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Voici enfin la conclusion de cette série du grand Jean-Pierre Gibrat.
Si je ne parle que de cet album, je dirai que je le trouve assez sympa, ça conclue assez simplement toute cette histoire. Les personnages sont forts en caractères, les femmes sont brillantes et magnifiques.
La saga s'achève au début des heures sombres de l'histoire de la France pendant cette 2nde guerre mondiale. Pas beaucoup d'espoir, le moral n'est pas au beau fixe.
Enormément d'humanité, d'histoires dans l'Histoire. La guerre, les relations entre les personnages, les dialogues voire même les non-dits. Tout ça est bien présent.
Il serait idéal de pouvoir lire ou relire toute la saga d'une seule traite.
Que nous réserve JP Gibrat pour la suite ?
A l'occasion de la parution du tome 6, dernier de la série, j'ai relu tous les tomes de Mattéo pendant le week-end. Quelques heures de lecture donc! Le tome 1 met bien en place la petite vie tranquille du héros de l'histoire dans le sud de la France près de Collioure et celle de Juliette, la fille dont il est amoureux. Il s'engage au côté de son pays d'adoption pour briller aux yeux de sa belle alors qu'en tant qu'étranger, il n'y était pas obligé. Un bon opus, de beaux dessins (j'adore Jean-Pierre Gibrat), un scénario intéressant. J'ai préféré Le sursis et surtout Le vol du Corbeau mais cette série se laisse lire. Elle reprend l'histoire européenne de 1914 à 1940 à travers les yeux de Mattéo, dont les parents espagnols avaient émigré en France.
Dernier volume de la saga de Jean-Pierre Gibrat, ce "Mattéo", sixième
époque, vient clore une épopée qui a débuté en 1914. On aura donc suivi
ce personnage de la Première à la Seconde guerre mondiale...
Mattéo est atypique, pacifiste, embringué un peu malgré lui dans des
conflits qui le dépassent, sujet à des passions dévorantes... On le
retrouve à Collioure, emprisonné dans la Citadelle, pas pour longtemps.
Libéré, il retrouve son vieil ami Paulin puis décide de partir à la
recherche de son fils, Louis, engagé et prisonnier à Sedan.
Retrouver Mattéo mais aussi Juliette, Amélie est un plaisir, un peu
particulier puisque c'est la dernière fois. L'émotion est bien présente
et les pages tournent jusqu'à une fin qui vient trop vite, silencieuse
et finalement ouverte.
Le plaisir de retrouver le dessin de Gibrat est toujours là lui aussi.
Des ambiances inégalables, des décors, les personnages identifiables, le
trait fin et délicat, les couleurs ... C'est Gibrat !
Voilà, c'est fini... Si tu découvres cette série, tu as l'occasion en 6
tomes de découvrir un personnage attachant qui traverse une époque
historique bien particulière. Une épopée humaine indispensable.
Une petite musique mélancolique
Amélie et Mermoza partis à bord de l’avion de ce dernier pour effectuer des relevés topographiques dans une zone où s’affrontaient phalanges franquistes et Républicains n’étaient pas rentrés de mission à la fin du quatrième volume de Mattéo et leur sort était resté en suspens tandis que le héros éponyme s’était installé chez le notable du village, Don Figueras. Le cinquième tome nous apporte des réponses et, formant diptyque avec le précédent, conclut superbement l’épisode de la guerre civile espagnole en narrant les aventures de nos héros de septembre 1936 jusqu‘à la retirada de janvier 1939.
Depuis le début de la série, Jean-Pierre Gibrat alterne entre des tomes qui couvrent une longue période (14-18 pour le tome 1, la révolution bolchevique pour le 2 et la guerre espagnole pour le 5) et des moments beaucoup plus courts (15 jours en 1936 pour le tome 3 et quelques semaines pour le 4) et il profite de ces différents tempos pour installer les petites histoires des protagonistes dans la grande Histoire…
Ce tome 5 se déroulant dans un quasi huis-clos, le village d’Alcetria, a déjà des allures de conclusion. Sous le soleil plombant espagnol, les espoirs politiques se délitent, les personnages des premiers volumes se retrouvent pour mieux se perdre et c’est le tome des révélations sans happy end. Les relations s’étoffent et acquièrent une vraie densité. Pourtant, Gibrat n’a jamais été aussi peu disert que dans ce volume : il laisse place à toute l’expressivité de son dessin en nous proposant des doubles pages muettes et de nombreuses vignettes de visages en gros plan en champ contrechamp dans lesquelles les regards et les expressions extrêmement travaillés en disent beaucoup plus que de longs discours. Il fonctionne par litote en montrant par exemple la belle Amélie, ex-otage des phalangistes, préférer un Mauser à sa sacoche d’infirmière. L’auteur ne tombe jamais dans la grandiloquence ni dans le pathos. Soit il manie l’ironie (le sentimentalisme des retrouvailles entre Amélie et Matteo quand elle lui tombe dans les bras au moment de l’échange est immédiatement mis à mal par la scène quasi identique dans laquelle le curé abattu finit dans les bras du général) soit il pratique l’art de la retenue. Il use de l’ellipse et de la symbolique aussi comme dans ces grandes cases symétriques dans lesquelles Robert part à la conquête de Saragosse, la fleur au fusil, par une belle journée d’été pour revenir battu et dépité deux pages plus loin – et quelques mois plus tard- à Alcetria un soir d’hiver enneigé.
Dans cette œuvre très construite, le long monologue de Matteo comme la phrase gimmick d’Aneschka « là y a pas rien » acquièrent une valeur particulière, presque musicale : en devenant point d’orgue et variations. La légèreté initiale se mue en gravité. Petit à petit l’étau se resserre autour des héros : c’est la débâcle historique et la déroute des sentiments. On est loin du « pessimisme sifflotant » des premiers tomes et les confrontations acquièrent ici une grandeur tragique. Gibrat, au sommet de son art, ne semble rien laisser au hasard : le moindre détail est signifiant et ce qui apparaissait comme une digression s’avère finalement capital. On ne sera pas surpris d’apprendre qu’il a en tête le scénario du tome 6 - dont il a déjà écrit la dernière réplique - qui réorchestrera toute la petite musique mélancolique de la série.
« Matteo » est une somme et une œuvre rare dans la bande dessinée parfaitement orchestrée scénaristiquement et splendide graphiquement…déjà un classique dont on attend, avec une impatience mêlée de tristesse, le dénouement.
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