux l'espace et les étoiles que les ténèbres des fonds marins...
Que peut-il y avoir de plus terrifiant et douloureux que d'être jetée d'un bateau en pleine mer, dans cette immensité liquide qui avale tout ?
J'ai eu des moments de doute quant à ce que cette histoire essayait de me dire. Mais je crois avoir compris que l'union fait la force, mais aussi qu'on ne peut pas se construire sans savoir d'où on vient.
Une allégorie qui nous parle du commerce triangulaire en filigrane, la traite négrière comme on l'appelait, et qui restera une tâche sur la mémoire de l'humanité. Une tâche parmi tant d'autres. Il nous parle aussi d'altérité, nous dit que c'est l'ouverture aux autres et à la différence qui ouvre l'esprit et rend heureux.
Un recueil de nouvelles difficiles à présenter et à classer.
Un mélange de fantasy et de revendications socio-raciales. Rivers Salomon interpelle et interroge sur la notion de maternité et la sexualité.
Des nouvelles où la violence et la souffrances sont omniprésentes.
Un recueil à découvrir pour sortir des sentiers battus et ouvrir ses horizons.
Découvert dans le cadre d'un groupe de lecteurs, je n'ai pas vraiment adhéré à ces nouvelles, courts textes dérangeants dans un univers très particulier de science fiction. Certains y trouveront leur compte, moi pas.
[Avis lecture : Les Abysses de Rivers Solomon] C'est une lecture que j'avais déjà vu passer sur les réseaux sociaux. Parfois avec des avis dithyrambiques parfois "meh". Après l'avoir lu je pense que les attentes qu'on a jouent sur l'avis global.
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Si on s'attend à lire un roman qui traite du commerce triangulaire, du traitement des esclaves sur les navires etc. via les mémoires de leurs descendants morts en mer, on risque d'être déçu.e. Je pensais même que comme l'histoire se déroule 600 ans après la traite d'esclaves qu'on allait aborder la thématique des migrants.
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Par contre si on souhaite un roman qui parle du devoir de mémoire, de l'importance de connaître son histoire pour mieux connaître son identité en tant que groupe et individu, alors oui le roman va vous plaire. C'est un traitement psychologique des événements qui ont marqué au fer rouge l'avenir de tout un continent.
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D'autres thèmes sont traités : la question de genre, de la place de l'individu dans la société, des normes sociales imposées, d'hyperesthésie...
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Au-delà des thèmes je dois avouer que Yetu, la porteuse de mémoire, ne m'a pas emballée plus que ça. Je l'ai trouvée geignarde, malgré le fait que son comportement s'explique par son histoire. Être Historienne, porteuse de la mémoire de son peuple, est un fardeau qu'elle doit porter au nom de tous les siens... Si j'ai réussi à compatir pour son sort, je n'ai pas eu d'empathie pour elle. Peut-être que cela venait de la forme avec lequelle je n'ai pas accrochée ? Je l'ai trouvé trop alambiquée pour bien ressentir les émotions des personnages.
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Je pense que c'est un 2,5/5 pour moi. Parce que c'est une auteurice engagée qui aborde des thèmes qui m'intéressent. Je suis curieuse de connaître ses autres écrits notamment L'incivilité des fantômes qui se passe dans l'espace.
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TW : deuil, esclavage, pression sociale, hyperesthésie
Ràd : pp & ps noires, descendants d'esclaves, ps queer
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https://www.instagram.com/p/CgxApI8qBjy/?igshid=YmMyMTA2M2Y=
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