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À Londres, le petit Ned plein de malice, ex-clerc de notaire et nouvelle âme damnée de Jean Diable, et sa compagne la plantureuse blonde Molly assistent à une parodie de procès, spectacle très appréciés par le petit peuple des bas-fonds massé dans la taverne borgne de la veuve Jenny Paddock. Ned Knob y est venu recruter une brochette de faux témoins qui doivent accabler Richard Thompson accusé à tort du meurtre de l’actrice Constance Bartolozzi. Depuis la démission de Gregory Temple, c’est Sir Paulus Mac Allan qui a repris toute l’affaire en dépit du bon sens. Pendant ce temps, en France, le comte Henri de Belcamp est arrêté et incarcéré pour deux meurtres commis en même temps, l’un à Lyon, l’autre à Bruxelles. Quand il apprend ce qui risque de se passer en Angleterre, son sang ne fait qu’un tour. Il lui faut à tout prix sauver la vie du pauvre Thompson. Mais comment y parvenir quand on se retrouve emprisonné à la prison de Versailles. Mais pour ce diable d’homme, rien n’est impossible…
« Jean Diable / Tome 2 » est le second et dernier volet de ce gros roman feuilleton qui navigue cette fois plus nettement sur les rivages du roman historique et d’aventures que sur ceux du policier et du thriller. En effet, plus de nouveaux crimes dans ce tome. On nage plutôt dans le rocambolesque totalement assumé. Les péripéties se succèdent toujours à un rythme échevelé. Le comte Henri, dont on ne sait qu’en toute fin la véritable identité, galope de France en Angleterre et inversement, entre et sort de prison comme d’un moulin, est accusé de tous les crimes, puis blanchi, puis à nouveau incriminé. Avec ses six identités présumées, avec tous les personnages qu’Henri peut incarner, Féval se fait un malin plaisir d’égarer son lecteur du début à la fin. Il y rajoute des sociétés secrètes visant à délivrer l’Irlande du joug anglais et des francs-juges allemands impliqués dans l’assassinat du général O'Brien, celui qui marqua le début de la longue série. Sans oublier une conspiration visant à libérer Napoléon de son exil à Sainte-Hélène. Heureusement, une fin en demi-teinte, pleine de valeurs chevaleresques et de bons sentiments permet au lecteur de se remettre de toutes ses émotions. Ne craignez pas de lire ou de relire Paul Féval, même aujourd’hui, cela reste un régal. Les grands auteurs sont éternels !
À Londres, Grégory Temple, enquêteur de Scotland Yard est désespéré. En dépit de l’aide de James Davy, son adjoint, et de celle de Richard Thompson, son élève, il ne parvient toujours pas à confondre Jean Diable qu’il pourchasse pourtant depuis des années. Une comédienne célèbre, Constance Bartalozzi vient d’être assassinée d’une assez étrange manière, par simple compression d’un point précis au niveau de la gorge. Un crime qu’il attribue à Jean Diable. Après avoir interrogé la femme de chambre de la victime, Temple, n’étant pas plus avancé, décide d’envoyer sa démission. Quelque temps plus tard, apparait du côté de L’Isle-Adam, Henry de Belcamp, fils d’un hobereau installé depuis peu dans un château de la région. Ce fringant jeune homme marque son arrivée de manière particulièrement chevaleresque. Il sauve une jeune fille dont l’attelage s’est emballé. De l’autre côté du Channel, deux brasseurs anglais, qui ont eu un franc succès dans leurs affaires respectives, l’un à Lyon, l’autre à Bruxelles, fêtent leurs retrouvailles dans une taverne à huitres. Le plus amusant et le plus surprenant pour eux c’est que la belle Constance leur avait promis à tous deux le mariage…
« Jean Diable » est le premier tome d’un roman fleuve qui en comporte deux. Il est assez difficile de classer ce pavé de 549 pages paru sous forme de feuilleton au départ. C’est à la fois un roman d’aventures, un roman historique, un roman policier et, selon les experts littéraires, l’un des tout premiers thrillers modernes. En effet, les cadavres s’accumulent dans cette sombre affaire et on connait l’identité du serial-killer. En plus de la comédienne, on a droit aux deux brasseurs, puis aux assassins des brasseurs. On retrouve aussi tous les codes du roman-feuilleton classique avec ses chapitres relativement cours et bien fournis en rebondissements. L’ambiance générale est assez proche de celle des « Mystères de Paris » ou des « Mystères de Londres ». Paul Féval semble prendre un malin plaisir à embrouiller son lecteur avec des personnages hauts en couleurs mais qui disposent de plusieurs identités, changent d’aspect ou de milieu social comme de chemise et à le perdre dans un dédale de pistes qui finissent bien autrement qu’il pourrait s’y attendre. En dépit de quelques descriptions qui peuvent sembler un peu longuettes aux lecteurs pressés que nous sommes, c’est un vrai régal que de lire une œuvre d’aussi grande qualité, à plus d’un siècle et demi de distance. Quelle chance avaient les lecteurs de journaux de l’époque (1862) de pouvoir profiter chaque jour de plumes aussi déliées que celles de Féval, Zévaco, Sue ou Dumas !
Dans les Ardennes, du côté de Sedan, c’est le soir où l’on « saude », c’est-à-dire celui où tous les jeunes gens arpentent les rues en criant à tue-tête le nom des fiancés à venir. Dans une humble chaumière, un vieux moine est sur le point de rendre son âme à Dieu. Comme il est détenteur d’un terrible secret remontant aux heures de la révolution, son hôte, Jean Guern, sellier-bourrelier royaliste d’origine bretonne essaie de l’interroger. Mais le moine décède avant d’avoir rien révélé d’important. Jean fouille alors la malle du religieux. Il y trouve toutes sortes de documents provenants de deux familles nobles de la région, les Bazeille et les Soleuvre, massacrés et dépouillés à l’époque. Seul, leur dernier descendant, Hector, a pu être sauvé. L’ennui c’est qu’il est en prison dans l’attente de son exécution. On lui a fait parvenir tout le nécessaire pour qu’il puisse s’évader, mais il a refusé, car il est sûr que celle qu’il aime, la belle Honorine de Blamont, lui préfère le prétendant choisi par son père, un bourgeois enrichi grâce à la Révolution…
Paru en 1857, sous forme de feuilleton, « Les errants de la nuit » est roman populaire bien dans le style de l’époque. C’est-à-dire fort bien écrit, très agréable à lire et plein de rebondissements. L’intrigue est très bien menée même si certaines situations sont plus que classiques dans la littérature : les amants contrariés, le légitime héritier dépouillé par d’avides escrocs ou le trésor caché dans un souterrain. Le pauvre Hector sera d’ailleurs aidé par un tas de braves gens tous issus du petit peuple, mais restés fidèles à l’aristocratie dans la mesure où celle-ci savait rendre service au peuple au lieu de se servir sur son dos. On est très loin des tendances actuelles. Avec Féval, les bons finissent toujours par l’emporter et les méchants sont châtiés. Les valeurs éternelles sont respectées. Même si cet ouvrage n’est pas le plus flamboyant de la production du prolifique auteur qui fit jeu égal avec Balzac et Dumas en son temps ; il reste un vrai plaisir de lecture ne serait-ce que pour profiter d’une bonne bouffée d’air frais et revigorant.
À Lisbonne, en 1662, la famille de Bragance est revenue sur le trône après une période de domination hispanique. Dona Louise de Guzman, veuve du roi Jean, exerce la régence jusqu’à la majorité de son fils Alphonse. Impotent et faible d’esprit, ce dernier ne jure que par son favori, Conti de Vintimille, un Génois fils de boucher, aussi ambitieux que dépravé. Chaque nuit, il lâche dans la ville deux troupes de ses sbires, « les Goinfres » chassant à pied et « les Fanfarons » à cheval. Malheur au bourgeois ou à la pauvre fille qui tombe entre leurs mains. Le peuple excédé commence à s’organiser en sociétés secrètes quand Conti fait proclamer un édit royal interdisant à tous les habitants de la capitale portugaise l’usage des torches la nuit et le port de toute arme. Mais voilà qu’un certain Simon de Vasconcellos, noble de haute lignée, s’oppose résolument à cette loi inique…
« Les fanfarons du roi » est un roman de cape et d’épée paru en 1843 d’abord sous forme de feuilleton à raison d’un chapitre par livraison. C’est également et surtout un roman historique comme on n’en écrit plus, c’est-à-dire très fidèle aux évènements. Le prolifique auteur (200 titres à son actif) surtout connu pour « Le Bossu » disposant d’un style fluide et agréable, propose une narration rapide enchainant sur un rythme soutenu toutes les péripéties habituelles du genre : enlèvements, coups d'épées, ingénue menacée, jumeaux devenant frères ennemis, traitres, spadassins sans foi ni loi et bien sûr un colosse loyal, courageux et fidèle jusqu’à la mort. Truffé de rebondissements, cet ouvrage reste un vrai plaisir de lecture en dépit de son grand âge. En son temps, Paul Féval fut un maître du genre, faisant jeu égal avec les plus grands comme Dumas, Sue ou Zévaco. Pour se distraire en en apprenant pas mal sur une crise de régime dans le cas présent, rien de tel que ce genre d’ouvrage.
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