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La Téméraire est un beau récit, intrinsèquement beau. Par une langue belle et subtile, c’est une histoire d’amour et de courage que nous invite à lire Marine Westphal. Sali et Bartolomeo s’aiment depuis trente ans, lovés dans leur nid au cœur des Pyrénées. Mais lors d’une de ces quotidiennes promenades, Bartolomeo est victime d’un AVC. Le grain de sable enraye tout et le mari de Sali n’est plus qu’un légume déshumanisé. Sali, d’abord désemparée, ne peut se résoudre à la situation. Non, cela ne peut pas se finir ainsi. Alors, La Téméraire se réveille.
C’est très beau à lire, très fluide, très poétique et les phrases sont très bien construites. Le sujet est éminemment douloureux, délicat, voire glissant. Pas de jugement ici, ni de plaidoyer excessif pour la fin de vie, ni de pathos indigeste… C’est une histoire d’amour, dont les protagonistes sont confrontées à la maladie irréversible, se débattant dans des déchirements et des émotions insurmontables. Ne reste alors que le courage de l’amour. Bouleversant
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« J’ai aimé ma mère, follement. Je l’ai cajolée, protégée. Je lui chantais des comptines de couleur, bleue, ou rose selon l’humeur, pour la rassurer. Je l’épaulais lors de ses chagrins d’amour, j’assistais, déboussolée, à ses crises de manque. J’étais parfois la mère de ma mère… Pourtant, je l’admirais plus que quiconque, je ne l’aurais à aucun moment échangé contre une autre. Maman, elle n’avait pas peur de se bagarrer avec ses pieds et ses mains, ni de claquer la porte aux nez de ses amants. Maman, elle partait en pleine nuit faire la fête, elle m’emmenait dans des dîners de grands en plein Saint-Germain des Prés, à la Coupole ou au Flore, alors que nous vivions dans de petits appartements faits de bric et de broc. Ma mère était bohème. Elle était mon ciel et ma terre. Elle était mon Ode. Tout un poème. »
Un texte bouleversant sur la maladie et l'accompagnement des proches, mais aussi une ode à l'amour
Entrelacement de mots et d'émotions qui se mêlent en une danse folle...
Roman qui se finit en une danse folle où la vie reprend le dessus. Ode magnifique montrant la force éternelle et surdimensionnée du vrai amour..
J’ai reçu une claque avec ce livre.
Sali et Bartoloméo dit Lo Meo, un couple qui a su garder et faire grandir leur amour. Ils se tiennent par la main depuis trente années. Pourtant l’irréparable arrive par le biais d’un AVC de Lo Méo lors d’une randonnée dans les Pyrénées avec son ami, son poto.
Bien sûr, comme disent les médecins, il est vivant, mais le verdict tombe, dommages irréversibles, débrouillez-vous avec cela. On le ramène chez lui, se retrouve dans un lit médicalisé qui encombre le salon. LUI, le vivant, le roc, le socle, le chêne, le voici devenu légume, poireau flétri par le gel.
« Un lit au centre du salon, un matelas aux bourrelets tendus d’air, un homme en pyjama au mois d’août, allongé. Est-ce qu’il dort, je l’ignore. Sali veille. »
Sali est là, passe ses journées à ses côtés, assise dans le fauteuil, témoin de tant de bonheur, se refusant toute autre activité, même se laver les cheveux. Elle y vit, y campe.
« Le corps d’une femme disparait dans un volumineux fauteuil aux gros boudins de bras, baptisé Goliath. Le genre confortable et crevé d’avoir trop servi. »
Suite à une phrase d’Olga, l’infirmière à domicile, un jour l’idée germe dans l’esprit de Sali, d’emmener une dernière fois Lo Meo à son « jardin », qu’il s’éteigne sur son tapis de mousse la face vers le paysage qu’il admire tant et où ils aimaient aller.
« Car elle avait un but, un incroyable objectif qui mobilisait toutes ses pensées et des forces : ne pas le laisser crever là, lui qui aimait tant l'impolitesse du vent et les grands espaces »
« L’endroit était si pur que les astres semblaient se pencher sur la Terre et sur ses colonisateurs bornés, l’altitude rendais les étoiles grosses comme des galets, presque palpables. Allongés sur la mousse, une nuit d’été, Sali et Lo Meo s’étaient amusés à les collectionner entre le pouce et l’index réunis en pincette, bras tendus, bouches béantes, émerveillés devant l’espace infini. Puis ils avaient entrelacé leurs dix doigts ».
« Sali voulait juste le porter là-bas, lui offrir ce voyage ».
Ainsi, elle est devenue la Téméraire, celle qui se cachant de tout le monde a porté, au sens littéral du mot, Lo Meo vers leur jardin, son jardin. C’était leur moment, le dernier, l’ultime, à tous les deux. Une fois les yeux de son mari fermés définitivement, elle prévient ses enfants.
Maïa, habite loin de chez ses parents, depuis l’annonce de l’AVC, elle se soûle la nuit et emmène des mecs chez elle, juste pour se sentir vivante et retarder l’apparition de la bête, de la mort. Quant à Gabin, resté proche, il est là, se tient pas trop loin de sa mère, passe tous les jours.
Marie Westphal a mis des mots, des phrases sur mes peurs, sur MA peur, sur mon cauchemar ; voir mon mari partir avant moi, victime légumière d’un AVC. Avec ses mots, ses phrases, son écriture lumineuse, précise, ses descriptions poétiques sur la nature, elle a trouvé les mots justes, les phrases intenses pour parler de la fin de vie. Nonobstant l’émotion qui m’a submergée, j’ai aimé la façon dont l’auteure s’est emparée du sujet. C’est un premier roman maîtrisé et abouti.
Merci Marie Westphal.
Ce livre fait partie des 68 Premières fois et c’est un coup de cœur, même un coup dans l’estomac.
Téméraire, Sali va l’être.
Par respect pour Lo Meo, le grand amour de sa vie.
Le bel homme élégant et plein d’énergie, terrassé par un AVC.
Témérité après de longs jours suspendus au souffle du malade, sans répit, sans repos.
Et il en faut de la hardiesse pour entreprendre et s’entraîner seule, en cachette, l’impensable qu’elle estime être l’indispensable.
Une histoire bouleversante, pleine d’une belle humanité : une histoire d’amour qui dure une vie entre Sali la lunaire et Lo Meo le solaire ; Maïa et Gabin, les enfants qui essaient de se construire au sein de cette passion, ou malgré elle ; Olga, l’aide-de-vie attentive et brusque qui respecte le choix de Sali.
Une écriture travaillée, soignée, peut-être parfois trop. En effet les phrases longues, compliquées, syncopées ont parfois nui à la fluidité de ma lecture : « A voix basse, Maïa vomit une poêlée d’injures à l’intention de son frère et lança un regard furibond à la vieille dame en Clarks Hamble Oak et mi-bas se trouvant malencontreusement au même niveau sur le trottoir. »
Et pourtant, les mots sont parfois bouleversants : « … Gabin pensa s’effondrer mais se surprit à respirer plus largement qu’auparavant. Il aspirait enfin l’essence de son père, sa force, sa fierté, sa confiance. Il se tourna vers sa mère et la prit dans ses bras. »
Une histoire forte, racontée avec des mots tricotés en torsades compliquées, que j’ai eu plaisir à lire.
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