"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
D’après le Times, Le meilleur thriller d’espionnage. Je ne suis pas fan de romans d’espionnage (je m’y perd entre les espions et les contre-espions), mais le côté thriller me tentait, sans oublier le fait que l’action se déroule dans la Syrie de Bachar el-Assad.
Les jeux d’espionnage et de contre-espionnage n’ont pas été trop difficiles pour moi (ouf, j’ai bien tout suivi).
J’ai aimé que l’auteur ne fasse pas la part belle aux américains : eux aussi se fond entourlouper par des espions russes ou syriens.
J’ai aimé le regard du personnage sur Bachar : un grand type dégingandé avec un long cou de girafe. J’ai trouvé la description assez juste.
J’ai détesté sentir l’omniprésence de la peur des syriens qui ne savent jamais quand ni qui va frapper à leur porte à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit.
J’ai adoré le personnage d’Artemis Aphrodite Procter, la chef du bureau de Damas,petite femme pleine d’énergie qui n’hésite pas à utiliser un vocabulaire fleurit pour dire ce qu’elle a à dire et faire part de ses émotions.
L’auteur étant un ancien de la CIA, j’ai appris que dans le bâtiment du QG aux Etats-Unis existait le seul distributeur de hot-dog du pays et que l’ambassade américaine de Damas avait été assiégée et avait reçu des fruits et légumes pourries.
Un roman qui montre le fonctionnement du pouvoir syrien : la famille el-Assad vous tient de quelque manière que ce soit ou vous laisse mourir de faim.
L’image que je retiendrai :
Celle de tasses de café qui explosent contre les murs quand les chefs ne sont pas contant, aussi bien du côté américain que russe.
https://www.alexmotamots.fr/mission-damas-david-mccloskey/
Ancien analyste de la CIA plusieurs fois basé au Moyen-Orient, David McCloskey met ses connaissances d’initié au service d’un premier roman d’espionnage placé sous l’égide de la peur en Syrie.
Nous sommes dans les premières années de la révolution syrienne, commencée en 2011 dans le contexte du printemps arabe. Le gouvernement de Bachar el-Assad réprime dans le sang les manifestations globalement pacifiques en faveur de la démocratie, jetant ainsi les rebelles dans les bras des intégristes et de la lutte armée. Alors que la terreur gagne le pays, l’agent de la CIA Sam Joseph échoue à exfiltrer l’une de ses collègues, qui meurt sous la torture dans les geôles du régime. Il est chargé de recruter une nouvelle source en la personne de Mariam, assistante au sein du palais présidentiel. Les manœuvres d’approche sont délicates, mais, en vérité restée en place par la seule peur de représailles sur ses proches, la jeune femme bien consciente des torts du régime se laisse d’autant plus rapidement convaincre qu’en dépit de toutes les règles de sécurité, une relation sentimentale naît bientôt entre elle et Sam.
Dans l’atmosphère tendue à l’extrême d’un pays au bord de la guerre civile, le gouvernement répliquant aux attentats rebelles à coups de gaz sarin, de massacres de civils et de torture de ses opposants, beaucoup se retrouvent coincés entre des choix impossibles. Partir ou rejoindre la rébellion, c’est condamner aux représailles la famille restée sur place. Rester et se soumettre, c’est vendre son âme au diable et vivre dans la terreur. Les proches du trône se retrouvent ainsi inextricablement liés malgré leurs états d’âme, et mis à part quelques fous dangereux pour encourager la cruauté sanglante du clan loyaliste syrien, appuyé en l’occurrence par les Russes, ce sont des personnages tout sauf manichéens qui se retrouvent ici aux abois, à jongler dangereusement entre les camps : autant de pain bénit ou, c’est selon, de fil à retordre, pour les services secrets des puissances étrangères, qui tentent de se prendre de vitesse les uns les autres dans une gigantesque et périlleuse partie de bonneteau.
Volontiers convaincu par l’expertise de l’auteur habitué aux coulisses de l’espionnage, qui plus est dans la région, l’on reste en revanche plus sceptique quant à la totale maîtrise d’un premier roman si riche en détails et détours qu’il arrive qu’on s’y enlise, le bavardage technique prenant alors le pas sur l’action. Heureusement la seconde moitié de l’histoire resserre le rythme autour de quelques bons moments de suspense, venant parachever l’intérêt de cette fiction largement construite sur l’expérience.
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