Des incontournables et des révélations viendront s'ajouter à cette liste au fil des semaines !
Je n'avais jamais osé me lancer dans cette lecture, moi qui n'y connais rien en économie. Mais quand j'ai appris qu'il était sortie une adaptation en manga, je me suis dit : pourquoi pas.
Je ne regrette pas cette lecture.
Certes, on est loin d'une présentation de concepts, mais j'ai aimé que le fonctionnement du capitalisme me soit expliqué de façon compréhensible à travers un exemple d'entreprise.
Certes, la dernière page est très orientée politiquement, mais tout le manga met à plat le fonctionnement de l'économie capitaliste, et c'est ce que j'en attendais.
Pour adapter en manga le grand classique Le Capital de Karl Marx, Hiromi Iwashita nous emmène au Royaume-Uni, au XIXe siècle.
Dans un petit village, Roy un jeune boulanger vit modestement mais heureux. Il veut faire des économies pour pouvoir agrandir sa boulangerie. Sa belle fiancée Claire vient d’être embauchée dans la filature de textile qui s’apprête à ouvrir.
Jusque-là, les villageois vivaient dans une société fondée sur les échanges, mais les temps deviennent difficiles pour le peuple depuis ces innovations sociales portées par Napoléon après la Révolution française avec ce concept de propriété privée. Difficile, par exemple de trouver du bois pour se chauffer. Non seulement la forêt, mais aussi la rivière, les terres, tout appartient ici à un certain Gordon qui tient ainsi les villageois en dépendance. Roy s’insurge contre ce système qui les réduit en esclaves de l’argent.
Il se dit que quiconque parvient à mettre la main sur de l’argent peut inverser les rôles et se promet de le faire pour enfin mettre Gordon à ses pieds ! Un rêve !
Au travail, Claire découvre non sans surprise que son patron n’est autre que Oscar, un ami d’enfance. Il est devenu un grand capitaliste à la tête de trois filatures et va proposer à Roy de s’associer à lui. Ce dernier accepte, prêt à tout pour pouvoir terrasser le monstre, à n’importe quel prix…
Ainsi, la petite fabrique créée par Roy va se développer en même temps que le capitalisme et provoquer de véritables bouleversements.
Hiromi Iwashita développe une intrigue bien maîtrisée et menée efficacement pour tenter de résumer cet ouvrage majeur qu’est Le Capital, du philosophe et théoricien de l’économie politique allemande Karl Marx et expliquer les grandes lignes de ce courant de pensée politique, philosophique, sociologique et économique.
La qualité graphique du manga est magnifique, les décors sont bien rendus et les visages des protagonistes très expressifs. Quant aux paysages, qu’ils soient agricoles ou industriels, ils sont toujours très réalistes. De plus, quelques schémas explicatifs permettent de mieux assimiler les idées et les onomatopées utilisées à bon escient agrémentent judicieusement la compréhension.
Seul bémol, j’ai eu, de rares fois, du mal à différencier Oscar de Roy.
Le mangaka réussit avec cette adaptation librement inspirée du Capital de Karl Marx à expliquer de manière romanesque et simplifiée, la théorie du philosophe qui permet l’exploitation du travailleur et la création de la plus-value et de bien différencier le capital constant et le capital variable.
C’est grâce à ma petite-fille, Emma, et je l’en remercie, que j’ai découvert cette collection Kuro Savoir, « une collection inédite pour expliquer les grands concepts philosophiques en manga ». Car, si le manga est avant tout un divertissement, il peut être aussi un formidable outil de transmission, la preuve en est.
Je ne peux que recommander celui-ci à des jeunes et moins jeunes, tous et j’en fais partie, même s’ils connaissent les grandes lignes du marxisme n’ont, je pense, pas lu le texte original.
Et quoi de plus agréable que de s’instruire en se distrayant...
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/-11
Louis Althusser, qui a formé des générations de philosophes à l’ENS, intellectuel marxiste affirmé, trouvait que la première section du capital était délicate d’accès et ne pouvait être pleinement comprise qu’après la lecture de ce qui suivait.
Esprit de contradiction (ou de l’affirmation de l’économiste – apprentis - que j’étais il y a presque un demi-siècle …) j’ai commencé par le début, … comme Marx l’avait d’ailleurs proposé.
Et « le caractère fétiche de la marchandise et son secret » qui a été réédité par les éditions Allia (en 2018 et que viens de trouver toujours dans la sympathique librairie Regain de Reillanne dans le 04) fait partie du Début du livre I du capital et plus précisément le chapitre 4 de la section 1 (du Livre1) :
1- Marchandise et Monnaie (distinguant notamment valeur d’usage et valeur d’échange, …)
2- Le double caractère du travail présent dans la marchandise
3- Les formes de la valeur
4- Le caractère fétiche de la marchandise
Si les premiers développements peuvent effectivement avoir des éléments théoriques plus ou moins complexes (mais essentiels à la compréhension de la pensée de Marx), « le caractère fétiche … » (tout à fait lisible) précise notamment que
• Le caractère trivial d’une marchandise « au premier coup d’œil » et en fait bien plus complexe (développé dans les points 1-2-3) et ne provient pas de sa « valeur d’usage », ni « des caractères qui déterminent la valeur » ;
• « le caractère énigmatique du produit du travail, dés qu’il revêt la forme d’une marchandise » provient « de cette forme elle-même » ;
• « la forme valeur et le rapport de valeur des produits du travail n’ont absolument rien à faire avec leur nature physique. C’est seulement un rapport social déterminé des hommes entre eux qui revêt ici pour eux la forme fantastique d’un rapport de choses entre elles. » pp 11-12
• « c’est seulement dans leur échange que les produits du travail acquièrent comme valeur une existence sociale identique et uniforme, distincte de leur existence matérielle et multiforme comme objets d’utilité. » p 13
• Et donc … « La détermination de la quantité de valeur par la durée de travail est donc un secret caché sous le mouvement apparent des valeurs des marchandises ; …. C’est seulement l’analyse du prix des marchandises qui a conduit à la détermination de leur valeur quantitative, et c’est seulement l’expression commune des marchandises en argent qui a amené la fixation de leur caractère valeur. Or cette forme acquise et fixe du monde des marchandises, leur forme argent, au lieu de révéler les caractères sociaux des producteurs, ne fait que les voiler. » , pp 17-18
• Et alors … « Si … nous envisageons d’autres formes de production, nous verrons disparaitre aussitôt tout ce mysticisme qui obscurcit les produits du travail dans la période actuelle. » p 19 (nous sommes dans la deuxième partie du XIXème siècle)
Cela dit (écrit), la fin du Livre 1 du capital : « Section VIII : L’accumulation primitive » est passionnante ! et qui bien que commençant par
« Nous avons vu comment l'argent devient capital, le capital source de plus-value, et la plus-value source de capital additionnel. Mais l'accumulation capitaliste présuppose la présence de la plus-value et celle-ci la production capitaliste qui, à son tour, n'entre en scène qu'au moment où des masses de capitaux et de forces ouvrières assez considérables se trouvent déjà accumulées entre les mains de producteurs marchands. Tout ce mouvement semble donc tourner dans un cercle vicieux, dont on ne saurait sortir sans admettre une accumulation primitive (previous accumulation, dit Adam Smith) antérieure à l'accumulation capitaliste et servant de point de départ à la production capitaliste, au lieu de venir d'elle.
Cette accumulation primitive joue dans l'économie politique à peu près le même rôle que le péché originel dans la théologie. Adam mordit la pomme, et voilà le péché qui fait son entrée dans le monde. On nous en expliqué l'origine par une aventure qui se serait passée quelques jours après la création du monde.
Elle développe l’histoire de cette accumulation et de la structuration du capitalisme … et de son besoin de « travailleurs libres mais contraints » (pour entrer dans un rapport de salariat) avec notamment les expropriations des paysans et les workshop …
Au final, lire la fin et le début de certains livres est une assez bonne façon de flirter avec un auteur !
Accessoirement … comment faire une chronique longue sur un très court texte !
"La valeur ne porte pas écrit sur le front ce qu'elle est". La valeur est différente que l'on soit Robinson Crusoé sur une île déserte ou que l'on se trouve dans une société humaine.
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