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Ce roman aux accents canadiens est une pépite, une vraie, qui vous tient en haleine de la première à la dernière ligne. Lu en une journée. Que dis-je, en une soirée.
Il faut emprunter la route 385 pour rejoindre Val Grégoire, petite ville canadienne perdue dans la forêt, sortie de terre sous l’impulsion de celui qui est devenu le Maire Desfossés. Cette ville maudite, on y nait et jamais on ne la quitte. C’est du moins ce qu’en disent les habitants qui, condamnés à rester, perpétuent leurs dysfonctionnements de génération en génération.
Louise, fille adoptive de parents ultra-religieux fraichement installés en ville, trouve le moyen d’échapper à cette atmosphère pesante auprès des jeunes Marco et Laurence. Leur amitié est une bouffée d’oxygène, et la joyeuse bande devient vite inséparable. Ensemble, ils rêvent de voyages, de liberté et d’aventures. Jusqu’à l’incident.
Louise et sa famille quittent précipitamment la ville, le trio éclate, laissant dans son sillage les débris d’un traumatisme que tout le monde préfère taire.
Il faudra attendre quinze ans pour faire la lumière sur les événements et offrir à Louise sa revanche.
Ce qui m’a époustouflé, c’est la construction du roman qui alterne les points de vue et nous distille avec habileté les éléments propres à éclaircir le mystère. Le tragique est là, tapis derrière chaque mot, chaque page. On retient sa respiration à mesure que l’on découvre ces trois destinées. Tous les personnages, principaux et secondaires, sont parfaitement ciselés, riches et complexes, avec une mention spéciale pour Louise la rebelle.
Je ressors enchantée de cette lecture qui m’attendait sagement sur ma table de chevet. Le grand bruit de catastrophe a enfin résonné chez moi, et je ne le regrette pas.
Un grand bruit de catastrophe est un roman écrit par l’écrivain canadien Nicolas Delisle-L’Heureux, que j’ai pu découvrir grâce au Prix Orange du livre 2023, car ce roman fait partie des livres sélectionnés. Il nous emmène dans une ville fantôme, Val Grégoire, créée dans les années 50 dans le but d’exploiter le bois de la région ; un trou où trois jeunes gens nouent une amitié qui constituent le fil du récit.
Val-Grégoire est un rond-point d’environ cinq kilomètres. La rue Principale a la forme d’un lasso, ou d’une corde pour se pendre, ce qui influence le moral général.
Un grand bruit de catastrophe est l’histoire d’une amitié, celle qui unit Louise, Marco et Laurence. Louise est la meneuse du groupe, Marco le dernier rejeton d’une famille haut-en-couleurs dont l’aïeul fut le premier maire de Val Grégoire ; Laurence quant à lui est le plus réservé et le plus sensible. Dans cette ville où peu de choses se passent, cette amitié constitue pour eux leur raison de vivre :
Les trois amis vécurent une courte période où le temps s’étira pourtant lentement et où tout ce qui se profilait à l’horizon demeurait informe. Cette époque n’appartenait à aucune ère, déconnectée totalement de tout ce qui aurait pu, autour, produire des secousses et creuser des plaies. L’été tout le temps. Ils riaient en déployant leurs gorges comme des crocus d’automne et les Valgrégois cessaient de râler ou de se battre dès que leurs éclats fendaient l’air. Toutes les enfances du monde rêvent secrètement d’avoir existé à la manière de ce trio.
Or, en 1991, alors que Louise n’est âgée que 13 ans, elle tombe enceinte, la famille s’exile et le trio éclate. Par morceaux, le lecteur en apprend plus sur les drames qui se sont alors noués autour des trois jeunes gens. Et c’est là une grande force du livre. En effet, Nicolas Delisle-L’Heureux prend l’option d’un récit non linéaire : on découvre tout d’abord Louise devenue adulte revenir à Val Grégoire et se rendre chez Wendy et Willy. Qui sont-ils ? Quelle est leur place dans le livre ? Les différents éléments du puzzle se mettront en place progressivement, et ce, de façon très subtile. On apprend ce qui fit que les trois inséparables ne se virent plus, ce que fut le parcours de chacun.
Je le disais en introduction : ce roman nous emmène dans une région du Canada qui est un cul-de-sac. Dans ce monde qui semble sans perspective, impression renforcée par les paysages sans fin, où l’on considère un jeune rebelle surnommé « Le baron » comme le modèle à suivre car il a su quitter Val Grégoire, la tonalité du livre peut paraître sombre ; il n’en est finalement rien et ce grâce au style et à la langue de l’auteur, à l’attachement qu’on éprouve envers les personnages, et finalement aussi à l’espoir que chacun caresse de trouver sa propre voie.
Au final, Un grand bruit de catastrophe est un livre que j’ai été très heureux de découvrir. Merci à Orange pour cet envoi.
Peut-on choisir et mener sa vie sans tenir compte de son enfance, de son passé ? C’est la question que pose Nicolas Delisle-L’Heureux à travers son roman.
Comme les ouananiches, cette variété de saumon d’eau douce vivant dans les eaux canadiennes, qui n’ont jamais trouvé l’issue les menant à l’océan, les habitants de Val Grégoire, une petite ville du nord-est du Canada, presque le bout du bout du monde, semblent ne pouvoir quitter leur village, emprisonnés par l’éloignement et le climat, gardés par la « La Gourmande », la 385, seule route à relier ce bourg au reste du monde, particulièrement accidentogène.
Tout est figé dans ce lieu. Et lorsqu’un drame arrive, les gens préfèrent « évacuer » le problème en exilant la ou les victimes.
C’est ce qui arrive à Louise, gamine adoptée par un couple de prédicateurs venus s’installer à Val Grégoire. Rebelle, elle forme avec Marco et Laurence, un trio fantasme et joyeux à l’opposé de la mentalité régnant dans le bourg. Mais à l’adolescence, le trio va exploser à cause de l’agression subie par Louise. Pour éviter un scandale, ses parents décident de partir et de placer la jeune fille dans une pension.
Bien des années plus tard, Louise décide de revenir à Val Grégoire, à la recherche de ses anciens compagnons, Marco, l’amoureux transis et Laurence, le taiseux. Elle retrouve également Wendy, la petite sœur de Laurence, handicapée et Willy, son grand frère, cause de son départ. Elle constatera que si le nombre d’habitants a considérablement diminué, la mentalité est restée la même.
Nicolas Delisle-L’Heureux nous présente un Canada hors des sentiers battus. Loin de la beauté des paysages des grands lacs ou de l’éclatant flamboiement de l’automne, il nous invite dans une réalité difficile et angoissante. L’utilisation du parler québécois est utilisée avec parcimonie et nous procure une sensation d’évasion sans avoir à utiliser un dictionnaire de traduction.
En prenant l’option de raconter la même histoire par le vécu des trois personnages principaux qui formaient une sorte de « clan des trois », il a pris le risque que le lecteur ait un sentiment de redite. Mais heureusement, dans chaque version, des éléments font avancer le récit. C’est un livre puzzle où petit à petit, l’auteur nous emmène à saisir les tenants et les aboutissants. Ainsi, on s’attache à ce mal-être de Louise, venu de son enfance et qui conditionne toute sa vie d’adulte. Pourra-t-elle un jour s’en dégager ? Telle est la question.
Donc, "tabernacle, c’rait plate" :-) de pas le lire, ce roman…
Lu dans le cadre du Prix Orange 2023.
Je remercie la Fondation Orange et les Éditions Les Avrils de m’avoir permis de découvrir cet auteur.
Une histoire d'amitié entre trois personnages, de l'enfance à l'âge adulte, voilà qui au départ n'est pas vraiment le genre d'histoire qui me plaît le plus, mais un coin reculé du nord-est canadien, cela me parle plus. Louise, arrivant enfant dans la petite ville de Val Grégoire, aux confins du canada, près du Labrador, ne se sent pas à sa place, ni en classe, ni dans sa famille, mais se lie vite d'amitié avec Laurence et Marco, deux garçons aussi dissemblables que possible. Et pourtant, leur trio fonctionne, se fait remarquer et bâtit des rêves d'avenir, loin de Val Grégoire. Car une sorte de malédiction semble peser sur les habitants de la ville, qui tels des ouananiches, ces saumons qui vivent seulement en eau douce, même si l'accès à la mer ne leur est pas bloqué, ne réussissent jamais à quitter leur région.
Le roman est fort bien construit puisque partant d'un événement intrigant, quand Louise est adulte, il revient sur son enfance, puis, vers le milieu du roman, amorce une explication à ce qui s'est passé au début, avant, au final, de dénouer le tout. Les personnages sont forts, fascinants, et les lieux le sont tout autant. Mais ce qui est le plus remarquable, c'est la langue utilisée par l'auteur, pleine d'imagination, de couleurs et de fureur. Il ne reste plus qu'à espérer qu'il nous régalera de nouveau de ses mots.
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