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Je tiens à remercier Babelio ainsi que les éditions M.E.O. pour m'avoir donné la chance de découvrir Michel Joiret et l'opportunité de m'exprimer - sans doute longuement - sur « Chemin de fer ».
Michel Joiret est un auteur belge, romancier, poète, mais également essayiste dont la bibliographie compte pas moins d'une quarantaine d'ouvrages selon la quatrième de couverture. Amoureux de la langue française, Joiret possède une plume élégante qui lui confère le pouvoir de jouer avec les mots comme un magicien du verbe. Durant toute la lecture de « Chemin de fer », comme les trains qui pullulent dans les songeries de Valentin Duvalois, j'ai dû faire de nombreuses haltes pour noter des citations, des tournures de phrases et bien entendu quelques mots de vocabulaire que je maîtrisais mal.
Si l'on devait comparer ce roman à un voyage en train, force est de constater que celui-ci ne serait pas de tout repos. Conscient de la force de son style et de son érudition admirable, Michel Joiret emprunte régulièrement au fil de la narration des voies secondaires, des itinéraires bis durant lesquelles son personnage principal s'efface derrière l'histoire de la Belgique, le chocolat Côte d'or, le passé colonial de son pays, Brel, Gide ou la famille royale belge. Malgré ces secousses, ces « toucoutou toucoutou » hors du train Duvalois, l'histoire, à aucun moment, ne déraille. Valentin demeure, quoiqu'il arrive, le pivot central de « Chemin de fer » - à égalité avec le train bien entendu.
Tout commence comme une histoire en apparence banale, une situation familiale qui vole en éclats, des repères qui disparaissent et qui donnent lieu à une forme de nostalgie pour une époque au cours de laquelle le train électrique du personnage était un rempart à la dureté du monde réel. Cette nostalgie que l'on pourrait presque prendre pour de la monomanie, ne fera que grandir dans le cœur de Valentin, au gré d'une carrière professionnelle routinière, d'une vie sentimentale le plus souvent aux abonnés absents et d'une existence sans événement majeur. Une existence surtout dénuée du grand frisson du voyage ferroviaire qui l'habite depuis l'enfance, mais auquel il ne parvient pas à s'abandonner.
Lorsque le lecteur fait la connaissance de Valentin, celui-ci vit au rythme des départs et arrivées des trains une retraite solitaire dont vient le sortir parfois quelques rencontres, quelques échanges avec son ami Karim, l'épicier de la rue. Cette existence sans saveur et sans surprise semble lui convenir jusqu'à ce qu'une grève des Cheminots vienne bousculer ses certitudes. Commence alors un voyage, réel et onirique, entre passé et présent, entre espoir et regrets, une chevauchée dans sa propre existence qui ne s'avérera pas salutaire, mais lui ouvrira un nouveau champ des possibles, un nouveau départ qu'il pourra ou non choisir.
Magnifiquement illustré par un certain Martin Joiret (un lien familial avec l'auteur ?), « Chemin de fer » dispose d'un joli contenant pour un contenu plutôt appréciable non pour l'histoire, finalement assez convenue, mais pour le style singulier de Michel Joiret qui parvient, avec un matériau simple, à extraire de jolis moments de lecture, parfois noyés par quelques longueurs érudites. Mais peut-être faut-il en passer par là pour apprécier à sa juste valeur la plume de cet auteur…
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