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Des voisins qui vous pourrissent la vie
Le nouveau roman de Jean-Pierre Poccioni est un petit bijou qui part d'une situation idyllique pour se terminer sur un drame. Un incident avec des voisins irascibles va prendre une ampleur inédite et conduire Bruno, son épouse Valérie et leur fils Valentin dans un engrenage dont ils ne pourront s'extirper. Une mécanique implacable.
Quand on investit dans un appartement ou dans une maison, on fait toutes sortes de diagnostics, on étudie l'emplacement, l'environnement, les infrastructures et les services à proximité, mais on oublie fréquemment un élément qui est pourtant capital, les voisins.
Ce savoureux roman de Jean-Pierre Poccioni nous le rappelle fort à propos. Dans les chapitres initiaux, on fait la connaissance de Bruno Mancini, de son épouse Valérie et de leur fils Valentin. Tout va bien pour eux, merci. Quand le père de famille est convoqué par son patron, c'est pour lui annoncer qu'il est pressenti pour intégrer une équipe pluridisciplinaire chargée d'un programme aussi vital que secret. En échange d'un déménagement vers ses nouveaux bureaux, on lui offre un pont d'or. Valérie, qui est clerc de notaire, n'aura aucun mal à trouver une nouvelle étude avec la recommandation de son actuel patron (qui se satisfait de son départ, car il entend offrir la place à sa fille). Et Valentin accueille également la nouvelle avec plaisir, car il est victime de harcèlement scolaire.
Aussi le jour où Valérie découvre Le moulin rouge, une vaste propriété entourée d'un grand parc, tout le monde se réjouit d'emménager dans ce paradis sur terre. Valentin peut même aller choisir dans un refuge le chien que son père lui a promis. Avec Sam, ils vivent désormais des jours idylliques dans leur beau domaine.
Mais un soir, en rentrant chez lui, Bruno voit un molosse surgir devant sa voiture et demande à Méline, sa jeune voisine de faire attention. En guise de réponse il a droit à un doigt d'honneur accompagné d'insultes. Mais jugeant l'incident mineur, il ne dit rien. Deux jours plus tard, il voit une Valérie furieuse débouler. Elle a été arrêtée par Christelle Leflaive, la mère de Méline, qui lui a demandé pourquoi son mari s'était « permis d’agresser sa fille dont la seule faute était de promener son chien ? Pourquoi l’avait-il traitée de petite conne ? Pourquoi l’avait-il menacée d’une bonne correction en cas de récidive ? »
Fort heureusement Bruno parvient à la calmer et à prouver sa bonne foi. Mais il n'est qu'au début d'un processus qui entend lui faire regretter son comportement et son achat immobilier. Les arbustes plantés autour des clôtures de la propriété sont imprégnés de produits chimiques qui les font mourir. Puis viendra ce soir tragique où Valentin découvrira son cher Sam étranglé.
Le jugement des gendarmes sur cette affaire est implacable. Les coupables sont « des fous furieux, des personnes hermétiques à tout raisonnement et pire encore indifférentes aux calamités qu’ils attiraient sur eux. »
Bruno décide alors de suivre le conseil du pédopsychiatre conseillé pour Valentin, il va partir loin en vacances.
Un séjour du côté de Monte Alba qui sera doublement bénéfique. Leur moral s'améliore nettement et le clan familial prend l'affaire en charge. Bruno est sceptique, mais laisse faire. Il ne sait pas que le service rendu exige une contrepartie.
Le roman bascule alors du drame de voisinage dans le thriller sur fond d'espionnage et de dissimulation, de relations factices à une prise de risques de plus en plus élevée. Mais que ne ferait-on pas pour protéger les siens ? C’est sans doute la question essentielle que pose ce roman construit sur une mécanique implacable. Il suffit d'y mettre le doigt pour se faire broyer, mais presque sans que l'on ne s'en rende compte. C’était du reste aussi le cas dans son précédent roman, Venise à l’heure du Spritz dans lequel un couple se dispute puis ira jusqu’à se séparer.
Ceux qui suivent les éditions Serge Safran seront heureux d’apprendre que ce roman est le premier à paraître au sein des éditions Héliopoles sous le label « collection Serge Safran ». Après 40 années chez Zulma puis sous son nom, Serge Safran a réussi ainsi à pérenniser son catalogue, mais aussi à poursuivre son métier, sa passion. Bravo et bon vent !
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici ! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre et en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
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« Pour qui n’a pas le pied marin Venise enseigne par la pratique du vaporetto l’art d’embarquer imperceptiblement ».
L’incipit est un billet en partance pour Venise. Dans l’orée d’un été en advenir « Venise à l’heure du spritz » est crucial pour celui, celle, qui désire visiter Venise. Il devrait être conseillé dans tous les guides de voyage, tant il est précieux et éclairant.
Jean-Pierre Poccioni aime Venise et l’on ressent d’emblée un fin connaisseur de cette ville, de chaque ruelle, jusqu’au plus secret enfoui ou à peine voilé. Ombres furtives, mouvements et palpitements, la culture en diapason. Venise est ici dans une mise en lumière remarquable, romancée et qui prend vie subrepticement.
Paul Manonni est à Venise avec sa femme Sylvie. Ce dernier est en voyage d’affaire. Il a un but. Une déambulation dans Venise afin de rassembler l’épars, trouver des pistes pour son scénario. Narrateur de ce récit, il fige les lieux et les vestiges. L’écriture est une image qui prend vie. On est en transmutation. « Sais-tu que tu perçois toujours autre chose dans ce que tu regardes. En es-tu conscient ?
Entrelacs dépaysants, l’ambiance du livre est posée. Entre l’impression exotique d’une lecture documentée et le mélodrame qui va advenir, ce livre est une ode aux réflexions, aux cheminements intérieurs et à leurs conséquences qui surviennent immanquablement.
Paul Maronni va se disputer avec sa femme. On a l’impression d’une femme empreinte de bovarysme, qui s’ennuie beaucoup. Son mari est trop occupé dans sa quête d’un scénario prometteur. Les futilités sont des débordements. Paul quitte Sylvie sans signe avant coureur. Sans aucun retour en arrière, en plein voyage, le désarroi sera peut-être insurmontable.
Il prend le premier vaporetto et se rend au cimetière San Michèle. Il va rencontrer fortuitement une jeune femme Fiorella, photographe qui le fige dans son appareil photo devant la tombe de Stravinsky. Serait-ce pour garder au fond d’elle cet instant où Paul se recueille ou pour une autre raison. L’aura sublimée d’un homme en pleine méditation.
Ils vont faire plus ample connaissance et déambuler ensemble. La connivence et l’amour d’un même lieu. Une impression de complicité. Une ville qui accroche les passants. Les îles aux alentours comme des appels d’air. La transmutation spéculative. Le réenchantement par la force du méconnu entre deux êtres qui viennent de se regarder pour la première fois.
Mais Paul se demande au fond de lui-même où est Sylvie. Si elle est partie en France ou s’il retrouvera sa femme au café où ils font toujours en rythme pavlovien à l’heure du spritz. Il doute et c’est tant mieux. Sylvie est partie avec Ludivico Manin qu’elle a croisé lors d’une exposition au Florian. Que se passe-t-il donc entre tous ces êtres ? Serait-ce le magnétisme d’une ville qui n’a pas dit son dernier mot et qui attise les braises ?
Le roman est une gondole à Venise. Entre les sentiments et les défaites, les désillusions et les espoirs, les êtres, ici, ont le syndrome de Stendhal. Venise est magnétique, insistante et maîtresse-femme. Il y a le rythme fou des possibilités. Les hôtes des pages quêtent dans cette beauté aux mille couleurs ce qui manque pour l’accomplissement de leur idéal, jusqu’au vertige.
C’est un roman initiatique, dramatique, profondément humain. Ce serait comme un choc. Venise et ses pouvoirs, une ville où la poésie semble l’éveil des âmes. L’appel à l’amour et aux résiliences.
« Un spritz ? Lui dis-je ».
Un roman sentimental de haute voltige. Publié par les majeures Éditions Serge Safran éditeur.
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