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Ça commence mal pour N. Pas d’argent, pas de travail, pas d’amis. À vingt-cinq ans, il n’a encore rien accompli. Quelques nouvelles tout au plus, même pas un roman, même pas un meurtre. Il traîne son amertume et son alcoolisme dans les rues de Lille, toujours un bouquin à la main et une insulte aux lèvres. Un soir, dans un bar quelconque, il rencontre Irène, pianiste, bourgeoise, un peu vieille.
Il s’installe chez elle, si naïve, si accueillante. “Elle prépare du thé. Tu n’aimes pas le thé. Elle sort des biscottes. Tu n’aimes pas les biscottes. Elle sort du jus de pamplemousse. Tu ne savais même pas que ça existait.
— Ça te va ?
— Parfait.
Voilà, elle commence comme ça, l’histoire.”
N. raconte tout ça dans son journal, rédigé à la deuxième personne du singulier et bêtement publié sur un blog. “Tous les matins, tu as l’impression de commencer une partie de scrabble avec sept consonnes.” Dans des chapitres courts et lucides, tachetés de dialogues expéditifs, on se promène avec ce sale type. Et on grimace, mais on sourit aussi, devant toutes ses conneries. Ses soirées qui finissent tard le lendemain, son alimentation à base de lait, de bière et d’anxiolytiques, ses putains de digression, ses vieux livres, ses vieilles chansons… “Un tissu de mensonges, de délires, où parfois la vérité a réussi à s’accrocher”, dans lequel fouille Guyader, le juge d’inscription en charge de l’affaire N.
Parce qu’évidemment, ça se termine mal pour N. - entre autres -, après ces cent pages à lire cul sec.
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