"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Paninguaq Madsen, est une Sanaji, autrement dit une sage-femme itinérante qui parcourt les vastes étendues glacées du Groenland pour prendre en charge les patientes plus ou moins exclues du système de santé. Elle vient de réaliser l’accouchement de Nina, âgée d’à peine quinze ans, à Kullorsuaq. Après son départ, on retrouve Nina assassinée avec un ulu, couteau qui a servi à couper le cordon. Il s’agit du deuxième meurtre dans la région, le précédent étant son père Ele Eliassen, neuf mois auparavant.
L’enquête est confiée à Bjorn Western, quelque peu sur la sellette car on parle à bas bruit de supprimer son poste, son supérieur hiérarchique ayant décidé de ne pas lui faciliter la tâche.
En même temps, à Copenhague, Tim Osterman se voit confier un « cold case » : une affaire remontant à 2011, avec la mort suspecte d’un ancien directeur de la Croix Rouge. De la même manière, sa hiérarchie ne fait rien pour l’aider et on comprend très vite qu’il y a une sinistre histoire qui refait surface. Il s’agit de l’affaire des 22 : vingt-deux enfants ont été retirés à leurs familles dans les années cinquante dans le but de les « rééduquer », en somme les transformer en parfaits petits Danois, sous-entendu, civilisés : pour le Danemark, les groenlandais avec leurs rituels barbares, leurs tatouages, leur mode de vie étaient qualifiés de sauvages voire davantage…
Les deux policiers vont être amenés à travailler ensemble, et découvrir qui est la mystérieuse Paninguaq : une sage-femme préoccupée par la santé de ses patientes, ou une femme en quête de vengeance ?
Ce roman est beaucoup plus qu’un simple polar, Mo Malø nous fait découvrir l’histoire de ce pays et cette tragédie des 22 que je ne connaissais pas. Une fois encore, on retrouve les agissements des Blancs et de la religion pour tenter d’asservir, et de détruire une civilisation qui leur déplaît au nom de Dieu et les ravages que cela a provoqué chez ces enfants une fois arrivés à l’âge adulte, et les dérives (alcool et autres addictions) et l’absence de regrets des personnes qui ont été aux commandes de l’opération. En effet, les enfants de l’expérience, n’ont pas été rendus à leur parents, certains ont pu être adoptés, d’autres placés en orphelinat.
L’auteur nous entraîne aussi vers les rituels, la signification des tatouages, telle Paninguaq qui porte sur son visage « une barbe de morse », tatouage cousu traditionnel des Inuits.
L’enquête policière est intéressante, et les deux policiers qui s’en occupent sont très attachants, avec leurs fragilités, leurs vies familiales difficiles, tel Bjorn séparé de sa compagne qui tente de tisser des liens avec son fils Pitak…
Mo Malø, nous emmène sur les pistes, avec les chiens de traineau, des paysages à couper le souffle, et on s’y imagine sans problèmes. J’ai découvert sa plume avec « Summit » qui m’a beaucoup plu et que j’avais choisi à l’époque, en pensant découvrir un nouvel auteur de polars nordiques ! je m’étais promis de découvrir d’autres romans, notamment les trois autres livres de sa tétralogie : « Les enquêtes de Qaanaaq Adriensen » , mais le temps passe….
Un grand merci à NetGalley et aux éditions de la Martinière qui m’ont permis de découvrir ce roman et la plume de son auteur
#LINUITE #NetGalleyFrance !
https://leslivresdeve.wordpress.com/2024/07/08/linuite-de-mo-malo/
Ateq
Cap sur le Groenland avec ce nouveau polar de Mo Malo (pas une terre inconnue pour l’auteur !) qui immerge le lecteur dans une culture et une histoire méconnue (pour moi), celles du peuple autochtone inuit.
Que s’est-il passé dans le petit village isolé de Kullorsuaq après l’accouchement d’une toute jeune fille, retrouvée quelques heures plus tard morte, égorgée à l’aide d’un ulu, un couteau traditionnel ? Paninguaq, la sage-femme itinérante qui était auprès d’elle, est soupçonnée d’autant qu’elle était aussi sur les lieux lorsque le père de la jeune parturiente a été tué dans des circonstances dramatiques quelques mois plus tôt. L’enquête est confiée à Björn Westen, un policier peu habitué à traiter ce genre d'affaires, dans cette contrée polaire où le taux de criminalité est traditionnellement bas. Parallèlement, à Copenhague, Tim Osterman, flic en disgrâce, est chargé d’un cold-case très embarassant pour les autorités danoises, le meurtre non résolu d’un ancien directeur adjoint de la Croix-Rouge, survenu dix ans plus tôt. Une enquête de la dernière chance pour Tim, qui dispose d’un mois pour la résoudre, faute de quoi il sera muté… au Groenland !
Les deux policiers l’ignorent, mais leurs deux affaires vont se télescoper et réveiller tout un pan de l’Histoire coloniale du royaume danois, une Histoire très douloureuse dont les plaies sont loin d’être pansées.
Totale réussite pour ce polar sombre et poignant qui m’a fait voyager en arctique, croiser quelques nanooks, traverser de grandes étendues glacées sur les traîneaux tirés par les chiens, et surtout rencontrer les inuits dont la culture et les coutumes sont à la fois fascinantes et déroutantes.
L’intrigue policière est très bien menée, les personnages sont attachants (les deux flics, et évidemment Paninguaq), le suspens monte crescendo grâce à une écriture addictive et tant le contexte historique que le décor grandiose (pas sûre d’inscrire cette destination à ma liste de souhaits de voyages, déjà que Monsieur Evergreen oppose un véto catégorique à la Norvège…) ne peuvent laisser indifférent.
J’ai beaucoup aimé (et –à défaut de « visiter »- je vais peut-être reprendre la série « Qasnnaaq » laissée en plan après le premier qui ne m’avait pas totalement convaincue), et je remercie NetGalley et les éditions de La Martinière pour la découverte.
#LINUITE #NetGalleyFrance
Une chose est sûre, Mo Malo aime le Groenland ! L’immense île, ancienne colonie danoise, est au cœur d’un certain nombre de ces romans. Une nouvelle fois, il revient sur cette terre bien-aimée avec un nouveau roman, qui ne fait pas partie de la série « Qaanaaq Adriensen ».
Les personnages ne sont plus les mêmes mais le paysage est identique. De grande étendues, du froid, de la neige, l’auteur arrive merveilleusement à nous plonger dans l’ambiance des lieux. On participe au quotidien de ce monde inconnu et grâce au personnage principal féminin, on en découvre les coutumes et les croyances. C’est une immersion totale et un véritable dépaysement.
Deux enquêtes, à deux périodes, dans deux endroits différents, sont menées en parallèle. Très vite apparaît un lien avec le passé de la région. A travers les investigations menées, l’aventure met en lumière un scandale d’État qui a ébranlé le royaume du Danemark dans les années 50. En bons impérialistes, les scandinaves ont voulu « façonner » le peuple inuit en arrachant des enfants à leurs familles pour qu’ils apprennent les bonnes manières. Ce brusque déracinement a marqué le destin de ces gamins et leur avenir en a été bouleversé.
Mo Malo est définitivement le plus scandinave de nos écrivains de polars français. Il continue de s’intéresser à l’Histoire du Groenland et plus particulièrement aux évènements qui touchent les minorités de ce pays. Et comme il a un savoir-faire, qui n’est plus à démontrer, il arrive, avec à sa magnifique écriture, à parfaitement harmoniser son intrigue policière, ses décors grandioses et ses révélations historiques.
Le résultat est un récit complexe mais passionnant. Je suis resté accroché aux pages, envouté par l’atmosphère, dans l’attente des révélations et du dénouement final. Un conseil, couvrez-vous et partez les yeux fermés sur les traces de la mystérieuse Inuite !
https://leslivresdek79.wordpress.com/2024/05/06/934-mo-malo-linuite/
Depuis le temps que je vois défiler des critiques de romans de Mo Malo, très élogieuses, il fallait que je me fasse ma propre idée.
Dans mon ignorance profonde, je le voyais en grand viking. Que nenni ! Il est né à Rueil-Malmaison et sa famille étant originaire de Saint-Malo, il s’est emparé de l’appellation pour se faire un pseudo.
Avant cela, il a écrit d’autres œuvres, sous le nom d’Emma Mars et Frédéric Mars (son vrai nom).
Sous ce dénominatif nordique, il a écrit une série de quatre livres sur les enquêtes de Qaanaaq Adriensen qui se déroulent au Groenland, puis s’est rapproché de ses racines en nous contant les investigations, sur trois tomes à ce jour, de la Breizh Brigade.
J’ai choisi de le découvrir, dans sa dernière parution « l’Inuite ». Retour sur son territoire de chasse préféré, le Groenland, il nous prouve son amour pour cette « île-continent » par de jolies descriptions de paysages, mais nous familiarise, surtout, avec la culture et le vocabulaire inuits.
Nous suivons, en début de roman, Paninguaq, une ténébreuse accoucheuse, une sanaji (une sage-femme itinérante). À cause de structures hospitalières insuffisantes et d’un habitat dispersé en petites localités, voire hameaux séparés de plusieurs centaines de kilomètres, notre jeune femme est très demandée. En ce mois de février 2021, elle est appelée à Kullorsuaq pour aider à l’accouchement de Nina, une toute jeune femme de 15 ans, qui donne vie à un petit garçon Ole. Sauf que l’on retrouve la parturiente égorgée avec un ulu (couteau inuit), qui a servi à couper le cordon ombilical. Curieux, surtout que son père Ole Eliassen avait été retrouvé mort, dans des conditions mystérieuses, neuf mois plus tôt. Les investigations sur ce nouveau meurtre échoient à Bjorn Western, un flic débonnaire et souriant et son fils Pitak. Non sans avoir reçu la pression de sa hiérarchie, suite aux recherches infructueuses sur l’affaire du père.
Dans ce même temps à Copenhague, Tim Osterman, un grand gaillard rouquin, de la cellule cold-case doit se débrouiller avec une affaire qui remonte au 10 avril 2011, jour de la mort de Johannes Fersen, directeur adjoint de la Croix-Rouge danoise. Et là aussi, menace de ses supérieurs, s’il échoue à retrouver le coupable, il finira dans un « service placard » au fin fond du Groenland.
Nos policiers sous pressions vont devoir unir leur force, car il va s’avérer que les deux enquêtes convergent. À l’origine, un fait historique réel, une histoire très peu glorieuse pour les autorités danoises. Au cours de l’été 1951, 22 petits enfants inuits (entre 6 et 10 ans) sont séparés sans ménagement de leur famille et placés dans des familles d’accueil au Danemark (Il faut vous dire que le Groenland a été une colonie danoise jusqu’en 1953, il a acquis son autonomie territoriale en 1979, mais reste constitutif du Royaume du Danemark.). Le pire visage du colonialisme, sous le prétexte d’un développement social et de modernisation, les enfants devaient être « rééduqués », « civilisés » selon le modèle danois. Acculturation tragique, car bon nombre de ces enfants ne seront pas restitués à leur famille d’origine et finiront dans un orphelinat à Nuuk (capitale du Groenland), leur vie brisée.
Cette déplorable expérimentation, base de l’ouvrage de Mo Malo lui confère une force indéniable. Un récit vraiment poignant, où s’étale le choc des cultures entre tradition et modernité. Un roman fort, porté par le personnage attachant de cette jeune sage-femme inuite, véritable trait d’union entre ces deux civilisations.
Pour ceux qui, comme moi, n’ont jamais lu cet auteur je vous engage à sauter le pas, pour les autres, il se dit que c’est son meilleur roman.
Tous mes remerciements à l’agence littéraire Trames et aux Éditions de La Martinière
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