Lecteurs.com est partenaire du festival et vous emmène à la rencontre d'une pléthore d'auteurs et d'un public au rendez-vous.
Lecteurs.com est partenaire du festival et vous emmène à la rencontre d'une pléthore d'auteurs et d'un public au rendez-vous. Triomphe assuré pour les dédicaces : De Franck Thilliez à Mallock, de Françoise Guérin à Karine...
Lecteurs.com est partenaire du festival et vous emmène à la rencontre d'une pléthore d'auteurs et d'un public au rendez-vous.
Cette année, lecteurs.com est partenaire du Festival International "Quais du Polar" qui se déroule du 4 au 6 avri à Lyon. Evénement incontournable, lieu de rencontre des maîtres du genre avec notamment James Ellroy.
Les Explorateurs du polar ont rendu leur verdict et Les larmes de Pancrace de Mallock (Fleuve noir) arrive en tête !
En 1975 à Madrid, Pedrito Ochoa a une douzaine d'années. Cela fait un bail qu'il grandit dans un orphelinat de bonnes soeurs, sans trop savoir ce qui est arrivé à ses parents. Sans doute des communistes, emprisonnés ou exécutés par le régime franquiste. En ces temps-là, peu lui importe, de toute façon. Ce qui compte, c'est sa bande de copains. de la mauvaise graine qui va forcément mal tourner, c'est en tout cas ce que répètent à l'envi les religieuses (aux comportements sexuels pas toujours catholiques d'ailleurs), au point que Pedrito et ses amis ont intégré ce credo, convaincus que "les branlettes et la prison, la désolation et le confinement, la splendeur et la solitude étaient notre destin naturel, comme le pronostiquaient les bonnes soeurs ; nous répondions à l'appel d'un sang obscur, insistant et lointain".
Et pourtant, en cet an de grâce 1975, Franco meurt, ce qui va radicalement changé la vie de Pedrito. Ses grands-parents maternels se rappellent tout à coup de ce "fils de communiste". Ils décident de le reprendre chez eux et de lui offrir un "Grand Avenir" petit-bourgeois. Et Pedrito de se retrouver désormais, non plus avec l'ivraie, mais avec le bon grain des "gens charmants", même s'il n'oubliera jamais ses amis de l'orphelinat. C'est à ce moment-là qu'il décide de devenir richissime, quoi qu'il lui en coûte.
L'histoire est racontée par Pedrito lui-même, de nos jours, alors qu'il a passé la cinquantaine et se trouve mêlé à une enquête policière. Son récit va et vient dans le temps, alternant enfance, adolescence et âge adulte, et il n'est pas toujours simple de se repérer dans ces sauts de chronologie. Roman d'apprentissage, le texte balaie aussi les soubresauts de l'histoire espagnole récente, de la fin du franquisme à la Movida en passant par la Transition démocratique et le "destape" (suppression de la censure qui déclencha une vague d'érotisme). C'est donc un parallèle entre la libération d'un pays et celle d'un enfant sorti de l'enfermement de l'orphelinat et de sa classe sociale. Mais si l'ascenseur social permet à Pedrito de côtoyer la classe des "gens charmants", il comprend bien vite qu'il ne sera jamais l'un des leurs et se sentira toujours comme un imposteur parmi eux, profondément marqué qu'il est par la conviction que seule son enfance et les amitiés forgées alors étaient authentiques.
Portrait d'une époque et d'une génération, ce roman m'a paru long et répétitif, et lassante l'obsession du narrateur et ses camarades pour le sexe. Si la quatrième de couverture parle d'humour décapant, j'y ai surtout vu de l'humour désabusé, voire de l'amertume, et de la nostalgie. L'amitié du narrateur pour Escurín et son adoration pour Mercedes sont très touchantes, mais globalement je reste sur une impression de confusion et d'incompréhension.
Dans les environs de Madrid, à El Tomillar, un groupe d’amis, composé de couples, attend leur ancien leader Luis Lamana, surnommé Le Gros. Il est de retour des Etats-Unis .Tous, à des degrés divers, appréhendent sa venue car ils sont ex-militants communistes et craignent des révélations sur eux-mêmes ou sur d’autres proches .Leurs parcours, leurs origines, sont des échantillons de l’histoire de l’Espagne contemporaine : Pablo Poveda, romancier, auteur de La Plénitude du mauve, et d’Intermittences, qui lui valu un succès remarquable. Alicia, son épouse, assimilée à une cariatide, en raison de sa grande taille qui surplombe ses interlocuteurs .Ricardo Ariza est architecte et cultive un raffinement de bon aloi. Carlota Casarès est photographe .Alejandro Urrutia, navigateur, et Lola Salazar, épouse de ce dernier.
Enfin, Johnny, de son vrai prénom, Julian, est le fils d’Isabel Azcoaga, mais doute fortement de l’identité de son père, et recherche ses véritables origines.
L’originalité de la technique romanesque utilisée par Rafael Reig est double : tout d’abord, l'auteur fait appel aux jeux d’échec pour illustrer les motivations des personnages, la source de leurs actes, les raisons d’agir qui les habitent .Ensuite, chaque personnage est mis en scène à partir d’un moment de son histoire .On passe ainsi de l’Espagne franquiste des années soixante à celle de la transition démocratique du début du règne de Juan Carlos, puis à l’Espagne de la Movida des années quatre-vingt. Et c’est à une véritable dissection des vies de ses personnages que se livre Rafael Reig .Ainsi, Pablo Poveda troque volontiers l'habit du romancier dissident pour se lover dans celle du romancier à la mode : « Je n’accordais pratiquement pas d’interview et ne faisais pas voir en public, ce qui avait persuadé mes lecteurs que j’avais accès à des informations privilégiés. »
Ricardo Ariza succombe aussi à la tentation : « travaille au bureau d’études de la Banque d’Espagne(…) il était l’un des cerveaux dans l’ombre du plan économique du PSOE. » Son épouse, Carlota, rompt également avec la marginalité, elle inaugure sa première exposition photos au Photocentro, « vécue comme une entrée dans le monde. » Rafael Reig nous incite à nous interroger sur des questions de fond : la culpabilité, la responsabilité de chacun, la solidité des convictions . Avec beaucoup d’humour, l’auteur souligne l’importance de l’époque dans la vie de ses personnages : « Les couples d’amis étaient devenus quelqu’un au début des années 80, ils s’étaient rangés (…) et ils avaient l’impression de faire partie de quelque chose de plus grand qu’eux, du cours de l’histoire, du courant qui façonnait l’avenir. »
Belle illustration apportée dans ce récit original du rôle des générations dans l’histoire et de la malléabilité des convictions individuelles, sujettes à des accommodements.
Régulièrement les espagnols repartent à l'assaut du polar. Sans doute une sorte de Sud contre Nord : le bonheur de la chose étant que le foisonnement laisse tomber ici ou la sur les chemins de nos lectures des pépites enthousiasmantes ("je suis le roi d'Espagne", "la tristesse du Samouraï" pour les plus récents de nos émois...).
Qu'en est-il de ce premier ouvrage Madrilène ?
Carlos et Carmen sont divorcés. Lui est un écrivain raté, elle travaille dans une maison d'édition. Ce week-end, le père emmène leur fils, Jorge, quatorze ans, pour une rando en montagne. Il espère ainsi renouer des liens qui se sont distendus, Jorge vivant tout le temps avec sa mère. Au moment de partir il laisse à Carmen un manuscrit, celui du grand roman qu'il a toujours voulu écrire. Stressée de rester et d'être séparée de son fils, Carmen commence à lire, et trouve d'étranges résonnances entre le polar sanglant et malsain écrit par Carlos et leur ancienne vie commune. Incapable de joindre le père et le fils dont les téléphones restent muets, elle commence à craindre pour la vie de Jorge. Alors que sur la montagne le temps se gâte et que les relations père-fils ne sont pas au beau fixe, l'inquiétude de la mère grandit...
"Ce qui n'est pas écrit" est un polar en deux temps permanents. L'historie, père et fils, mère et absence, juxtapose par chapitre le polar un peu sanguinolent qu'a écrit Carlos et qui rappelle plus un Winslow qu'un Salem.. Mais, tour de force, ce voisinage crée l'angoisse, au même titre que l'apparition des similitudes donne cette rumeur diffuse de catastrophe. Rafael Reig réussit à la fois un exercice narratif plus que balaise et une histoire haletante et paranoïaque : j'y vois le talent d'un grand manipulateur, froid peut être mais diablotin dans son rythme, qui sait envahir le lecteur de son suspense sans utiliser accélérateur ou de coup d'éclats trop voyants. Qui plus est, les deux narrations, très différentes dans le style sont toutes aussi bien écrites : on dirait deux livres de deux auteurs différents qui concourent l'un dans une catégorie "suspense psychologique et drame de la décomposition familiale" et l'autre dans "fresque survitaminée sur les malfrats madrilènes". Je trouve, en très minces particules, une forme d'humour noir très distante qui fait le charme de l'ouvrage.
Le final, particulièrement réussi, et au vu du déroulement de l'histoire ça n'était pas évident, confirme la naissance d'un auteur à suivre.
Excellente idée de départ : un père et son fils partent en excursion, la mère ou ex-femme reste angoissée en ville, un manuscrit étrange entre les mains. L'auteur a la bonne idée d'alterner les chapitres : ceux consacrés aux garçons, ceux qui parlent de la mère et ceux concernant le manuscrit. Dans ceux-ci, le héros, Riquelme est amateur de mots croisés, et chaque chapitre se finit par une définition (avec emplacement du mot dans la grille) ; le mot qui entre dans les cases est celui qui débute le chapitre suivant, celui qui concerne l'excursion en montagne. Tout commence bien pour le lecteur, moins pour Jorge qui ne sait quoi dire à son père : "Ils marchaient d'un bon pas vers la gare de banlieue de Nuevos Ministerios et, aux feux rouges, son père lui passait un bras sur les épaules, lui demandait si ça allait les cours, quelle était sa musique préférée ou s'il avait une petite copine. Jorge s'efforçait de montrer de l'enthousiasme, mais il n'arrivait pas à contenir une volubilité nerveuse et il en bégayait presque. Pour le reste, les cours ça allait très bien, il avait partout au-dessus de la mention assez bien, la musique qu'il préférait c'étaient les quatuors à cordes, et le contact le plus intime qu'il avait eu avec la fille qui lui plaisait, Teresa, ç'avait été de recevoir un crachat d'elle sur la joue. [...] Alors il raconta à son père qu'en cours ils étaient très exigeants, qu'il adorait Shakira et qu'il n'avait pas de copine, mais qu'une fille qui s'appelait Maria Luisa lui plaisait." (p.24/25). Et puis assez vite, l'histoire tourne en rond, chaque personnage se posant des questions sur le même événement sans vraiment faire avancer le roman ; on a aussi la version d'un même fait vu par les yeux de Carlos, puis par ceux de Jorge, répétition d'autant plus inutile que l'on sentait aisément dans les yeux de Carlos la réaction de Jorge.
De même Rafael Reig brosse à gros traits malhabiles l'effritement de l'amour, les rapports père-fils, les haines et rancœurs des uns et des autres, ça manque de finesse et de minutie. Un roman plus ramassé, plus court aurait gagné en densité et en intérêt. Si au départ, on pouvait penser à Sukkwan Island de David Vann avec une tension dès le départ parce que père et fils ne s'entendent pas, on est à l'arrivée avec un roman qui s'il n'est pas inintéressant ne parvient pas à l'égaler.
Une déception (toute relative) que ce polar espagnol.
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